Trois des quatre meurtriers présumés ont été abattus sur place et le quatrième, affirme la police, s'est volontairement donné la mort. Un groupe d'émigrés zanzibari, réfugiés politiques dans la principauté de Dubaï, revendique cet assassinat, mais nul ne peut établir avec certitude quelles sont leurs responsabilités. Le 13 avril, Aboud Jumbe succède au cheikh Abeid Karume.

La situation politique est en fait très confuse à Zanzibar ; l'île a théoriquement uni son destin à celui de l'ancien Tanganyika, mais continue à mener une existence propre. Coupé du monde extérieur, l'ancien sultanat connaît une évolution chaotique marquée par d'obscures luttes de clans et de farouches rivalités de personnes souvent mal comprises des dirigeants de Dar es-Salam eux-mêmes.

Le caractère à la fois tyrannique et fantasque du cheikh Abeid Karume contribuait à rendre plus complexe encore la compréhension d'événements déjà surprenants : suppression inexpliquée, le 19 décembre 1971, du poste de président de Zanzibar par l'intéressé lui-même ; fermeture, le 12 janvier 1972, de toutes les prisons de l'île, à l'occasion du huitième anniversaire de la révolution zanzibari, etc.

Depuis la destitution du sultan Seyyid Jamshid Bin Abdullah, en exil à Portsmouth depuis 1964, le cheikh Abeid Karume occupait en despote le premier plan de la scène politique zanzibari. Cet ancien matelot illettré gouvernait sans partage le pays. Violemment antiarabe, professant un nationalisme agressif, multipliant les déclarations progressistes qui ne l'engageaient à rien, il était surtout célèbre par ses volte-face diplomatiques, son égalitarisme primaire, ses méthodes brutales.

La disparition du cheikh Abeid Karume a été suivie de la mise à l'écart de la deuxième personnalité politique de l'île, Mohammed Babu. Déjà évincé de son poste de ministre des Finances le 17 février, métis d'origine comorienne connu dans les milieux de la gauche européenne où il comptait de nombreux amis, il est arrêté quelques jours après le meurtre du cheikh Abeid Karume.

Incidents de frontière

Dans la partie continentale de la Tanzanie, formée par l'ancien Tanganyika allemand, les difficultés politiques sont moins nombreuses. En juillet et août 1971, Julius Nyerere doit faire face néanmoins à de très graves incidents de frontière avec l'Ouganda, voisin septentrional. Si l'on en croit certaines sources, plus d'un millier de soldats auraient trouvé la mort au cours de nombreux accrochages explicables essentiellement par le fait que l'Ouganda ne pardonne pas à J. Nyerere d'avoir accordé asile à Milton Oboté, président ougandais déchu de son poste en janvier 1971 par le général Idi Amin Dada. La médiation du général Gowon, président du Nigeria, puis celle de l'organisation de l'Unité africaine ne parviennent à ramener qu'une paix précaire entre l'Ouganda et la Tanzanie ; en octobre, de nouveaux incidents frontaliers font encore des victimes de part et d'autre.

Tchad

3 800 000. 3. 2,5 %.
Économie. PNB (67) 64. Énerg. (*69) : 36. C.E. (67) : 12 %.
Transports. (*69) : 3 200 + 5 100. (*69) : 73 435 000 pass./km.
Information. (69) : 2 quotidiens ; tirage global : 2 000. (69) : *50 000. (68) : 5 900 fauteuils ; fréquentation : 1,3 M. (69) : 4 177.
Santé. (67) : 48.
Éducation. (68). Prim. : 179 540. Sec. et techn. : 10 265.
Institutions. État indépendant le 11 août 1960. République (26 octobre 1958). Constitution de 1964. Président de la République et président du Conseil : François Tombalbaye, réélu le 15 juin 1969.

La rébellion

Bien que François Tombalbaye ne soit pas encore parvenu à triompher définitivement de la rébellion, la situation militaire et politique ne cesse de s'améliorer pour les autorités de Fort-Lamy. La France ne ménage pas ses efforts pour aider le chef de l'État tchadien, et les relations, un moment gravement altérées avec le Soudan et la Libye, s'améliorent.

La rébellion, qui a fait plus de 3 000 morts dans les rangs tchadiens, dont environ 200 dans ceux des forces de l'ordre et une quarantaine du côté des troupes françaises, est surtout circonscrite aux régions semi-désertiques du nord du pays. C'est dans les districts de l'Ennedi, du Borkou et du Tibesti que les bandes armées, en dissidence contre le pouvoir central, opèrent avec le plus de vigueur. Cependant, les guérilleros commencent à donner des signes d'essoufflement dans ces zones que quadrille de plus en plus efficacement l'armée qu'encadrent de nombreux officiers et sous-officiers français détachés au titre de l'assistance technique.