La nationalisation, qui intervient ce jour-là, est accueillie dans la liesse populaire en Irak. À l'étranger, la presse soviétique et arabe est unanime à appuyer la mesure. Dans la région, seul l'Iran exprime ses réserves. L'initiative irakienne est considérée dans le monde arabe comme un heureux précédent, comme une sorte de défi lancé à l'impérialisme. La Syrie nationalise à son tour, le 2 juin 1972, les oléoducs de l'IPC qui traversent son territoire. Les membres de l'OPAEP (Organisation des pays arabes exportateurs de pétrole), en négociation avec le cartel international, durcissent leurs positions après avoir offert une aide financière à l'Irak et à la Syrie.

Intérêts français

Mais, sur le plan international, la conséquence la plus concrète de la nationalisation de l'IPC est le rapprochement notable qui s'effectue entre l'Irak et la France. Bagdad, en effet, cherche désespérément à écouler le pétrole de Kirkouk, sur lequel le consortium fait peser la menace de saisie. Or, la France est l'un des clients traditionnels de Bagdad, l'un des meilleurs, puisqu'elle importe normalement environ un quart de la production de naphte irakien. L'inciter à poursuivre ses achats offrirait un double avantage : l'un d'ordre commercial, l'autre de nature politique dans la mesure où les dirigeants baasistes échapperaient ainsi à une trop grande dépendance à l'égard de Moscou.

C'est pourquoi le Conseil de la révolution décide, le jour même de la nationalisation de l'IPC, d'épargner les intérêts français, en particulier de la Compagnie française des pétroles (CFP).

La négociation s'engage à ce sujet dès l'arrivée en visite officielle à Paris, le 14 juin, de Saddam Hussein. Le vice-président irakien fait savoir, cependant, qu'il « ne vient pas en France pour parler de pétrole mais de politique, de stratégie, de l'avenir des relations entre les deux pays ». Il laisse entendre, à cet égard, qu'il ne repousserait pas l'idée d'une alliance formelle franco-irakienne.

Si un tel objectif n'a pas été atteint, le résultat des pourparlers aboutit à des accords pétroliers (qui confèrent à la CFP une position privilégiée), financiers, culturels et — en filigrane — politiques, qui paraissent annoncer une étroite collaboration entre les deux capitales.

Iran

29 780 000. 18. 3 %.
Économie. PNB (68) 295. Production (69) : G 176 ; A *122 ; I 207. Énerg. (*69) : 562.
Transports. (*69) : 1 595 M pass./km, 2 015 M t/km. (68) : 180 400 + 57 900. (*69) : 555 766 000 pass./km.
Information. (69) : 26 quotidiens. (68) : *2 500 000. (69) : *250 000. (69) : 240 000 fauteuils ; fréquentation : 16,4 M. (69) : 286 220.
Santé. (69) : 8 384.
Éducation. (68). Prim. : 2 753 132. Sec. et techn. : 806 625. Sup. : 58 194.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution de 1906. Souverain : Mohammed Reza Pahlevi, depuis l'abdication de son père en 1941. Premier ministre : Amir Abbas Hoveyda.

Guérilla

Malgré une économie florissante et une solide position sur la scène internationale, le régime impérial se heurte à une opposition grandissante dans le pays, en particulier parmi les jeunes appartenant à la petite bourgeoisie des villes. Si les lycées et les universités se sont relativement apaisés, grâce à diverses mesures, notamment policières, la guérilla urbaine se développe.

La célébration, le 19 août 1971, du 18e anniversaire de la chute du Dr Mossadegh, adversaire du chah, est marquée par l'explosion de bombes artisanales à Téhéran. Début septembre, un commando tente d'enlever le neveu du souverain, tandis que plusieurs personnalités reçoivent des menaces de mort. Début octobre, en l'espace d'une semaine, trois fusillades éclatent au centre de la capitale entre les forces de l'ordre et des guérilleros. Le 9 janvier 1972, la banque Milli (nationale) est l'objet d'un hold-up. Le 17, des attentats à la grenade ont lieu contre plusieurs institutions américaines. Le 29 février, un manifestant est tué par une grenade destinée aux membres de la police. Des engins explosent, le 7 mars, au cours d'une manifestation organisée à la faculté des sciences pour protester contre les procès intentés aux adversaires du régime. Le 2 mai, une bombe à retardement saccage les bureaux du correspondant du Monde et blesse grièvement plusieurs personnes. Les 6 et 8 mai, la capitale connaît de nouvelles fusillades.