Mais si l'Ouganda a retenu l'attention de l'opinion au cours des douze derniers mois, c'est moins à propos de ces atrocités ou de la guerre frontalière ouverte avec le gouvernement de Dar es-Salaam, qu'à l'occasion de la crise entre Kampala et Jérusalem, dont le point culminant se situe en mars 1972.

Rupture

La dégradation des relations israélo-ougandaises commence en février avec la publication d'un communiqué ougando-libyen qui est peu apprécié en Israël. Puis, en mars, une mission commerciale israélienne est froidement accueillie à Kampala, alors que depuis huit ans les dirigeants de l'Ouganda coopèrent étroitement avec Jérusalem dans tous les domaines.

Le 25 mars, le chef de l'État ougandais annonce que les accords de coopération militaire avec les Israéliens ne seront pas renouvelés et ordonne simultanément la réduction du personnel de l'ambassade israélienne à Kampala de sept à quatre diplomates.

Un nouveau pas est franchi le 28 mars lorsque les autorités ougandaises exigent le rapatriement dans leur pays de tous les Israéliens et décrètent la fermeture de l'ambassade israélienne avant d'accuser, en mai, des ressortissants israéliens d'avoir comploté avec des partisans de l'ancien président Milton Oboté pour renverser le régime militaire.

Malgré la brutalité des méthodes ougandaises et la violence des accusations portées par le général Idi Amin Dada contre ses alliés de la veille, les dirigeants israéliens s'efforcent jusqu'au dernier moment de dédramatiser la situation. Ils ressentent d'autant plus durement l'humiliation de Kampala que celle-ci menace l'ensemble de leurs positions en Afrique orientale et qu'ils n'ont pas ménagé leur aide au gouvernement ougandais dans ses efforts de développement.

On estime à près de 20 millions de dollars les investissements israéliens en Ouganda ; c'est une mission militaire israélienne qui a aidé à l'établissement d'une force aérienne ougandaise et a installé une école de parachutisme et une école de formation de personnel technique dans le pays.

Choix politique

Le geste du général Idi Amin Dada s'explique moins par l'importance des dettes contractées par son gouvernement à l'égard de l'État d'Israël que par un choix politique délibéré. Musulman, le président ougandais estime rentable de dénoncer l'expansionnisme sioniste pour se rapprocher étroitement des États du nord de l'Afrique, notamment de la Libye, qui ne ménage pas ses tentatives diplomatiques en direction de pays comme l'Ouganda, le Niger ou le Tchad. Les Libyens promettent d'importants prêts : les uns sont destinés à financer des travaux d'infrastructure aérienne, les autres doivent servir à financer des achats d'armes pour l'armée ougandaise.

Au demeurant, les dirigeants de Kampala reprochent aux Israéliens leur présence dans les lieux saints musulmans de Jérusalem et critiquent avec véhémence l'attitude du gouvernement de Golda Meir après la guerre des Six-Jours. En annexant le Golan syrien et le Sinaï égyptien, les Israéliens ont en effet mis en cause le principe de l'intangibilité des frontières, qui constitue l'un des fondements de la Charte de l'Organisation de l'unité africaine.

En fait, la volte-face diplomatique de Kampala s'explique par les efforts de la diplomatie arabe, toujours active au sud du Sahara, dont les Israéliens ont sous-estimé l'efficacité. Toute politique de coopération avec les pays arabes passe nécessairement par la renonciation préalable à tout lien d'amitié avec Israël.

RAE

34 130 000. 36. 2,5 %.
Économie. PNB (68) 102. Production : G (67) 108 ; A (*69) 122 ; I (69) 136. Énerg. (*69) : 221. C.E. (69) : 12 %.
Transports. (*69) : 5 796 M pass./km, 2 670 M t/km. (*69) : 121 800 + 28 100.  : 238 000 tjb. (*69) : 762 388 000 pass./km.
Information. (67) : 12 quotidiens ; tirage global : 850 000. (68) : *4 275 000. (69) : *550 000. (68) : 149 400 fauteuils ; fréquentation : 59,3 M. (68) : 365 000.
Santé. (69) : 16 219.
Éducation. (68). Prim. : 3 550 462. Sec. et techn. : 1 283 892. Sup. (67) : 174 614.
Institutions. République proclamée le 18 juin 1953, après le coup d'État du 26 juillet 1952 qui renverse le roi Farouk. Constitution de 1964. Président de la République : Anouar El Sadate, élu le 16 octobre 1970 ; succède au colonel Gamal Abdel Nasser, décédé. Premier ministre : Aziz Sedki.

Anouar El Sadate entre Moscou et Washington

La vie politique, économique, sociale, culturelle est dominée par le conflit israélo-arabe, par l'impuissance du pouvoir de récupérer le Sinaï occupé, par ses tentatives infructueuses d'obtenir à cet effet le soutien décisif des grandes puissances.