Afrique

Algérie

14 770 000. 7. 3 %.
Économie. PNB (63) 248. Production (*69) : A 94. Énerg. (*69) : 470. C.E. (63) : 28 %.
Transports. (*69) : 953 M pass./km, 1 344 M t/km. (*69) : 121 200 + 70 800. (*69) : 417 515 000 pass./km.
Information. (68) : 4 quotidiens ; tirage global : 185 000. (69) : *700 000. (69) : *100 000. (67) : 159 100 fauteuils ; fréquentation : 28,7 M. (69) : 169 188.
Santé. (66) : 1 356.
Éducation. (68). Prim. : 1 585 682. Sec. et techn. : 177 382. Sup. : 10 681.
Institutions. État indépendant le 3 juillet 1962. République proclamée le 25 septembre 1962. Constitution de 1963. Président du Conseil de la révolution et chef de l'exécutif : colonel Houari Boumediene, auteur du coup d'État qui renverse Ben Bella le 19 juin 1965.

L'économie prête à décoller

1962-1972 : l'Algérie fête le dixième anniversaire de son indépendance. Comment s'établit le bilan de cette décennie ? Trois grandes lignes de force caractérisent les efforts accomplis : la nationalisation de la production pétrolière, la naissance d'une industrie et la réforme agraire.

Formulée dès 1962 dans le programme de Tripoli avec la formule « Le village, les paysans, voilà notre révolution », l'autogestion est apparue peu après. 235 000 travailleurs, dont 135 000 permanents (sur les 1 375 000 du secteur agricole), ont pris en main, eux-mêmes, les terres de colonisation ; 1 873 domaines, soit 2 millions d'hectares, 60 % de la production, la majeure partie des exportations agricoles et une bonne partie du marché intérieur.

Réforme agraire

Les résultats étant contestables, le problème de la réforme agraire semblait oublié : il fallait régler l'affaire du pétrole, lancer l'industrie, liquider les liens spéciaux avec la France. Cependant les spécialistes de la direction du Plan travaillent et, le 8 novembre 1971, le président Boumediene signe le décret de réforme agraire et sa mise en application commence aussitôt.

– Son but : assurer une répartition efficace des moyens de production agricole, donc de la terre, transformer les conditions de vie et de travail des paysans.

– Son impact : les deux tiers de la surface cultivable, 1 100 000 travailleurs faisant vivre plus de 5 000 000 de personnes, soit 35 % de la population algérienne.

– Les nationalisations : toutes les terres de propriétaires absentéistes dépassant 0,5 hectare en terres irriguées, 5 en terres sèches, 20 palmiers-dattiers, et toutes les propriétés dont le revenu dépasse le triple du salaire d'un travailleur agricole en entreprise autogérée. Les propriétaires ayant droit à une indemnisation la recevront sous forme de bons du Trésor à long terme.

– Son mécanisme : toutes les terres nationalisées transférées à un Fonds, deviennent propriétés de l'État, inaliénables, incessibles, insaisissables. Elles sont réparties, sous l'égide d'une Commission nationale dotée d'un budget, par les assemblées populaires communales ou les assemblées populaires des villayates, élues, les premières depuis 1967, les secondes depuis 1971.

– Ses bénéficiaires : les paysans pauvres, sans terre ou n'en ayant pas assez pour vivre, ceux qui exploitent en khammès (4/5 de la récolte à l'exploitant, 1/5 au propriétaire).

– Son caractère socialiste : les terres sont nommément attribuées, mais les bénéficiaires doivent se grouper en coopératives de service qui déboucheront, ultérieurement, sur des coopératives de production, l'évolution se faisant sous l'impulsion de la Commission nationale.

Il s'agit d'un texte souple. L'Algérie a tenu compte des échecs de la politique de Ben Salah en Tunisie. Mais il doit, si l'application suit, bouleverser les structures de la société algérienne.

L'application doit rencontrer de sérieuses oppositions : les 500 propriétaires de plus de 500 hectares, les 16 000 de plus de 50 hectares qui, à eux seuls, disposent de 25 % de la surface cultivable. Cette nouvelle bourgeoisie foncière se défend : partages fictifs entre membres de la famille, refus d'ensemencer, vente de bétail, propagande de bouche à oreille d'autant plus aisée que le pays n'a pas de cadastre et que cette bourgeoisie a ses représentants aussi bien dans l'administration qu'au sein du FLN.