koala

Koala
Koala

Le koala ressemble à un drôle de petit ours qui aurait une fourrure soyeuse, de grandes oreilles poilues et un gros nez aplati. Cet animal placide et sans défense semble n'avoir jamais quitté l'Australie et ses grandes forêts d'eucalyptus.

Introduction

Le nom scientifique du genre du koala, Phascolarctos, signifie littéralement « ours à poche ». Pourtant cet animal n'a rien de commun avec l'ours, mammifère placentaire. Il appartient en effet au groupe des mammifères marsupiaux, autrement dit, « à poche », comme les kangourous. Les deux grands groupes de mammifères, marsupiaux (ou métathériens) et placentaires (thériens), se sont séparés très tôt. Longtemps estimée à environ - 100 millions d'années, la date de cette séparation à été repoussée à - 125 millions d'années (au début du crétacé), avec la découverte en Chine d'un fossile de marsupial, Sinodelphys (décrit en 2003), ainsi que celle d'un mammifère placentaire, Eomaia (décrit en 2002), dans des couches de cette époque.

Grâce à l'examen et à la datation des fossiles de marsupiaux dispersés à travers le monde, les scientifiques ont pu reconstituer peu à peu leur origine géographique et leur histoire. En Amérique du Nord, où les fossiles sont très nombreux, les marsupiaux sont apparus il y a environ 100 millions d'années (au milieu du crétacé), et se sont diversifiés de façon importante. L'hypothèse la plus vraisemblable est qu'ils ont ensuite migré, par l'Antarctique, jusqu'en Australie (avant que celle-ci, sous l'effet de la dérive des continents, se détache et se déplace vers son emplacement actuel). Au crétacé supérieur, les marsupiaux sont bien représentés. Au moment de la crise du crétacé-tertiaire (celle qui a fait disparaître les dinosaures), il y a 65 millions d'années, on estime qu'environ 90 % des espèces de marsupiaux se sont éteintes. Les espèces survivantes, qui appartiennent à la lignée des opossums, se diversifient en Amérique du Sud et, surtout, en Australie, où ils sont à l'abri de leurs concurrents placentaires.

Cependant, l'histoire des marsupiaux d'Australie reste mal déterminée. Le plus ancien fossile connu est daté de 55 millions d'années. On suppose que vers - 35 millions d'années, au début de l'oligocène (milieu du tertiaire), une branche issue de la souche marsupiale primitive s'est divisée, pour donner naissance à la fois aux koalas et à leurs cousins les wombats. Vers la fin de l'ère tertiaire, au miocène, on ne connaît pas moins de cinq espèces de koalas différentes, réparties en trois genres. On ne sait pas très bien à quoi ils ressemblaient, car tout ce qu'on a retrouvé d'eux, ce sont quelques dents et fragments de crâne.

Il semble que, de ces trois genres fossiles, un seul ait survécu jusqu'au pléistocène, au début du quaternaire, vers - 1,5 million d'années. C'est Phascolarctos. À l'époque, ce genre regroupait deux espèces, Phascolarctos cinereus, le petit koala actuel, et Phascolarctos stirtoni, qui s'est peu à peu éteint au cours du pléistocène. C'était un koala vingt fois plus gros que celui que nous connaissons ! On en a trouvé en Australie des fossiles datant d'il y a - 40 000 ans ; mais il a disparu, peut-être victime de son gigantisme. Aujourd'hui, il ne reste que la plus petite espèce de la famille.

La vie du koala

Un régime alimentaire à base d'eucalyptus

En Australie, il existe environ 600 espèces d'eucalyptus, qui poussent en massifs dominant le reste de la végétation et jouent un rôle important auprès de la faune de ce continent, surtout auprès du koala, qui se nourrit presque exclusivement de leurs feuilles, même si parfois il lui arrive de manger de l'acacia.

Cependant, les koalas ne mangent pas les feuilles de n'importe quel eucalyptus : ils consomment, sur l'ensemble du territoire, celles d'environ 35 espèces, chaque groupe montrant une préférence marquée pour seulement deux ou trois espèces différentes ! Les premiers voyageurs européens en Australie, à la fin du xviiie siècle, s'en étaient déjà étonnés.

Chaque feuille est choisie avec soin

Pour manger, le koala agrippe d'abord un rameau, le tire vers lui, puis choisit chaque feuille précautionneusement, une par une, pour son aspect, son toucher et son odeur. Il sectionne la feuille élue à sa base, en la mordant. On ne voit presque jamais un koala rejeter une feuille qu'il a commencé à manger ; en revanche, il peut très bien en flairer une puis la laisser de côté, avant de croquer sa voisine.

La quantité de feuilles que le koala avale varie selon son poids : les jeunes mangent moins que les adultes, les femelles, moins que les mâles. Un koala d'une dizaine de kilos mange, en moyenne, 500 g de feuilles par nuit, soit environ un vingtième de son poids. Quand tout va bien, chaque animal passe de 6 à 8 heures à se nourrir, entre le crépuscule et l'aube (contre 2 à 4 heures en captivité). Sauf pendant les mois les plus chauds, le koala ne boit pas : comme souvent chez les animaux végétariens et arboricoles, il trouve toute l'eau qui lui est nécessaire dans sa nourriture.

De nombreuses études ont été réalisées sur la façon dont se nourrit le koala. On sait aujourd'hui qu'il apprécie surtout les espèces d'eucalyptus les plus abondantes, probablement parce qu'elles sont les plus accessibles. En outre, il existe des variations d'une saison à l'autre dans le choix des variétés majoritairement consommées. De plus, au sein de chaque variété d'eucalyptus, certains arbres rencontrent un vif succès, d'autres non.

La raison de ces choix complexes a fait l'objet de nombreux travaux dont les résultats sont parfois contradictoires. D'après les analyses chimiques, il semble que le koala choisisse les feuilles les plus riches en protéines : ainsi, on a constaté que les arbres qu'il préfère ont des feuilles jeunes plus longtemps que les autres. Par une réaction en chaîne, le prélèvement des feuilles sur les arbres préférés semble favoriser la production de feuilles jeunes. De même, les variations saisonnières dans l'alimentation du koala pourraient s'expliquer par des changements dans la composition des feuilles. La plupart des espèces d'eucalyptus sont à feuilles persistantes, c'est-à-dire qu'elles se renouvellent peu à peu, tout au long de l'année ; cependant, les poussées de nouvelles feuilles – plus riches et plus nourrissantes – sont plus importantes au printemps.

Enfin, le koala n'exploite qu'un petit nombre d'arbres sur son domaine vital. Ceux-ci servent à la fois de gîte et de couvert, si bien qu'un animal peut rester plusieurs jours d'affilée dans le même arbre.

La feuille d'eucalyptus, un aliment difficile à digérer

La feuille d'eucalyptus, un aliment difficile à digérer



La feuille d'eucalyptus est, en Australie, une ressource alimentaire abondante mais pauvre sur le plan nutritif. Les feuilles contiennent peu de protéines, qui sont un élément nutritif de base. Par contre, elles sont riches en fibres – lignine et cellulose –, peu intéressantes sur le plan alimentaire, et que l'organisme du mammifère ne peut digérer que grâce à des bactéries qu'il héberge dans son tube digestif. De plus, la feuille d'eucalyptus renferme en grandes quantités des produits toxiques, qu'on appelle composés secondaires : tanins, alcaloïdes, huiles essentielles. Ces produits jouent un rôle de défense contre les animaux folivores : soit ils empoisonnent directement l'animal, soit ils perturbent la digestion des feuilles. Pour manger malgré tout des feuilles d'eucalyptus, le koala possède au niveau du foie des mécanismes de neutralisation de ces composés.

Un animal nocturne et solitaire

Le koala est surtout nocturne et, comme beaucoup de mammifères qui vivent la nuit, c'est un solitaire : 90 % des animaux vivent seuls. Mâles et femelles adultes ont des domaines vitaux séparés, celui d'un mâle recouvrant celui de plusieurs femelles.

À Kangaroo Island, en Australie, par exemple, les territoires des mâles font 1,5 à 2 hectares, contre 0,5 à 1 hectare pour celui d'une femelle. Un mâle et une femelle dont les territoires se superposent vivent habituellement chacun de leur côté : il arrive qu'ils se croisent, mais les véritables rencontres n'ont lieu que pendant la période de reproduction. Le reste du temps, chacun s'évite soigneusement. Et chaque koala défend son domaine vital contre un intrus du même sexe : on peut donc bien parler de territoire.

Une glande odorante pour marquer leur territoire

Les rencontres entre deux mâles sur le même arbre entraînent des combats féroces au cours desquels l'intrus est chassé par l'animal résident. Les femelles sont moins agressives et se battent rarement entre elles. Quand cela est sur le point d'arriver, elles poussent des cris perçants, en arrondissant les lèvres, et en plaquant leurs oreilles en arrière. Leurs altercations ne durent que le temps d'un coup de patte ou d'une morsure, et sont accompagnées de petits glapissements et autres « gloussements ».

En dehors de la saison de reproduction, les contacts sont rares entre les individus. Cependant, chaque animal sait en permanence qui l'entoure ; il est en communication indirecte avec ses voisins par des marquages olfactifs. Les femelles marquent passivement leur territoire en urinant ou en déféquant. Les mâles adultes signalent leur présence en grattant des objets verticaux, généralement le tronc des arbres, et en frottant leur glande sternale (une glande odorante qu'ils possèdent sur la poitrine). C'est la base des troncs d'arbre qui est plus précisément marquée : le mâle koala, au sol, embrasse – au sens premier du terme – le tronc en levant le buste et il y frotte sa poitrine tout en tendant le cou.

Extérieurement, la glande sternale se présente comme une zone triangulaire où les poils sont plus courts. Elle produit une substance jaunâtre et visqueuse, à odeur forte. On peut facilement faire sortir du produit de cette glande en la pressant.

Des cris agressifs et perçants

Seuls les animaux adultes se servent de ce mode de communication olfactif. En outre, les marquages odorants sont liés au cri particulier poussé par le mâle pendant la reproduction : en captivité, un marquage effectué par un mâle provoque souvent des cris de la part des mâles voisins.

Après un combat, le mâle victorieux éprouve souvent le besoin de marquer son territoire, ce qui est, en schématisant, une façon d'asseoir sa suprématie : il montre en quelque sorte qu'il est bien le maître chez lui. De même, en captivité, lorsqu'on présente des objets nouveaux à des koalas ou lorsqu'ils sont placés dans un enclos qu'ils ne connaissent pas, ils s'empressent de déposer leur odeur. C'est une manière, là encore, de délimiter le territoire et, également, de se rassurer : le koala, en rencontrant son odeur, sait qu'il est chez lui.

Dans la plupart des cas, les mammifères nocturnes ne sont pas bruyants et ont un répertoire vocal peu développé. Le koala ne fait pas exception à la règle, en ce sens qu'il n'emploie que huit cris en tout, peu différents les uns des autres. Cependant, c'est un des marsupiaux australiens les plus bruyants. Il existe plusieurs cris agressifs selon le caractère plus ou moins sérieux du combat. Pendant les bagarres violentes, les mâles poussent de forts grognements, surtout quand la mâchoire de l'un est plantée dans l'autre !

Les koalas réagissent aussi par des cris à ce qui se passe autour d'eux. Ainsi, quand un congénère passe à proximité sur une branche ou approche de leur arbre, ils émettent un grondement bien audible et, pour ce faire, tirent leurs lèvres en arrière et rabattent leurs oreilles en avant. Ce cri de mauvais augure est entendu surtout chez les femelles lorsqu'elles sentent un  danger.

Des petits minuscules et sans défense

La saison de reproduction des koalas dure environ quatre mois, à la fin du printemps et au début de l'été austral. Les mâles en âge de se reproduire sont alors très actifs : ils patrouillent leur territoire à la recherche de femelles, effectuent des marquages olfactifs et poussent une sorte de mugissement caractéristique. Ce cri est attractif pour les femelles en chaleur. Les mâles voisins qui sont en rut s'y mettent aussi, si bien que chacun connaît ses positions et évite de rencontrer un rival... et un combat. Quant aux femelles réceptives, elles répondent par un cri identique, mais moins fort, qui signale leur présence.

Alors qu'une femelle non réceptive est agressive vis-à-vis des mâles et les repousse très violemment, elle adopte un comportement très différent quand elle est en œstrus, c'est-à-dire fécondable. Elle se met à sautiller sur place, en poussant son cri sexuel. Pendant les 30 secondes que dure l'accouplement, qui a lieu en position verticale, dans un eucalyptus, le mâle la maintient sous lui en lui mordant la nuque. Puis les deux partenaires se séparent, et le mâle ne s'occupe pas d'élever le jeune, qui est totalement pris en charge par la mère. Les femelles n'ont qu'une portée par an, le plus souvent d'un seul petit, très rarement de deux.

Le petit doit trouver, seul, la poche de sa mère

Comme chez tous les marsupiaux, le petit est minuscule et très peu développé à la naissance. Il pèse moins d'un demi-gramme ! Son corps est nu, rose et rayé de vaisseaux sanguins. Ses yeux et ses oreilles sont fermés ; sa bouche, ses narines et ses pattes arrière, à peine ébauchées. Seules ses pattes avant sont assez puissantes pour lui permettre d'accomplir tout seul le pénible voyage jusqu'à la poche ventrale de sa mère, où il achèvera sa croissance, solidement accroché à une des deux tétines, bien protégé et au chaud. Comme chez les kangourous et les autres marsupiaux, le petit doit trouver seul l'ouverture de cette poche.

Vers 5 mois et demi, le jeune fait ses premières excursions à l'extérieur. Mais il ne s'aventure pas loin de sa mère et retourne dans la poche protectrice à la première alerte, ou bien pousse une sorte de vagissement, qui provoque l'arrivée immédiate du secours maternel. À 6 mois, le petit est couvert de poils. Il mesure une vingtaine de centimètres et pèse entre 400 et 500 g, soit environ le dixième du poids définitif d'une femelle koala.

Dans les premiers mois de sa vie, le petit se nourrit de manière très particulière pendant environ un mois. Son comportement a été observé pour la première fois en 1933 par l'Australien Keith Minchin, dans un élevage du Sud. Il a vu un jour une mère koala recroquevillée dans un arbre. De sa poche, émergeaient la tête et les bras de son petit, dont le museau – couvert de mucosités jaunes – était plongé dans l'anus maternel. Le petit consommait goulûment une bouillie sortant de l'intestin de sa mère. La scène recommençait tous les deux ou trois jours. On sait maintenant qu'il s'agit de feuilles d'eucalyptus prédigérées, qui constituent un aliment intermédiaire entre le lait et la nourriture solide. La mère ensemence ainsi l'intestin de son petit en micro-organismes capables de digérer la cellulose des feuilles. L'ouverture de la poche de la mère vers le bas évite au petit de sortir entièrement.

Peu à peu, les excursions hors de la poche sont plus longues. À 8 mois, le jeune est en permanence dehors. Il ne met plus que sa tête dans la poche, pour la tétée. Sa mère le transporte sur son dos au cours de ses pérégrinations nocturnes. Le jeune koala est complètement sevré vers 1 an. Si c'est une femelle, elle s'éloigne alors d'elle-même de sa mère pour trouver un nouveau territoire ; si c'est un mâle, il est chassé à la saison de reproduction suivante par le mâle résident.

Une poche ouverte vers le bas...

Une poche ouverte vers le bas...



Chez la plupart des marsupiaux, la femelle possède une poche ventrale, appelée marsupium, qui abrite les mamelles. Après leur naissance, les petits s'y réfugient et y achèvent leur développement : ils y restent plusieurs mois. Le plus souvent, comme chez les kangourous, la poche s'ouvre vers le haut. Seuls le koala et son proche cousin le wombat ont la particularité d'avoir une poche qui s'ouvre vers le bas. Chez le koala, cette orientation est sans doute destinée à faciliter l'accès du petit aux feuilles d'eucalyptus prédigérées par sa mère et sortant de son anus ; cette bouillie sera sa nourriture après le lait maternel et avant sa nourriture d'adulte.

Pour tout savoir sur le koala

Sur les plans anatomique et physiologique, le koala est spécialisé pour une vie arboricole et un régime alimentaire folivore. Il est très adapté à la vie dans les arbres, a un grand sens de l'équilibre et des muscles des cuisses puissants, implantés très bas sur la jambe, ce qui est très efficace pour grimper, même si cela ralentit son déplacement. En revanche, fait rare parmi les mammifères arboricoles, le koala n'a pas de queue (seuls les paresseux sud-américains et les loris, petits primates asiatiques, sont dans le même cas). Mais, quand il s'agit de grimper, le koala compense ce manque par des doigts bien larges et des griffes développées ; il s'accroche d'abord solidement à l'écorce, grâce aux griffes de ses pattes antérieures, puis hisse son corps en montant les deux pattes postérieures en même temps. Il procède de façon inverse pour redescendre, en gardant toujours la tête vers le haut. Pour faciliter la progression sur des branches de petit diamètre, le pouce et l'index sont opposables aux autres doigts de la main, tandis que sur le pied, le pouce seul est opposable aux autres doigts. Paumes des mains et plantes des pieds sont granuleuses, ce qui améliore l'adhérence sur les surfaces lisses.

Le tube digestif du koala s'est beaucoup modifié pour lui permettre de digérer les feuilles d'eucalyptus (dont il se nourrit presque exclusivement). Le gros intestin, où s'effectue – par fermentation bactérienne – la digestion de la cellulose, est très développé. Au début du gros intestin, le cæcum peut atteindre 2,5 m de long, soit trois à quatre fois la taille de l'animal. Enfin la paroi de son estomac possède une glande complexe, dite cardio-gastrique, qui joue également un rôle dans la digestion.

La façon de vivre du koala est adaptée à une alimentation peu riche : ce grimpeur économise son énergie. Ce qu'on appelle son taux de métabolisme basal, c'est-à-dire la quantité d'énergie consommée pour maintenir son corps en vie, au repos, est faible comparé à celui d'autres animaux de même poids. Sa fourrure, très isolante, limite les déperditions de chaleur. Grâce à elle, l'animal se singularise aussi, parmi les mammifères arboricoles, par le fait qu'il n'utilise pas de nid. Seuls les dendrolagues, petits kangourous forestiers, partagent cette habitude avec lui. Le koala dort en boule, calé contre une fourche ou sur une grosse branche, protégé de la pluie et du soleil par son épaisse fourrure. Il se déplace lentement, et le moins possible. Autant il est à l'aise dans les arbres, autant il est maladroit et vulnérable au sol, bien qu'il puisse courir relativement vite. En fait, il ne descend à terre que pour changer d'arbre et – parfois – pour consommer au passage de petites quantités de terre, qui lui apportent des éléments minéraux.

Comme la plupart des mammifères nocturnes, le koala a une très mauvaise vue, mais un très bon odorat qui lui sert pour communiquer avec ses semblables et pour se nourrir. Les feuilles comestibles sont choisies en grande partie à l'odeur. L'ouïe est également développée, bien que le koala ait un répertoire vocal pauvre. On a pu répertorier huit types de cris différents : celui des petits qui appellent leur mère d'un ton plaintif ressemblant à celui d'un bébé qui pleure ; une sorte de gloussement allant jusqu'au grognement sourd, qui exprime la menace ; trois autres cris, qui vont du grondement sourd au cri perçant ; le cri agressif des femelles ; enfin deux cris particuliers aux mâles : ils grondent quand ils se battent et ronflent d'une façon caractéristique pendant la période de reproduction.

Les koalas présentent, du nord au sud du territoire australien, des variations dans les caractéristiques de leur fourrure, liées à une adaptation au climat. Sur cette base, certains scientifiques déterminent au sein de l'espèce des sous-espèces – cette opinion ne fait pas l'unanimité, d'autres pensant que ce sont des divisions arbitraires et que les variations sont graduelles le long de l'aire de répartition du koala –, au nombre de deux ou trois selon les auteurs. Si l'on admet l'existence de trois sous-espèces, il s'agit de : Phascolarctos cinereus adustus, au nord-est de l'Australie, dans l'État du Queensland ; Phascolarctos cinereus cinereus, à l'est, en Nouvelle-Galles du Sud ; Phascolarctos cinereus victor, au sud-est, dans l'État de Victoria. La fourrure du premier est plus courte, adaptée au climat chaud et d'un gris tirant sur le rouille ; celle du second est plus brune, tachetée de gris cendré ; celle du troisième est plus longue pour résister aux températures plus basses.

          

KOALA

Nom (genre, espèce) :

Phascolarctos cinereus

Classe :

Mammifères

Infraclasse :

Marsupiaux (métathériens)

Ordre :

Diprotodontes

Famille :

Phascolarctidés

Identification :

Allure de petit ours ; fourrure épaisse et soyeuse ; couleur gris cendré à fauve sur la partie dorsale, avec des taches blanches sur l'arrière-train ; couleur blanchâtre sur la partie ventrale ; tête ronde ; grandes oreilles velues ; grand nez aplati ; pas de queue ; une poche marsupiale chez les femelles

Langueur :

De 60 à 80 cm

Poids :

Mâles : de 6,5 à 12 kg ; femelles : de 5 à 8 kg

Répartition :

Essentiellement bordure est et sud-est de l'Australie

Habitat :

Tous les types de forêts d'eucalyptus

Régime alimentaire :

Feuilles d'eucalyptus

Rythme d'activité :

Nocturne

Structure sociale :

Territorial, solitaire ; 1 mâle reproducteur pour 2 à 6 femelles

Maturité sexuelle :

Mâles : 3-4 ans ; femelles : 2 ans

Nombre de jeunes :

1 par an

Taille et poids à la naissance :

Moins de 20 mm et de 0,5 g

Durée de vie dans la poche :

7 mois

Sevrage :

12 mois

Saison de reproduction :

Durant 4 mois, au printemps et au début de l'été austral

Gestation :

35 jours

Longévité :

10-20 ans

Effectifs :

Environ 100 000 individus (estimation)

Statut :

Classé dans la catégorie « faible risque-presque menacé » par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) ; a été au bord de l'extinction au début du xxe siècle

 

Signes particuliers

Pattes

Antérieures comme postérieures, elles possèdent 5 doigts. Comme tous les marsupiaux qui ont un pouce aux pattes arrière, celui-ci est de taille réduite et ne porte pas de griffes. Les autres doigts sont forts et terminés par des griffes allongées. Le pouce et l'index de la main sont opposables. À la patte arrière, seul le pouce est opposable aux autres doigts. Les deuxième et troisième doigts de la patte arrière sont soudés presque jusqu'à leur extrémité, formant un peigne dont le koala se sert pour entretenir son poil. Ces pattes solides compensent l'absence de queue.

Nez

Aplati, il est pourvu de grosses narines en V, avec un rhinarium (la partie nue entre les narines) développé. On ne sait pas très bien quel rôle joue ce rhinarium, mais il est possible que – comme la truffe chez le chien – il intervienne dans la thermorégulation, c'est-à-dire dans le mécanisme régulateur qui fait que les animaux homéothermes (les mammifères et les oiseaux) ont une température constante.

Fourrure

Elle est dense et soyeuse. Elle joue un rôle actif dans la thermorégulation et la protection contre les intempéries. En effet, le koala, qui ne fait pas de nid, dort exposé au soleil ou à la pluie. Sur son dos, la fourrure est épaisse et d'une couleur sombre, absorbant la chaleur ; elle se raréfie aux beaux jours, s'allonge en hiver. Sur son ventre, la fourrure est, au contraire, courte et claire : quand l'animal a chaud, il s'allonge sur le dos et peut aussi ébouriffer ses poils pour évacuer la chaleur.

Les autres marsupiaux arboricoles

Proches parents du koala, d'autres familles de marsupiaux arboricoles vivent en Océanie. Les dendrolagues, un petit groupe de kangourous nocturnes, les couscous, qui mangent parfois des insectes, les possums à queue annelée, à la queue préhensile, et les phalangers volants, qui sont planeurs.

La plupart de ces marsupiaux vivent dans les forêts tropicales humides du nord-est de l'Australie, de Nouvelle-Guinée ou des îles avoisinantes. Seules quelques espèces occupent les forêts tempérées de l'est de l'Australie.

Les dendrolagues

Habitant les forêts tropicales humides du nord-ouest de l'Australie et de la Nouvelle-Guinée, ils sont hautement spécialisés pour la vie dans les arbres. À la différence des kangourous terrestres, leurs pattes avant et arrière sont sensiblement de même taille, les pieds courts et larges, les griffes recourbées. Ils ont une queue longue, épaisse jusqu'à son extrémité et recouverte d'un pelage fourni. Leur taille varie, selon les espèces, de 50 à 80 cm pour le corps et de 40 à 95 cm pour la queue, avec un poids de 6,5 à 10 kg.

Les dendrolagues se nourrissent de feuilles et de fruits, qu'ils récoltent dans les arbres ou au sol. Très agiles dans les arbres, ils peuvent faire des bonds de près de 10 m pour passer d'une cime à une autre. Ils sont également capables de se laisser tomber de hauteurs impressionnantes : plus de 15 m. Au sol, ils se déplacent en sautillant, le corps penché en avant pour équilibrer la longue queue, qui est arquée au-dessus du dos. Ils vivent en petits groupes peu structurés.

Espèces : le genre Dendrolagus regroupe dix espèces.

Le dendrolague de Bennett

Dendrolagus bennettianus : pelage brun-noir, plus clair sur le ventre, la gorge et le menton ; forêts humides du nord-est de l'État du Queensland, en Australie.

Le dendrolague de Lumholtz

Dendrolagus lumholtzi : grisâtre à olivâtre sur le dessus, blanc en dessous, noir au bout des pattes ; nord-est du Queensland, en Australie.

Le dendrolague unicolore

Dendrolagus dorianus : uniformément gris-brun sur tout le corps ; Nouvelle-Guinée.

Le dendrolague-ours

Dendrolagus ursinus : fourrure à dominante brun-noir sur le dos, avec des plages claires plus ou moins marquées, blanchâtre sur le ventre et au bout de la queue ; une frange de longs poils sur les oreilles ; nord et ouest de la Nouvelle-Guinée ; forêts de basse altitude (de 0 à 2 000 m).

Le dendrolague grisonnant

Dendrolagus inustus : ressemble beaucoup au dendrolague-ours. Il s'en distingue par des poils courts sur les oreilles. Son aire de répartition et son habitat sont identiques.

Le dendrolague de Matschie

Dendrolagus matschiei : dos de couleur brun-rouge soutenu, avec une ligne médiane noire, ventre et queue jaunâtres ; centre et est de la Nouvelle-Guinée ; forêts de montagne jusqu'à 3 000 m.

Le dendrolague de Goodfellow

Dendrolagus goodfellowi : très proche du dendrolague de Matschie ; coloration identique, à part la queue qui est de la couleur du dos et non de celle du ventre ; habite lui aussi le centre et l'est de la Nouvelle-Guinée, en forêt d'altitude, mais s'exclut avec le dendrolague de Matschie.

Le dendrolague des plaines

Dendrolagus spadix : proche du dendrolague de Goodfellow (dont il était auparavant considéré comme une sous-espèce) ; pelage court et fin, de couleur châtaigne ; centre-ouest de la Nouvelle-Guinée ; contrairement aux autres dendrolagues néo-guinéens, ne vit pas dans les montagnes mais dans les basses terres.

Le dingiso

Dendrolagus mbaiso :dos noir, ventre blanc ; actif de jour comme de nuit ; habite les forêts de l'ouest de la Nouvelle-Guinée (province indonésienne d'Irian Jaya).

Le tenkile

Dendrolagus  scottae : fourrure brun-noir ; habite les forêts des versants montagneux du nord de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Statut : Ces espèces sont rares, plusieurs sont en danger de disparition.

Les couscous

Comme le koala, ils sont nocturnes, solitaires, arboricoles et à locomotion lente. Comme les dendrolagues, ils se nourrissent principalement de feuilles et de fruits, mais également d'insectes. Ce sont des espèces assez lourdement bâties, qui mesurent de 30 à 60 cm pour le corps et de 25 à 60 cm pour la queue. Celle-ci est préhensile et nue dans la partie terminale.

Espèces : les couscous sont principalement classés dans le genre Phalanger, qui comprend 11 espèces, réparties dans les petites îles de l'est de l'Indonésie, en Nouvelle-Guinée et dans le nord du Queensland, en Australie. Quelques couscous appartiennent aux genres Spilocuscus (4 espèces), Strigocuscus (2 espèces) et Ailurops (1 espèce).

Le couscous tacheté

Phalanger maculatus : 1 kg ; coloration variable selon les individus et les localités ; généralement, mâle blanc avec des taches brun-noir sur le dos, femelle uniformément gris-brun ; extrémités rousses ; les oreilles très petites, parfois à peine visibles ; Nouvelle-Guinée et îles avoisinantes, nord du Queensland.

Le couscous gris, ou couscous commun

Phalanger orientalis : 1 kg ; mâle gris-blanc, femelle et jeune brun-roux ; une bande médiane plus foncée sur le dos ; Moluques, Nouvelle-Guinée, îles Salomon, nord du Queensland.

Le couscous de Woodlark

Phalanger lullulae : île de Woodlark, à l'est de la Nouvelle-Guinée.

Le phalanger terrestre

Phalanger gymnotis : de 2 à 4 kg ; gris soutenu, avec une bande noire sur le milieu du dos ; se nourrit souvent au sol, où il dort le jour dans des affleurements rocheux, entre les racines des arbres ou dans des grottes ou des tunnels ; partiellement carnivore ; Nouvelle-Guinée et îles Aru.

Le couscous de Gebe

Phalanger alexandrae : île Gebe, dans le nord de l'archipel des Moluques.

Le couscous commun du Sud

Phalanger intercastellanus : sud-est de la Nouvelle-Guinée et îles proches (îles d'Entrecasteaux et Trobriand, archipel de la Louisiade), péninsule du Cap York, dans le nord-est de l'Australie.

Le couscous de Telefomin

Phalanger matanim : centre de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le couscous des Moluques

Phalanger ornatus : île Halmahera, dans l'archipel des Moluques.

Le couscous de Rothschild

Phalanger rothschildi : île Obi, dans l'archipel des Moluques.

Le couscous soyeux

Phalanger sericeus : de 1,2 à 1,8 kg ; brun chocolat au-dessus, couleur crème en dessous ; pelage soyeux ; montagnes du centre et de l'est de la Nouvelle-Guinée, au-dessus de 1 500 m d'altitude.

Le couscous de montagne

Phalanger carmelitae : régions montagneuses de Nouvelle-Guinée.

Le couscous noir

Phalanger vestitus : régions montagneuses de Nouvelle-Guinée.

Le couscous des Célèbes

Strigocuscus celebensis(synonyme : Phalanger celebensis) : Sulawesi (Célèbes).

Le couscous de Banggai

Strigocuscus pelegensis :les Banggai et Sula (Indonésie).

Le couscous tacheté

Spiocuscus maculatus : Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Le couscous des îles de l'Amirauté

Spilocuscus kraemeri : îles de l'Amirauté, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ; parfois considéré comme appartenant à la même espèce que le couscous tacheté.

Le couscous de Waigeo

Spilocuscus papuensis : inféodé à l'île Waigeo, au nord-ouest de la Nouvelle-Guinée.

Le couscous à taches noires

Spilocuscus rufoniger (synonyme : Phalanger atrimaculatus) :nord de la Nouvelle-Guinée.

Statut et répartition : tous les couscous sont inféodés à la forêt. Quand elles ne sont pas chassées, ces espèces sont communes. Beaucoup ont toutefois une aire de répartition limitée, et plusieurs sont menacées.

Les possums à queue annelée

Les possums à queue annelée ressemblent aux phalangers, dont ils ont la démarche lente, la queue préhensile et le régime alimentaire composé de feuilles et de fruits. Selon les espèces, ils mesurent de 15 à 45 cm pour la longueur du corps et de la tête, de 17 à 40 cm pour la queue, et pèsent de 0,7 à 1,5 kg. La plupart ont une fourrure dense, soyeuse et sombre. Ils doivent leur nom à leur queue qu'ils enroulent autour des branches.

Espèces : Les possums à queue annelée comprennent environ 16 espèces, dont le possum à queue en anneau, Pseudocheirus peregrinus, et le possum des rochers, Petropseudes dahli, animal largement insectivore.

Répartition : ces espèces habitent en Australie (principalement dans les forêts tropicales humides du Queensland, dans le nord-est), et en Nouvelle-Guinée.

Les phalangers volants

Nocturnes et arboricoles, ils habitent les forêts peu denses. Leur régime alimentaire est omnivore : sève, fleurs, nectars et insectes. Une membrane latérale, repli de peau rejoignant le poignet au mollet, leur permet de faire de longs vols planés de plus de 100 m, d'un arbre à un autre. Ils mesurent, selon les espèces, de 10 à 30 cm pour le corps et la tête et de 15 à 50 cm pour la queue. Ces petits phalangers volants vivent en petits groupes territoriaux. Leur structure sociale élaborée met en jeu des mécanismes complexes de communication olfactive.

Espèces : Ils comprennent 6 espèces du genre Petaurus et une espèce du genre Petauroides.

Le phalanger du sucre

Petaurus breviceps : de 90 à 130 g ; dessus grisé, avec une bande dorsale noire du museau à la base de la queue et deux bandes latérales noires autour des yeux ; dessous blanchâtre ; queue en panache servant de gouvernail et de balancier pendant les sauts ; Nouvelle-Guinée et petites îles avoisinantes, nord, est et sud-est de l'Australie.

Le phalanger de Norfolk

Petauruys norfolcensis : même signalement que l'espèce précédente ; est de l'Australie.

Petaurus australis :

dessus brun foncé, dessous jaune orangé, mains et pieds noirs ; côte est de l'Australie.

Petaurus gracilis :

nord-est du Queensland.

Petaurus abidi :

côte nord-ouest de la Papouasie-Nouvelle-Guinée.

Petaurus biacensis :

Indonésie, dans l'île Biak et les petites îles proches.

Le grand phalanger volant

Petauroides volans : ne se nourrit que de feuilles d'eucalyptus ; une membrane lui permet de planer, mais il se déplace peu ; il a des mouvements lents et mène une vie solitaire ; noir sur le dessus du corps, blanc sale en dessous ; se rencontre depuis le Queensland (est) jusqu'à l'État de Victoria (sud).

Milieu naturel et écologie

Autrefois largement répandu dans l'est et le sud de l'Australie, le koala a été victime – comme tant d'autres – de la chasse et de la destruction de son habitat, la forêt. Avant l'essor de la colonisation, à la fin du xixe siècle, il occupait une surface trois fois plus grande. Des restes fossiles du quaternaire montrent que, jadis, il a aussi occupé la côte ouest du continent.

Actuellement, son aire de répartition est limitée à l'est de l'Australie, du nord du Queensland au sud-ouest de l'État de Victoria. Il a été introduit ou réintroduit dans l'ouest de l'Australie et sur des îles proches de la côte, comme Kangaroo Island, l'île Flinders (Australie du Sud) ou l'île Phillip (Victoria).

Le koala est un animal forestier, directement tributaire de l'eucalyptus. Là où cet arbre n'a pas disparu, il occupe les forêts, jusqu'à 2 000 m d'altitude. Mais, même dans les régions où cet arbre nourricier est encore abondant, les populations de koalas sont morcelées.

Deux ennemis principaux

Le koala a peu de prédateurs. Les gros rapaces s'en nourrissent occasionnellement, mais ses deux principaux ennemis sont – de loin – le dingo, un chien sauvage, et surtout l'homme. Le dingo attaque le koala quand celui-ci s'aventure au sol. Il tue les animaux vieux ou les malades, mais un adulte en bonne santé peut lui résister et lui infliger de sérieuses blessures : le koala attaqué s'adosse à un arbre et lance de vigoureux coups de ses pattes puissantes. Comme celles-ci sont armées de fortes griffes, le dingo ne peut pas le saisir. Et dès que son ennemi a une seconde d'inattention, le koala se réfugie en une série de bonds jusqu'au feuillage de l'arbre le plus proche.

La chasse, qui a failli – pour sa fourrure – faire disparaître le koala au début du xxe siècle est aujourd'hui interdite. Mais il continue d'être menacé par les activités humaines. Son environnement est morcelé par l'expansion des habitations et des routes, tandis que la déforestation détruit directement son habitat. De nombreux koalas sont tués sur les routes, écrasés par les véhicules, ou par des chiens (4 000 koalas mourraient chaque année de ces deux façons, selon l'Australian Koala Foundation). Enfin le feu qui, dans les forêts de l'intérieur, très sèches, se propage sur d'énormes surfaces, brûlent sur place les koalas, trop lents pour fuir.

Dendrolagues et phalangers sont protégés

Tous les dendrolagues ont une aire de répartition de plus en plus réduite. Bien que leurs effectifs soient inconnus pour la plupart des espèces, ils sont aujourd'hui considérés comme rares. Les deux espèces australiennes, le dendrolague de Bennett et celui de Lumholtz, sont essentiellement menacées par la déforestation. Aujourd'hui, elles sont efficacement protégées dans des réserves. Le problème des espèces de Nouvelle-Guinée est la chasse. Les deux dendrolagues d'Australie, ainsi que le dendrolague-ours et le dendrolague grisonnant figurent en annexe II – celle des animaux menacés – de la Cites (Convention sur le commerce international des espèces menacées d'extinction).Les couscous sont eux aussi strictement inféodés à la forêt. Beaucoup d'espèces voient leur aire de répartition diminuer. Les couscous gris et tachetés figurent aussi en annexe II de la Cites. Le couscous de Woodlark et le couscous à taches noires sont considérés comme en danger d'extinction par l'U.I.C.N. (Union internationale pour la conservation de la nature) ; le couscous de Rothschild et le couscous noir sont moins menacés, mais néanmoins vulnérables.

Le koala et l'homme

Un petit « ours » très vulnérable

Les aborigènes ont toujours chassé le koala pour se nourrir, mais sans jamais mettre l'espèce en danger. Malheureusement, l'arrivée des colons en Australie, à la fin du xixe siècle, a provoqué un déclin dramatique du koala. Aujourd'hui, il est devenu une espèce emblématique du pays.

Un « ours à poche de couleur cendrée »

C'est en 1798 qu'on entend parler d'un koala pour la première fois. La description de l'animal figure dans un récit de voyage fait dans les Blue Moutains, à l'ouest de Sydney, par un auteur anonyme. Il raconte avoir trouvé dans ces montagnes un animal qui ressemble au paresseux américain. Mais cette découverte passe alors inaperçue.

Quelques années plus tard, en 1803, le Sydney Gazette publie la première description, dûment reconnue, du koala, signée par le voyageur Francis Barrallier. L'animal en question venait également des Blue Moutains. C'était une femelle qui – fait très rare – avait deux petits. Barrallier note que cet animal ressemble au wombat, marsupial d'aspect massif, mais terrestre et fouisseur et non arboricole. Il remarque déjà que le koala se nourrit uniquement de feuilles d'eucalyptus.

Le nom scientifique de l'espèce, Phascolarctos cinereus, est dû au zoologiste allemand Georg Goldfuss et date de 1817. Il signifie littéralement « ours à poche » (Phascolarctos) « de couleur cendrée » (cinereus). L'origine du nom commun, koala, viendrait du mot aborigène kullawine, signifiant « ne boit pas ».

Le koala dans les traditions aborigènes

D'une façon générale, les animaux, les plantes et la nature jouent un grand rôle dans la vie des aborigènes australiens. Cette importance se manifeste notamment dans la tradition orale, qui véhicule de nombreuses légendes sur le koala. L'une d'elles raconte pourquoi ce marsupial a toujours été traité avec respect.

À la mort de ses parents, un petit garçon est recueilli par le reste de sa tribu. Ces gens – qui sont très méchants – empêchent le garçon de boire l'eau qu'ils puisent à la rivière. Il en est réduit à manger des feuilles d'eucalyptus, mais il a quand même très soif. Un jour, la tribu partit à la chasse, laissant l'enfant tout seul avec les récipients contenant l'eau. Profitant de l'aubaine, celui-ci boit tout son saoul, puis se cache dans un eucalyptus avec le reste de l'eau. Il chante alors un chant magique et l'arbre se met à dépasser tous les autres. À leur retour, les chasseurs, furieux, s'aperçoivent que le garçon est hors d'atteinte, avec l'eau. Ils sont obligés de lui demander pardon de l'avoir traité si durement et lui promettent de toujours être gentils avec lui s'il leur rend les récipients. Le petit garçon redescend, confiant dans la parole donnée. Mais, arrivé en bas, il est accueilli à coups de pierres et de bâtons. Les gens de la tribu continuent à le frapper, tant et si bien qu'une chose étrange se produit : il rapetisse, devient plus trapu, son corps se couvre d'une belle fourrure grise : il s'est métamorphosé en koala. Il fait alors volte-face et disparaît dans les arbres pour toujours.

Depuis, les aborigènes respectent et craignent le koala. Quand ils le chassent et le tuent, ils n'ont pas le droit de lui casser les os ni d'utiliser sa peau pour faire des vêtements ou des ustensiles, sous peine de voir toute l'eau de leur territoire disparaître.

Une fourrure très prisée au début du xxe siècle

Alors que l'on estime qu'il y avait environ 10 millions de koalas en Australie avant l'installation des Européens, l'espèce a failli disparaître au début du xxe siècle. En effet, victime de leur fourrure soyeuse, de jolie couleur, solide et bon marché, les koalas finissaient transformés en manteau.

La période intensive de l'exploitation du koala pour sa fourrure débute dans les années 1860. À la fin du xixesiècle, de 10 000 à 30 000 peaux sont vendues chaque année à Londres, le principal marché de l'époque. Et la chasse s'intensifie encore dans les années suivantes. En 1924, plus de deux millions de peaux sont exportées d'Australie.

Pourtant, on n'attend pas cette date pour que l'alarme soit donnée face au danger de disparition pure et simple de l'espèce : un ensemble de règlements avaient déjà vu le jour et la chasse avait été interdite dans l'État de Victoria dès 1898 pour essayer d'enrayer le massacre de ces animaux. Une mesure identique est prise en 1906 dans le Queensland. Mais cela ne suffit pas, car le koala est victime de braconnage et sa peau est vendue sous le nom de peau de wombat, un autre marsupial australien, plus abondant. De plus, dans le Queensland, les koalas, traqués et confinés dans de trop petites surfaces, commencent à causer, dans cette région, de graves dommages aux arbres : une prétendue surpopulation de ces animaux entraîne, à la fin des années 1920, la réouverture des saisons de chasse.

Heureusement, à la fin de 1927, le gouvernement australien interdit l'exportation des peaux de koala, mettant un terme à la chasse de ce marsupial.

Maladies bactériennes

Outre les diverses menaces liées aux activités humaines, le déclin du koala a aussi été imputable à des infections par plusieurs bactéries du genre Chlamydia. Ces chlamydies existent probablement depuis toujours parmi les koalas, mais leurs conséquences sont beaucoup plus sérieuses parmi les populations « stressées », dont l'habitat est réduit. Les maladies à chlamydies (chlamydiases) du koala atteignent les yeux, la vessie, le système digestif et les voies respiratoires ; les animaux touchés peuvent mourir de pneumonie, devenir aveugles ou, dans le cas des femelles, stériles. Très contagieuses, elles se transmettent de différentes façons : par voie sexuelle, de la mère au fœtus et, sans doute, au cours de divers contacts directs (comme les combats entre mâles).

La situation actuelle du koala

Aujourd'hui, le koala est essentiellement victime de la disparition de son habitat, la forêt d'eucalyptus. La plus grande partie des populations actuelles vit dans des réserves ou dans des îlots forestiers de surface limitée, éloignés les uns des autres, entourés soit par des zones cultivées, soit par la mer : s'ils deviennent trop nombreux, les jeunes koalas ne trouvent pas de territoire où s'installer. Ils ne peuvent pas émigrer seuls, et coloniser d'autres forêts d'eucalyptus où ils pourraient se reproduire. On estime que, depuis la colonisation de l'Australie par les Européens, environ 80 % de l'habitat des koalas a disparu.

Ces populations isolées et confinées nécessitent dès lors un suivi approfondi, de façon qu'on puisse, au besoin, en transférer une partie ailleurs. C'est ainsi que le koala a été introduit dès 1870 dans des îles proches de la côte sud-est : les îles Phillip et French, qui dépendent de l'État de Victoria. En l'absence de toute limitation, ils y ont tellement proliféré qu'ils ont fini par mettre en danger leur milieu lui-même. Ils ont donc été déplacés à nouveau dans des régions du continent où ils étaient rares ou absents. C'est le cas de l'Australie du Sud, où le koala – victime de la chasse – avait disparu dans les années 1930.

Au milieu des années 2000, l'Australian Koala Foundation (AKF) estime à environ 100 000 le nombre de koalas dans la nature. Cette fondation dirige des programmes de protection et d'étude du koala, de cartographie de son habitat, de reboisement, et d'information de la population (l'essentiel de ce qui reste de l'habitat des koalas se situe en effet sur des propriétés privées). Si, au niveau de l'espèce, le koala n'est plus que peu menacé – l'U.I.C.N. lui donne, sur sa Liste rouge des espèces menacées, le statut « faible risque » –, certaines de ses populations vivent dans des habitats très réduits et fragmentés, et sont en danger au niveau local. Cependant, le koala ne bénéficie pas d'une protection au niveau fédéral ; son statut et les mesures de protection mises en place pour lui dépendent des États.