Cela traduit un renversement de la politique étrangère japonaise, qui recherche une plus grande indépendance à l'égard des États-Unis (opération facilitée par l'évolution financière de la seconde moitié de 1971) et se préoccupe davantage de ses voisins, en premier lieu, naturellement, du plus puissant d'entre eux, la Chine populaire, marché véritablement à la dimension de l'ambition de l'industrie nippone. Cette évolution n'est pas étrangère à la démission, le 7 juin, du premier ministre Sato.

La définition d'une politique étrangère susceptible d'être acceptée... à Pékin, Moscou et Washington est le fait dominant de la première moitié de 1972, marquée, le 14 mai, par le retour au Japon de l'île d'Okinawa.

Gauchistes

Une dramatique affaire de règlements de comptes gauchistes trouble profondément le pays. Le 13 mars, la police découvre les cadavres d'une douzaine de jeunes gens et de jeunes filles cruellement torturés, membres de la nouvelle armée rouge. Cette organisation révolutionnaire s'était signalée notamment, aux environs de Noël, par l'assassinat (par colis piégé) d'un haut fonctionnaire de la police. Une vaste chasse à l'homme déclenchée aussitôt, puis l'arrestation de quatre de ses membres en janvier et, un peu plus tard, le siège en règle d'une villa (au cours duquel deux policiers sont tués) aboutissaient à des arrestations qui permettaient de découvrir l'effarante vérité. Une véritable épuration, sous le prétexte de déviationnisme, s'opérait au sein du groupe. Les victimes étaient parfois assassinées par leurs frères ou en présence de leur femme après un simulacre de jugement.

Le voyage de l'empereur

Le deuxième trimestre de 1971 est marqué par le voyage en Europe de l'empereur Hiro-Hito. Pour la première fois un empereur quittait le territoire national. Après une escale en Alaska, où il rencontre le président Nixon, il est reçu à Copenhague le 27 septembre, à Paris le 2 octobre, puis à Londres, à La Haye, à Amsterdam et à Bonn.

Jordanie

2 380 000. 25. 3,6 %.
Économie. PNB (68) 263. Énerg. (*69) : 308. C.E. (68) : 7 %.
Transports. (*69) : 15 000 + 5 500. (*69) : 159 269 000 pass./km.
Information. (68) : 2 quotidiens ; tirage global : 26 000. (60) : *64 000. (69) : *25 000. (65) : 20 000 fauteuils ; fréquentation : 6,1 M. (69) : 29 864.
Santé. (68) : 571.
Éducation. (68). Prim. : 229 691. Sec. et techn. : 77 630. Sup. : 4 077.
Institutions. État indépendant le 22 mars 1946. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1951. Souverain : Hussein ibn Talal ; succède à son père en 1952. Premier ministre : Ahmed Laouzi.

Hostilité

Si le roi Hussein consolide son trône à la suite de la liquidation, en juillet 1971, des vestiges des organisations palestiniennes, la position de la Jordanie sur la scène internationale, en particulier dans le monde arabe, paraît se dégrader. L'épreuve de force avec les fedayin, d'abord, l'annonce ensuite du plan Hussein le 15 mars 1972, concernant la création d'une éventuelle fédération jordano-palestinienne, érodent le prestige du jeune souverain et aggravent l'isolement de son pays.

En juin 1972, la Jordanie n'entretenait plus de relations diplomatiques avec l'Algérie, l'Égypte, la Libye, la Syrie et la République démocratique du Yémen, tandis que ses rapports avec l'Irak, le Koweit, le Yémen du Nord notamment étaient plutôt froids. Seule l'Arabie Saoudite continuait à manifester sa solidarité active à l'égard d'une monarchie dont l'existence pourrait être remise en cause par une coalition d'intérêts.

Le roi Hussein dénonce l'hypocrisie des pays arabes. Ceux-ci, tout en étant intimement d'accord avec l'essentiel de son projet de fédération qui aurait comme mérite d'offrir aux Palestiniens une patrie bénéficiant d'une large autonomie, proclament leur hostilité, soutient-il, par opportunisme et démagogie. Les Arabes, déclare-t-il encore le 30 avril, n'ont rien appris de la débâcle de 1967 et refusent de voir les réalités.

Marasme

L'économie jordanienne subit le contrecoup de l'hostilité des pays arabes. Malgré la décision prise en août 1967 à la conférence de Khartoum, qui prévoyait le versement d'une aide financière à Amman de 40 millions de livres sterling par la Libye, le Koweit et l'Arabie Saoudite, seule cette dernière honore ses engagements.