Larousse agricole 2002Éd. 2002
B

blé tendre (suite)

La quantité totale d'azote apportée sur une culture de blé avec un objectif de rendement élevé (de 80 à 100 q/ha) est de l'ordre de 150 à 200 kg/ha. L'importance du volume de cet apport justifie les efforts actuels en vue d'une fertilisation de plus en plus précise afin d'éviter une pollution des nappes phréatiques par lessivage de l'azote minéral non utilisé.

La fumure phosphatée a souvent lieu au moment du premier apport d'azote ; elle se fait en général sous forme de phosphate d'ammoniaque. Elle porte sur 50 à 80 kg/ha de P2O5. Les besoins en potasse sont de l'ordre de 300 kg pour un objectif de rendement de 100 q/ha.

Lutte contre les adventices.

Le désherbage mécanique est rendu difficile en raison de la densité des plantes, et le désherbage par voie chimique est actuellement la règle générale, sauf bien entendu en agriculture biologique. Certaines graminées constituent des mauvaises herbes majeures du blé : il s'agit du ray-grass, de la folle avoine, du vulpin, du paturin et, plus récemment, du brome. Étant donné qu'elles appartiennent à la même famille botanique que le blé, il a été longtemps difficile de lutter contre leur prolifération. Mais il existe à présent toute une gamme de désherbants spécifiques contre les trois premières. Les moyens de lutte contre les deux autres sont en revanche encore très limités. On note cependant un développement de la résistance de certaines graminées adventices aux herbicides.

Contre les dicotylédones les plus communes (gaillet, matricaires, renouées, ravenelles) la diversité des désherbants spécifiques permet une action efficace. Certaines vivaces (chiendents, prêles, liserons, datura) sont en revanche plus difficiles à éliminer, et les moyens de lutte résident dans des modifications de la succession, ou par le travail du sol. Les désherbages ont lieu en automne, à partir du stade trois feuilles du blé, et surtout au printemps, époque la plus favorable pour le développement de toutes les adventices.

Maladies et ravageurs.

Les maladies les plus fréquentes sont les rouilles, les septorioses, les fusarioses, l'oïdium, et les piétins (verse et échaudage). Sauf contre les piétins, notamment le piétin échaudage, pour lesquels l'action des fongicides est encore imparfaite, il existe des fongicides ayant un large spectre d'efficacité. La stratégie actuelle consiste à associer des triazoles à des strobilurines.

Les ravageurs animaux les plus nocifs sont les pucerons, les cicadelles et les limaces. Les premiers sont susceptibles de transmettre des maladies à virus, tel le nanisme du blé, aussitôt après la levée. On traite par pulvérisation dès l'apparition des vols. Contre les limaces, la lutte, préventive, a lieu au moment du semis, par épandage de granulés en plein ou localisé sur la ligne de semis. Contre les insectes, les méthodes de lutte biologique commencent à se développer.

L'enrobage des semences constitue un traitement préventif efficace à la fois contre des prédateurs animaux et contre certaines maladies (fusariose). En agriculture biologique, les agriculteurs se prémunissent de ce seul moyen de lutte

Utilisations.

La baisse des prix d'intervention résultant de la réforme de la politique agricole commune (PAC) a favorisé, dans l'Union européenne, l'utilisation du blé dans l'alimentation animale, qui représente actuellement environ 9 millions de t. La partie destinée à l'alimentation humaine, qui a peu varié au cours des dix dernières années, se situe entre 4,5 et 5 millions de t (75 kg/habitant). Les usages industriels ne concernent que de 4 à 5 % de la production nationale totale.

Surfaces cultivées et production.

Dans le monde, avec 220 millions d'ha en moyenne, le blé devance largement le riz (150 millions) et le maïs (140 millions). Après un pic de 610 millions de t en 1998, la production mondiale se maintient, d'après la FAO, dans une fourchette de 580 à 585 millions de t. Le rendement moyen mondial est d'environ de 2,5 t/ha.

La Chine est le premier producteur mondial, avec environ 110 millions de t. Viennent ensuite l'Union européenne (100 millions), par l'ALENA (Canada, Mexique, USA) avec 95 millions, l'Inde (65 millions) et l'Australie (25 millions). La production de la CEI, mal connue, serait de l'ordre de 25 millions de t. Entre 1980 et 1990, la production dans les principaux pays producteurs a évolué de façon diverse : la croissance a été forte en Chine, en Australie et dans l'Union européenne, stable en Amérique du Nord et en très fort déclin dans la CEI.

L'Union européenne, avec une superficie de 17 millions d'ha, obtient un rendement voisin de 6 t/ha, ce qui la place en tête des rendements mondiaux. La France, l'Allemagne et le Royaume-Uni assurent plus des deux tiers de la production communautaire.

En France, premier producteur européen, la culture du blé occupe près de 5 millions d'ha, pour une production qui était en 1998 de 38 millions de t. Les plus importantes régions de production sont dans l'ordre : la région du Centre, la Picardie et la Champagne-Ardenne qui, avec 13 départements, assurent près de 40 % de la production nationale pour une superficie emblavée de 1 700 000 ha. Pour ces trois régions le rendement moyen était en 1998 supérieur à 80 quintaux par ha.

Commerce international.

Les échanges annuels oscillent depuis plusieurs années autour de 100 millions de tonnes. Cinq grands exportateurs assurent 90 % des échanges mondiaux de blé tendre : les États-Unis (29%), le Canada (19%), l'Australie (17%), l'Union européenne (16%) et l'Argentine (7%). Une série de pays interviennent sur le marché de façon variable suivant l'importance de leurs récoltes. Il s'agit de la Turquie, de l'Inde, de la Syrie, de la Hongrie, de la Roumanie, du Kazakhstan et de l'Ukraine. La présence de ces pays sur le marché mondial est facilitée par la libéralisation progressive des échanges, favorable à l'émergence d'opérateurs privés.

Le marché a connu d'importants changements dans la structure de la demande au cours des dix dernières années. L'ex-URSS a fortement diminué ses achats ; des pays autrefois importateurs ont réduit leur dépendance (Chine) ou sont même devenus exportateurs (Inde). Enfin, l'Union européenne est devenue l'un des principaux exportateurs mondiaux. Du côté des importateurs, la demande est très dispersée mais quelques pays sont d'importants acheteurs. Ce sont par exemple l'Indonésie, la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l'Afrique du Nord et l'Égypte.

Roger-Estrade (A.)