Les étudiants supportent de plus en plus mal le maintien d'un système d'enseignement trop étroitement calqué sur celui de l'ancienne métropole. Un assouplissement du régime des examens, une modification des programmes, un plus large appel à la civilisation et à la langue malgache sont devenus indispensables.

Mais la coopération culturelle franco-malgache n'est pas seule en cause. C'est l'ensemble des accords conclus entre Madagascar et la France qui nécessite une révision. La présence de plus de 4 000 soldats français en garnison à Tananarive, Antsirabé, Diégo-Suarez (légion étrangère et marine) et Ivato (aviation) est de plus en plus ouvertement critiquée, ainsi que celle de plus de 2 000 assistants techniques.

Le monde paysan souffre de la stagnation du commerce extérieur, explicable en partie par la chute des cours des denrées tropicales. La population urbaine est éprouvée par le chômage et par une inflation qui entraîne un grave renchérissement du coût de la vie.

Enfin, localement, des mouvements revendicatifs continuent de se développer : dans le Sud, où la jacquerie de mars 1971 a entraîné une sévère répression ; dans le Vakinankaratra ; dans la région d'Antsirabé, où se manifeste un mouvement de libération du peuple partisan de l'action violente ; à Tananarive même où la population reste irréductiblement opposée à Philibert Tsiranana et n'a trouvé que partiellement satisfaction dans l'accession du général Ramanantsoa, Mérina de haute caste, au premier plan de la scène politique.

Trêve

L'armée, qui représente la bourgeoisie mérina, semble ne pas avoir d'autre souci que de limiter les dégâts. Cinq semaines après les émeutes, des mesures de libéralisation sont prises. Le général Ramanantsoa met en congé l'Assemblée nationale et le Sénat, et fait libérer André Resampa, ancien vice-président, Monja Joana, chef du Monima, Régis Rakotonirima, membre du Mouvement de libéralisation du peuple, et de nombreux prisonniers politiques. Une révision des accords de coopération franco-malgache est annoncée. Les rapports avec Pretoria sont révisés. Ces premières mesures calment un moment les esprits. Mais, le 24 juin, la tension reprend. Le KIM (rassemblement des étudiants, ouvriers et paysans) appelle à manifester pour demander la dissolution du Parlement et la suppression des bases étrangères. Le 25 juin 1972, le général Ramanantsoa interdit toute manifestation et affirme qu'il n'hésiterait pas à proclamer la loi martiale si le besoin s'en faisait sentir.

Malawi

4 550 000. 38.
Économie. PNB (69) 62. Énerg. (*69) : 41. C.E. (69) : 19 %.
Transports. (*69) : 54 M pass./km, 152 M t/km. (*69) : 9 900 + 6 700. (*69) : 20 555 000 pass./km.
Information. (69) : *105 000. (65) : 1 900 fauteuils. (69) : 11 437.
Santé. (67) : 95.
Éducation. (68). Prim. : 333 876. Sec. et techn. : 10 904. Sup. : 788.
Institutions. État indépendant le 6 juillet 1964. République proclamée le 6 juillet 1966. Constitution de 1966. Président de la République et Premier ministre : Dr Hastings Kamuzu Banda, investi par le Parlement le 20 mai 1966.

Un défi

Mettant en accord ses déclarations et ses actes, le Dr Hastings Kamuzu Banda, partisan résolu de l'ouverture d'un dialogue avec la République sud-africaine, nomme en août 1971 un ambassadeur à Pretoria ; il s'y rend ensuite en visite officielle pour cinq jours. Défiant l'Organisation de l'unité africaine, mais condamnant avec vigueur l'apartheid, le président du Malawi se pose auprès de B. J. Vorster en médiateur entre les différentes races d'Afrique.

L'événement est sans précédent, et ce n'est pas le moindre des paradoxes que le leader noir ait été applaudi à plusieurs reprises par des étudiants sud-africains blancs à l'occasion des discours qu'il prononça, notamment à l'université de Stellenbosch. Cependant le désir de H. Banda de provoquer la convocation d'une conférence des chefs d'État africains, comme lui favorables au dialogue avec B. J. Vorster, reste sans lendemain. Le seul résultat concret de cette visite est la venue en voyage officiel à Blantyre, en janvier 1972, de Jim Fouche, président de la République sud-africaine.