Le souverain marquait ainsi sa volonté d'assumer un rôle prépondérant dans le golfe Persique. Les trois îlots occupés commandent l'accès du détroit d'Ormuz. Si leur utilité stratégique est controversée, compte tenu notamment de leur exiguïté (environ 10 km2 chacun) leur importance économico-politique est incontestable : toutes les douze minutes en moyenne, un pétrolier franchit ce bras de mer, lequel permet d'écouler près de 200 millions de t de l'or noir iranien.

USA

L'occupation des trois îlots suscite peu de réactions, en particulier des pays arabes. L'ONU, les puissances occidentales et communistes (URSS et Chine comprises) observent le silence devant ce que certains dénoncent comme étant un « coup de force » ou une « agression caractérisée ».

Les moyens militaires dont dispose l'empire des Pahlevi est à la mesure de ses amitiés sur la scène mondiale. Les États-Unis et la Grande-Bretagne considèrent l'Iran comme leur allié privilégié dans la région. Lors d'un court séjour à Téhéran, le 31 mai, le président Nixon l'a laissé nettement entendre après avoir fait un vif éloge du chah et de sa politique. D'ailleurs, les achats iraniens aux États-Unis ont décuplé depuis 1954, passant de 250 millions de dollars à 2,5 milliards ; les investissements américains dans le royaume s'élèveraient à plus d'un milliard de dollars (sans compter ceux qui ont été effectués par les compagnies pétrolières). Le ferme soutien de Washington au régime Pahlevi, comme celui de Londres, est dicté aussi par des considérations politiques et stratégiques dans l'une des régions pétrolières les plus riches au monde et où, estime-t-on, la double pénétration soviétique et chinoise pourrait devenir menaçante.

Aussi l'Iran a-t-il reçu davantage de Phantom qu'Israël (pourtant en état de guerre) et prendra livraison d'un millier de chars d'assaut que la Grande-Bretagne avait refusé de vendre à la Libye du colonel Kadhafi.

Chine

Cependant, toujours fidèle à sa politique d'équilibre, le chah a pris l'initiative d'établir, le 17 août 1971, des relations diplomatiques avec la Chine. Dans le communiqué conjoint publié à cette occasion, Pékin a décerné au souverain une sorte de titre d'anti-impérialiste militant dans les termes suivants : « Le gouvernement de la république populaire de Chine soutient fermement la juste lutte du gouvernement impérial de l'Iran pour la sauvegarde de son indépendance nationale, sa souveraineté et la protection de ses ressources nationales. » Ainsi la Chine populaire prend pied sur les rivages pétroliers du Proche-Orient tandis que l'Iran, tout en frayant un passage à ses produits pétrochimiques vers un vaste marché de consommation, tente de couper l'herbe sous les pieds des guérilleros maoïstes de la région.

L'URSS, de même, a de bonnes raisons de développer des relations amicales avec Téhéran. Elle aide l'Iran à édifier une industrie lourde et achète ses produits en quantités grandissantes. Devenue la première cliente du royaume (pétrole non compris), elle a accru ses exportations vers son voisin méridional de 160 % entre 1969 et 1971, conduisant ainsi les échanges à tripler au cours de la même période. Rien d'étonnant dès lors que l'URSS s'abstienne de critiquer le chah et que l'Iran impérial ait célébré dans le faste le centenaire de Lénine...

En matière économique, également, le bilan est positif. Le gouvernement estime à 20 % le taux de croissance pendant l'année fiscale 1971-72. Le budget de 1972-73, équilibré, est en hausse de 21 % et s'élève à 38 milliards de francs. Le revenu annuel par tête d'habitant atteint les 400 dollars. Cet essor est attribué largement à l'augmentation spectaculaire des revenus pétroliers, de l'ordre de 70 % en 1971, qui se sont élevés cette année-là à 9,8 milliards de francs.

Cependant, la prospérité étant mal répartie et la politique du chah étant impopulaire, la paix sociale ne paraissait pas, en juin 1972, entièrement acquise.

Séisme dans le Fars : des milliers de victimes

La province du Fars a été durement éprouvée, dans les premières heures de la matinée du 10 avril 1972, par un très violent tremblement de terre. D'une magnitude de 6,6 ou 6,7, le séisme a ravagé la petite ville de Qir, et la région environnante a été la plus touchée. Le nombre des morts est estimé à 4 000 (6 000 même selon certaines sources) dont un millier dans la seule Qir, qui, avant la catastrophe, comptait environ 5 000 habitants. La ville de Qir est située à 150 km au sud de Chiraz. Les victimes du 10 avril sont surtout des femmes, des enfants et des vieillards, les hommes étaient déjà aux champs. Les précédents séismes catastrophiques d'Iran se sont produits en 1962 à Quazvin (12 500 morts) et, en 1968, dans le Khorassan (10 000 morts). Le Fars est une région séismique : en 1960, un tremblement de terre avait tué 400 personnes à Lar et dans vingt villages environnants.

Israël

3 010 000. 145. 2,9 %.
Économie. PNB (69) 1 663. Production : G (88) 140 ; A (*69) 152 ; I (69) 185. Énerg. (*69) : 2 154. C.E. (69) : 15 %.
Transports. (*69) : 322 M pass./km, 420 M t/km. (*69) : 134 300 + 61 600.  : 714 000 tjb. (*69) : 2 150 370 000 pass./km.
Information. (*69) : 24 quotidiens ; tirage global : 579 000. (68) : *627 000. (67) : 26 000. (69) : 178 000 fauteuils ; fréquentation : 49,1 M. (69) : 474 876.
Santé. (69) : 6 897. Mté Inf. (69) : 23,5.
Éducation. (68). Prim. : 452 942. Sec. et techn. : 129 408. Sup. : 44 758.
Institutions. État indépendant le 14 mai 1948. République. Des lois fondamentales tiennent lieu de constitution. Président de la République : Zalman Shazar, réélu le 26 mars 1968. Premier ministre : Mme Golda Meir.

Agitation sociale et difficultés économiques

Un nouveau front s'est ouvert en Israël, un soir de mai 1972. En l'espace de quelques minutes, l'aéroport international de Lod s'est transformé en un véritable champ de bataille. Un témoin dira plus tard : « J'ai combattu dans l'armée israélienne, mais ce que j'ai vu, ce soir-là, dépasse toutes les horreurs de la guerre. »

Kamikaze

Mardi 30 mai à 22 h 25 : 330 passagers se bousculent dans la salle des bagages du grand aéroport. Le vol régulier d'Air France Paris-Rome-Tel-Aviv vient d'atterrir. Parmi les passagers, trois jeunes Japonais qui, après avoir subi les classiques formalités de douane, récupèrent tranquillement leurs valises. Devant les douaniers frappés de stupeur, ils en extraient trois mitraillettes tchécoslovaques et des chapelets de grenades. Ils commencent aussitôt à tirer sur tout ce qui se trouve à leur portée, dégoupillant posément chaque grenade entre de meurtrières rafales. Pendant cinq minutes, les trois kamikazes, recrutés et entraînés par le Front populaire pour la libération de la Palestine, tiendront en échec l'une des meilleures armées du monde. Deux d'entre eux seront tués et le troisième sera fait prisonnier. Dans l'aéroport criblé de balles, on relèvera 26 morts et de très nombreux blessés.