Italie : activités économiques

Italie
Italie

  • GÉNÉRALITÉS
  • PNB (2021) : 2 145 milliards de dollars
  • PNB/hab. (2021) : 35 990 dollars
  • PNB/hab. PPA (2021) : 46 450 dollars internationaux
  • IDH (2021) : 0,895
  • Taux de croissance annuelle du PIB (2021) : 6,7 %
  • Taux annuel d'inflation (2021) : 1,9 %
  • Structure de la population active (2020) :
    ● agriculture : 3,6 %
    ● mines et industries : 25,6 %
    ● services : 70,8 %
  • Structure du PIB (2021) :
    ● agriculture : 1,9 %
    ● mines et industries : 22,5 %
    ● services : 75,6 %
  • Taux de chômage (2021) : 9,8 %
  • Tourisme
  • Recettes touristiques (2020) : 20 459 millions de dollars
  • Commerce extérieur
  • Exportations de biens (2021) : 584 922 millions de dollars
  • Importations de biens (2021) : 521 034 millions de dollars
  • Défense
  • Forces armées (2019) : 342 000 individus
  • Dépenses militaires (2021) : 1,5 % du PIB
  • Niveau de vie
  • Incidence de la tuberculose pour 100 000 personnes (2021) : 5
  • Part en % des richesses détenues par les 10 % les plus élevés (2021) : 56,19 %
  • Part en % des richesses détenues par les 50 % les moins élevés (2021) : 1,64 %
  • Dépenses publiques d'éducation (2020) : 4,27 % du PIB

Grand pays touristique et industriel, l'Italie est l'un des pays de l'UE dont la dette publique n'a cessé de croître depuis les années 1990 malgré les réformes de l'administration publique et la privatisation des entreprises industrielles d'État. Si elle est détenue par des résidents pour sa plus grande part, elle dépassait 134 % du PIB en 2019. Hors énergie, la balance commerciale est de nouveau excédentaire depuis 2012 sauf avec certains pays comme l'Allemagne, son premier partenaire commercial. Si l'Italie bénéficie encore du dynamisme de ses PMI, elle reste marquée par l'écart historique – qui a pris désormais une dimension politique et fait le lit des populismes – entre les régions du Nord (Lombardie, Vénétie, Piémont) et le sud du pays, dont le revenu par habitant est inférieur de plus de 40 % à celui du Centre-Nord et où le taux de chômage dépasse 15 % contre environ 8 % dans le Centre et 6 % dans le Nord. La récession brutale à la suite de la pandémie de Covid-19 et des mesures drastiques de confinement atteint — 9 % en 2020. L'Italie est ainsi l'un des premiers bénéficiaires, avec l'Espagne et la France, du plan de relance adopté par l'UE.La reprise, estimée à 3,9 % en 2022, et la guerre en Ukraine entraînent une inflation qui atteint environ 12 % en décembre 2022 (mais 65 % pour l'énergie). Alors que 40 % des importations de gaz provenaient de Russie en 2021, l'Italie a commencé en 2022 à réduire cette dépendance en se tournant vers ses autres fournisseurs dont l'Algérie, l'Azerbaïdjan, la Norvège et les Pays-Bas.

1. Historique de l'économie

Après la Seconde Guerre mondiale, l'Italie a connu, au cours des années 1950 et 1960, un essor rapide, qualifié de « miracle économique » et caractérisé par une forte croissance de la production industrielle (de l'ordre de 6 % par an en moyenne), auquel a succédé une phase de perturbations puis de crise économique.

Le choc pétrolier de 1973 a en effet provoqué une hausse de l'inflation (à un taux de 20 % par an) et du chômage, qui frappait, dans les années 1970, près de deux millions de personnes. À la même époque, la balance commerciale est devenue gravement déficitaire et l'économie est tombée dans une période de récession. Cette évolution a bouleversé, en l'espace de trente ans, la structure de la population active. En 1981, le secteur primaire n'employait plus que 13 % de la population active (contre 44 % en 1951), l'industrie, 37 %, et les services, 50 %.

C'est seulement dans la seconde moitié des années 1980, grâce en partie au recul du dollar américain, que l'Italie connaît un deuxième miracle économique. Les services (65 % de la population active en 2005) acquièrent un rôle de plus en plus prépondérant à la faveur de l'innovation technologique et d'une restructuration du tissu économique, tandis que les secteurs primaire (4 %) et secondaire (31 %) continuent à perdre de leur importance.

En 1992, cependant, la lire italienne, sous la pression des marchés financiers internationaux, est exclue du système monétaire européen. Si, d'un point de vue politique, l'épisode est un déboire, d'un point de vue conjoncturel, il a permis à l'économie de la péninsule de reprendre son souffle grâce à une forte hausse des exportations. Le produit intérieur brut (P.I.B.) est aujourd'hui supérieur à 2 000 milliards de dollars. Le produit national brut (P.N.B.) atteint une moyenne d'environ 30 000 dollars par habitant en parité de pouvoir d'achat. En 2008, le secteur agricole fournissait 2 % du P.I.B., loin derrière l'industrie (27 %) et les services (71 %).

Certes, le pays a fait un grand bond en avant dans les années 1980, à la fois d'un point de vue technologique et industriel. Mais il reste marqué par une forte opposition socio-économique entre le Nord, véritable « locomotive » de l'économie italienne, et le Sud, qui accuse un réel retard, même si quelques grands centres industriels tendent à s'affirmer, comme le port de Gioia Tauro, en Calabre, devenu en quelques années un pôle important pour le transport maritime en mer Méditerranée. L'Italie se caractérise également, surtout dans le Mezzogiorno (l'ensemble de l'Italie du sud), par des poches de pauvreté, un système public d'éducation et de santé souvent médiocre et un taux de chômage relativement élevé (11,1 % de la population active en 2012 pour l'ensemble du pays), quoiqu'en diminution et même si le travail au noir tempère les chiffres officiels.

2. La politique économique

C'est probablement en matière de politique économique que l'Italie a fait les efforts les plus intenses. Pendant longtemps, le système privé a devancé le système public. Le traité de Maastricht et l'avènement de l'Union économique et monétaire (U.E.M.) ont imposé au monde politique un redressement des comptes budgétaires. Jusqu'en 1995, la dette publique représentait 120 % du produit intérieur brut (P.I.B.), soit le double de la limite imposée aux États désireux de participer à la monnaie unique européenne. De même, le déficit public atteignait 10 % (ou plus) du P.I.B., soit beaucoup plus que la limite de 3 % définie par le traité de Maastricht. En deux ans seulement (de 1996 à 1997), il a été ramené à environ 2,7 % du P.I.B., ce qui a permis à l'Italie d'être admise dans le groupe restreint des pays bénéficiant, depuis 1999, de la mise en circulation de l'euro. La chute du déficit et un faible taux d'inflation (autour de 2 % par an) ont en outre autorisé une diminution des taux d'intérêt à long terme, passés de 12 % à 5 %. La dette publique, en revanche, reste élevée : 120 % du produit intérieur brut.

Les gouvernements qui se sont succédé depuis le début des années 1990 ont essayé de privatiser et de libéraliser l'économie. Ainsi, l'I.R.I. (l'Institut pour la reconstruction industrielle, créé sous le régime de Mussolini au début des années 1930), la plus grande holding publique italienne, qui n'avait cessé de s'élargir jusqu'à la fin des années 1980 en prenant le contrôle de quelques dizaines de grandes entreprises – d'Alitalia à la Rai (télévision publique), en passant par Alfa Romeo –, a commencé à vendre, à partir de 1992, une partie de son patrimoine. Parallèlement, de nombreuses privatisations ont eu lieu : Banca Commerciale Italiana et Credito Italiano dans le secteur bancaire, I.N.A. dans le secteur des assurances, Telecom Italia (télécommunications) et E.N.I. (hydrocarbures) dans le secteur des grandes sociétés d'utilité publique. Le gouvernement Prodi (1996-1998) a également fait un effort pour libéraliser une économie encore très fermée, en ouvrant, notamment, le secteur des télécommunications à la concurrence.

3. L'agriculture et la pêche

La surface agricole utile représente près de 54 % du territoire national, sans compter les forêts et les sols non cultivés ou abandonnés. La quasi-totalité des exploitations est à gestion directe (96 %), alors que seulement 4 % sont des coopératives. Ces dernières ont une superficie moyenne qui avoisine les 50 hectares, contre seulement 3 hectares pour les exploitations familiales. Cette parcellisation est cependant en voie de disparition, compte tenu de l'augmentation de la taille des propriétés, qui profite surtout aux exploitations supérieures à 20 hectares.

3.1. Une agriculture autrefois prospère

Par leur labeur millénaire, les Italiens avaient fait de leur péninsule une puissance agricole. La Sicile fut un grenier à blé de l'Empire romain : le Sud était alors prospère, preuve que le déterminisme physique n'est pas une explication pertinente du retard actuel. Pendant des siècles, à l'exception de quelques terroirs spécialisés, l'Italie fut le modèle de l'agriculture méditerranéenne. Les céréales et les cultures irriguées, à proximité des habitations, fournissaient les bases de l'alimentation. La vigne, plantée en filari, l'olivier et, plus généralement, les arbres fruitiers introduisaient une grande variété. L'élevage itinérant, parfois conquérant comme en Sardaigne, complétait ce tableau. Cette cultura promiscua n'empêchait pas l'essor de spécificités régionales. Au sud, au sein des latifundia, le système féodal donnait la préférence à des formes extensives. Au nord, sous l'influence des bourgeoisies urbaines, apparaissaient d'autres spéculations, liées aux investissements massifs que suscitait la terre.

3.2. Vers une agriculture moderne

Les grandes batailles pour la bonification et la culture du blé, conduites à l'époque fasciste, constituèrent une première tentative de modernisation. La mise en place de la politique agricole commune (PAC) acheva de bouleverser l'ancien système et fit surgir une agriculture de marché, fondée sur une culture, voire deux.

Le métayage, autrefois très répandu, est supprimé en 1982. Engrais et mécanisation progressent, tandis que la réduction des superficies cultivées est de l'ordre de 15 %. Mais la diffusion de l'agriculture de marché n'est pas générale. De vieilles fermes et des reliques de cultura promiscua ornent encore les collines de l'Italie centrale et les plateaux des îles méridionales. Le développement et la modernisation, dans ce cas aussi, entraînent leur lot de disparités économiques et géographiques.

3.3. Le dualisme de l’agriculture

La caractéristique fondamentale de l'agriculture italienne est son dualisme.

D'une part, subsiste difficilement une agriculture marginale, fondée sur des exploitations familiales avec une main-d'œuvre âgée, peu sensible aux lois du marché, dépendante des aides publiques, et dont l'avenir est compromis. Toutefois, quelques possibilités existent, notamment dans les domaines de l'agritourisme, de la valorisation des produits traditionnels et de la préservation des sols dans les territoires géologiquement fragiles.

D'autre part, on trouve une agriculture à haute intensité capitalistique, localisée surtout dans le Nord (plaine du Pô), mais présente aussi dans certaines régions du Mezzogiorno largement favorisées par le climat (Pouille, Campanie et Sicile). Dans les dernières décennies, cette agriculture a accompli d'énormes progrès de productivité, s'est diversifiée, et a amélioré nettement la qualité de la production. Il ne faut pas oublier l'émergence d'une importante filière agro-alimentaire pour satisfaire des besoins toujours plus sophistiqués et changeants d'une société de hauts revenus, même si la part des dépenses consacrées à l'alimentation ne représente plus que moins d'un cinquième des dépenses de consommation des ménages.

3.4. Les principales productions de l’agriculture

Les cultures céréalières

Les cultures céréalières occupent, au total, une superficie de 4 millions d'hectares. Le blé tendre est surtout cultivé dans la plaine du Pô et dans les Marches. Le blé dur, pour la production de pâtes, est surtout cultivé dans le Sud (en particulier dans la Pouille et en Sicile). Il représente près de la moitié des cultures céréalières. Le maïs hybride (10 % des céréales) est cultivé pour la nourriture du bétail (dans toute la plaine du Pô). Le riz était produit principalement pour l'exportation, en Lombardie et au Piémont. Aujourd'hui, dans la plaine du Pô, les mondine, qui repiquaient le riz, ont pratiquement disparu. Betterave, colza, tournesol et, plus récemment, soja ont remplacé les rizières.

La vigne

La vigne a une valeur marchande importante. L'Italie est le premier producteur de vin au monde, en volume. Une petite partie du raisin récolté est vendu comme raisin de table. Il vient des Abruzzes et de la Pouille. Les vignobles spécialisés se multiplient et les vins produits, d'une bonne qualité moyenne, font une dure concurrence à la France. La Pouille fournit des vins de table. La Toscane produit du chianti. D'autres régions ont à la fois un vignoble de quantité et des crus célèbres, tels le Piémont (barolo), la Vénétie (valpolicella), l'Émilie (lambrusco), le Latium (castelli romani), la Campanie (lacrima-christi), la Sicile (marsala).

L'olivier

L'olivier, concentré en Ligurie et dans le Sud (notamment dans la Pouille et en Calabre), a nettement régressé. Les cultures fruitières et légumières ont pris une grande place. Les pommes, poires, pêches sont cultivées en grandes quantités en Émilie, Vénétie, Campanie. La Sicile (avec la Calabre) est le domaine des agrumes, mais cette exploitation est concurrencée par l'extension effrénée des vignobles irrigués. Pour les légumes, l'Italie du Sud l'emporte avec un ensemble de productions très variées d'où émergent les cultures de poivrons et d'aubergines (Campanie), d'oignons (Émilie, Campanie) et encore plus de tomates (Émilie, Campanie). Les fleurs de Ligurie, cultivées sous serre, les cultures industrielles de Vénétie (betterave à sucre et oléagineux) occupent des superficies réduites.

L'élevage

L'Italie n'a jamais été un grand pays d'élevage et elle continue à être largement importatrice de viande. La production fourragère est insuffisante pour nourrir un troupeau abondant. L'élevage bovin est pour plus des deux tiers en Italie du Nord. C'est un élevage tourné vers le lait et la viande ; il alimente une production fromagère de qualité. L'élevage ovin est, quant à lui, concentré dans le Sud, en particulier en Sardaigne. C'est l'élevage de porcs qui devient, avec l'aviculture, le plus important ; il s'agit d'un élevage industriel, en stabulation, relié au secteur de la charcuterie, et la principale région est ici l'Émilie-Romagne.

La sylviculture

L'Italie est également importatrice en matière de bois, car les forêts nationales sont très dégradées et souvent composées de taillis. Il y a cependant quelques riches forêts de résineux dans les Alpes, de feuillus dans l'Apennin. La culture du peuplier s'est étendue dans la plaine du Pô.

La pêche

La pêche est à rapprocher de la vie rurale. Malgré les 8 000 km de côtes, elle n'a que peu de poids dans l'économie nationale, car la Méditerranée est peu poissonneuse. Les côtes ont été longtemps malsaines et peu sures, ce qui a éloigné les hommes des rivages. La pêche reste une activité limitée qui anime, cependant, les ports de la mer Adriatique (Chioggia, San Benedetto del Tronto, Ancône, Molfetta, Bari), de la mer Tyrrhénienne (Livourne, Viareggio, Pozzuoli) et des deux grandes îles (Sicile [Trapani] et Sardaigne). Les prises viennent pour la moitié de l'Adriatique. On relève quelques élevages marins (La Spezia, Naples, Tarente). Les besoins nationaux ne sont pas couverts.

4. Les ressources naturelles

Les ressources minières de la péninsule sont modestes et le pays est très dépendant dans le domaine énergétique. Les gisements de fer de l'île d'Elbe, les mines de mercure du mont Amiata, en Toscane, et celles de soufre, en Sicile, sont tous fermés. Les petits gisements de charbon (Aoste, Sulcis en Sardaigne) sont épuisés. Seules fonctionnent encore quelques exploitations de plomb et de zinc en Sardaigne, de bauxite dans la Pouille. L'hydroélectricité des centrales alpines, la géothermie (en Toscane) et le nucléaire ne remplacent pas les hydrocarbures. L'Italie extrait de son sous-sol du méthane (dans la plaine du Pô, en Lucanie et en Sicile) et du pétrole dans la plaine du Pô (gaz de Ravenne), dans l'Adriatique, en Sicile (pétrole de Gela, Raguse).

5. L'industrie

5.1. Une grande puissance industrielle

L'Italie est devenue, à partir des années 1980, une grande puissance industrielle.

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la situation de l'industrie italienne était très détériorée : un secteur productif presque exclusivement localisé dans le triangle Milan-Turin-Gênes, un protectionnisme élevé par rapport à la concurrence internationale, une demande finale provenant en grande partie du secteur public, des difficultés pour introduire des techniques de production plus performantes, etc.

Malgré ces mauvaises conditions de départ, les résultats de ces dernières décennies ont été largement positifs : tout d'abord, grâce à la reconversion du réseau industriel et à son développement dans presque toutes les régions du pays ; ensuite, grâce à l'accélération des investissements technologiques ; et enfin, de nos jours, grâce à l'internationalisation des entreprises, tant sur le plan commercial (importations et exportations) que financier (investissements directs étrangers). Les petites et moyennes entreprises (moins de 100 employés) font encore la force du système économique italien. La majorité est caractérisée par un fort dynamisme, un haut degré d'intensité capitalistique, une nette ouverture au progrès technique, une production concentrée sur les biens « modernes » qui s'adaptent à l'évolution rapide des goûts. Ces entreprises, très actives à l'exportation, sont les principales créatrices d'emplois du secteur industriel. Beaucoup de petites et moyennes entreprises ont pour origine l'esprit créateur et l'individualisme d'entrepreneurs qui sacrifient tout à leur activité et qui souvent savent faire grandir leur entreprise ; les machines-outils, l'agroalimentaire, le textile et l'électronique sont les points forts de ces secteurs économiques.

5.2. Un tissu industriel tripartite

Le Nord concentre environ 60 % des activités industrielles du pays. Le triangle industriel qui s'était formé, au début du xxe s., autour de Milan, de Turin et de Gênes, s'est peu à peu élargi et englobe, désormais, tout le nord de la péninsule, et notamment la vallée du Pô. Des régions jadis très pauvres sont devenues riches aujourd'hui (Frioul et Vénétie en tête). La production de chaises, par exemple, au Frioul représente environ 30 % de la production mondiale.

Dans le centre de l'Italie, les régions autour de Florence et de Rome regroupent un réseau de plus en plus puissant de petites et moyennes entreprises.

Dans le Sud, le tissu industriel se concentre autour de Naples, de Brindisi et de Palerme. Il y a des réussites exceptionnelles : les lainiers de Prato, les sidérurgistes de Brescia, les producteurs d'articles électroménagers.

5.3. Les spécificités de l'industrie

Dans quelques branches (textile, travail du cuir), un apport notable provient de l'économie « souterraine », qui vit avec toute une série d'expédients (travail au noir, évasion fiscale, ventes sans facture). Présent en particulier dans les branches de consommation, employant une main-d'œuvre évidemment bon marché, il concurrence « sauvagement », sur les marchés extérieurs, les productions « officielles ». C'est notamment le cas dans le textile (confection), le travail du cuir (chaussures). Cette situation, originale, mais déjà ancienne, atténue en fait la signification de l'officiel taux de chômage et contribue à expliquer la grande souplesse de l'économie.

Les sociétés coopératives restent rares, tandis que les grandes entreprises industrielles (→ Fiat et E.N.I. en tête) essaient tant bien que mal de s'internationaliser. La spécialisation privilégie les secteurs de moyenne technologie tandis que les industries de pointe stagnent. L'industrie italienne investit encore trop peu dans la recherche et développement, et la balance des brevets est fortement déficitaire. Le passage de la moyenne à la grande entreprise, est très difficile à franchir, non seulement à cause d'une insuffisance de ressources financières mais aussi à cause des difficultés à s'ouvrir au capital extra-familial, à décentraliser la gestion et à communiquer avec les marchés financiers, les actionnaires et les consommateurs. Par rapport à l'Allemagne, à la France ou à la Grande-Bretagne, les multinationales italiennes sont peu nombreuses et reposent, le plus souvent, sur un clan familial.

L'Italie reste le pays des « capitaines » d'industrie. Le renouveau de la Fiat (Fabbrica italiana automobili Torino), qui s'est fait contre le pouvoir purement gestionnaire des syndicats, est l'œuvre de la famille Agnelli. D'autres grandes familles d'industriels dominent (les Pirelli pour la société de pneumatiques, les Berlusconi pour Fininvest). En quelques années, toutefois, certaines petites et moyennes entreprises sont devenues des sociétés très renommées à l'étranger (Benetton, Marzotto et Luxottica, par exemple).

5.4. Les principales productions industrielles

Durant les années 1950, la sidérurgie représentait la principale activité industrielle et était concentrée essentiellement à Gênes, Piombino, Tarente, Terni. Les métaux non ferreux sont traités à Porto Marghera (aluminium), Mori, Bolzano, Brescia. L'Italie occupe toujours une place de choix dans le secteur des constructions mécaniques, en particulier dans la production de moyens de transport à Turin, Milan, Naples, Modène. Des usines de matériel agricole, de construction aéronautique sont implantées à Turin et à Varèse. Les grands chantiers navals sont à Sestri Ponente, Gênes, Naples, Ancône, Trieste-Monfalcone. La mécanique de précision et l'électromécanique sont largement diffusées dans les grandes villes. La chimie est d'abord représentée par le raffinage des hydrocarbures. La chimie lourde est installée à Ferrare, à Ravenne, à Brindisi, à Syracuse, à Gela. La chimie légère possède un fort secteur de fibres artificielles et synthétiques (Milan, Cesano Maderno, Varèse, Casoria), l'industrie du caoutchouc est active à Milan et à Turin. Les industries textiles sont aujourd'hui en recul, le travail du coton se continue près de Milan (Busto Arsizio, Gallarate), celui de la laine à Biella, à Prato, à Schio, à Valdagno. La fabrication des vêtements est au contraire en plein essor, comme celle de la chaussure (Barletta, dans la Pouille). Les autres industries sont plus limitées : travail du verre à Pise, à Livourne, à Milan, à Venise, fabrication de meubles (Toscane, Brianza), industries du papier (Fabriano), industries alimentaires (minoteries, sucreries, confiserie industrielle). Dans presque tous les cas, le Nord est avantagé par rapport au Sud.

6. Le secteur tertiaire

6.1. Les transports

Le réseau routier

Le réseau routier, dans un pays où l'automobile est reine, illustre trois priorités : relier le Sud et le Nord, être bien raccordé à l'Europe rhénane, desservir le boulevard urbain de la plaine padane. Le premier axe, le plus important, draine les flux de la plaine du Pô, de Turin à Trieste. Vers lui confluent les routes alpines qui descendent du Brenner, du Simplon et du mont Blanc. Plus au sud, deux axes longent les littoraux adriatique et tyrrhénien. Le troisième, le plus chargé, dessert Bologne, Florence et Rome. Au sud de la capitale, l'axe central disparaît. De nombreuses routes nationales (Aurélienne, Tiburtina...), en conservant le nom des anciennes voies romaines, attestent la permanence de ce réseau.

Les transports ferroviaires

Les transports ferroviaires, lents et mal répartis, n'ont pas été modernisés de manière satisfaisante.

Les transports maritimes

Les transports maritimes conservent leur importance. Près de 15 % du trafic correspondent à une navigation de cabotage, le reste représentant le trafic international, dans lequel la part des hydrocarbures est considérable. Les principaux ports sont Gênes, Trieste, Augusta, Tarente, Venise. L'avion est un concurrent redoutable pour le trafic passager.

6.2. Le tourisme

Le système de transport est un allié efficace de l'activité touristique. Depuis longtemps, il existe une tradition de tourisme international en Italie (le voyage en Italie des aristocrates), mais il a fallu attendre les années 1950 pourvoir se développer un tourisme de masse. En 1932, les visiteurs étrangers sont au nombre de 2 millions. En 1950, ce nombre passe à 5 millions, pour sauter à 18 millions dans les années 1970 et à 46 millions en 2011. Les nationalités les mieux représentées sont les Allemands, suivis par les Américains et les Français. Les sources de l'attraction touristique sont multiples.

Le tourisme historique, culturel, urbain et religieux attire des millions de personnes vers Rome, Florence, Venise, les ruines de Pompéi, les petites cités de la Renaissance, la multitude des centres d'art. Il s'y ajoute le tourisme de montagne des rives des lacs subalpins (Côme, Bellagio, Stresa) et des stations de ski des Dolomites (Cortina d'Ampezzo). Les activités balnéaires, qui drainent des flux moins fournis, correspondent à des séjours plus longs (supérieurs à une semaine), malgré une tendance à la réduction : Venise et la côte adriatique (Rimini, Iesolo), la Riviera des fleurs en Ligurie (Imperia, San Remo, Portofino). Par rapport au cœur de l'Europe rhénane, l'effet des distances est primordial : le nombre de touristes diminue vers le sud. Les grandes migrations touristiques animent les Alpes en toutes saisons, tandis que les littoraux ligure, toscan et adriatique n'attirent de grandes foules qu'en été. Les cités balnéaires, avec leur front de mer dominant une voie commerciale animée en soirée, sont répandues le long du littoral. Le sud du pays, Sicile mise à part, est moins visité ; des opérations spectaculaires y sont menées, comme celle du développement de la Costa Smeralda en Sardaigne.

Malgré un potentiel remarquable, les activités touristiques sont en crise. L'excédent de ce secteur tend à diminuer, mettant en péril l'équilibre de la balance des paiements. Mais ce déclin traduit aussi l'enrichissement des Italiens, qui sont de plus en plus nombreux à sortir de leur pays pour emprunter les anciennes voies romaines de France ou d'Espagne. Alors que l'érosion des flux de visiteurs ne cesse de progresser, l'environnement balnéaire se dégrade, notamment sur le littoral adriatique. Les rivieras méditerranéennes, hier dépourvues de concurrence, doivent maintenant faire face à la montée en puissance de la Tunisie et du Maroc, où les prix, beaucoup plus avantageux, drainent une foule toujours plus nombreuse.

6.3. Le commerce

En partie grâce au tourisme, l'appareil commercial italien est très développé. Il y a d'abord un commerce de détail, très diffus. Les petits commerçants sont nombreux, ce qui est quelquefois le moyen de masquer le sous-emploi. Ce petit commerce est doublé, désormais, par la progression des grandes surfaces, intégrées à de puissantes sociétés commerciales. Le commerce a aussi une dimension internationale, car l'Italie a pratiqué une politique d'ouverture sur le monde. La balance commerciale du pays est déficitaire, car, en dépit de l'agressivité commerciale des exportateurs italiens, les importations l'emportent. L'Italie a conquis les marchés extérieurs pour les articles vestimentaires, les productions mécaniques, les véhicules, mais elle doit acheter des hydrocarbures (elle importe 23 % de ses besoins en pétrole et 10 % en gaz de la Libye), des matières premières, des produits alimentaires. Ses échanges se font pour près de la moitié avec l'Union européenne. Le déficit commercial est compensé au niveau de la balance des paiements par les revenus du tourisme et ceux des investissements à l'étranger.

7. Les sites d'Italie classés à l'Unesco

Plusieurs sites d'Italie sont inscrits sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco :

Assise : la basilique de San Francesco et les autres sites franciscains ;
Caserte : palais royal du xviiie siècle avec le parc, l’aqueduc de Vanvitelli et l’ensemble de San Leucio ;
Castel del Monte ;
Crespi d'Adda ;
Ferrare : ville de la Renaissance, et son delta du Pô ;
Florence : centre historique ;
Gênes : les Strade Nuove et le système des palais des Rolli ;
Matera : les Sassi et le parc des églises rupestres ;
Mantoue ;
Modène : cathédrale, Torre Civica et Piazza Grande ;
Naples : centre historique ;
Padoue : jardin botanique (Orto botanico) ;

Pienza : centre historique ;
Pise : piazza del Duomo ;
Ravenne : monuments paléochrétiens ;
Rome : centre historique ;
Sabbioneta ;

San Gimignano : centre historique ;
Sienne : centre historique ;
Syracuse et la nécropole rocheuse de Pantalica ;
Urbino : centre historique ;
Venise et sa lagune ;
Vérone ;
Vicence ;
Aquilée : zone archéologique et basilique patriarcale ;
– Padula : la chartreuse ;
– Santa Maria delle Grazie : l'église et le couvent dominicain avec « La Cène » de Léonard de Vinci ;
– Tivoli : villa Hadriana ;

– Tivoli : villa d'Este ;
– Piémont et Lombardie : Sacri Monti ;
– Sites palafittiques préhistoriques autour des Alpes ;
Val Camonica : art rupestre ;
– Albula et Bernina : chemin de fer rhétique ;
Côte amalfitaine ;
Portovenere, Cinque Terre et les îles (Palmaria, Tino et Tinetto) ;
– Vallée de l'Orcia ;
Alberobello : les trulli ;
Barumini : Su Nuraxi ;
– Résidences des Savoie ;
– Toscane : villas et jardins des Médicis ;

– Vénétie : villas de Palladio ;
– Noto (sud-est de la Sicile) : villes du baroque tardif de la vallée ;
– Lombards en Italie : lieux de pouvoir (568-774 après J.-C.) ;
Pompéi, Herculanum et Torre Annunziata : zones archéologiques ;
Agrigente : zone archéologique ;
Cerveteri et Tarquinia : nécropoles étrusques ;
Paestum : site archéologique ;

Casale : villa romaine ;
– Velia (site archéologique) ;
– Cilento (parc national) ;
– Vallo Diano (parc national) ;
Îles Éoliennes ;
Dolomites ;
Etna ;
– Monte San Giorgio.

Pour en savoir plus, voir les articles géographie physique de l'Italie et population de l'Italie.