maison de Bourbon
Maison souveraine, issue de la souche capétienne, dont les membres ont régné en France (xvie-xixe siècles), à Naples, en Sicile, dans les Deux-Siciles et à Parme (xviiie-xixe siècles), et qui règne en Espagne depuis le xviiie siècle.
1. En France
1.1. Origines
La première maison de Bourbon
Fondée au début du xe siècle, la première maison de Bourbon serait issue d'un fidèle de Guillaume Ier le Pieux, duc d'Aquitaine, nommé Aimard, qui vivait vers 915 et dont le fils Aimon Ier, seigneur de Bourbon, possédait en 950 le château de Bourbon (aujourd'hui Bourbon-l'Archambault) qui donna son nom à la famille.
La maison de Bourbon-Dampierre
D'abord vassaux du comte de Bourges, les seigneurs de Bourbon, du nom d'Archambaud, se rendent vite indépendants de l'autorité comtale. Devenus vassaux directs de la couronne de France (xe siècle), ils agrandissent leur seigneurie dont les limites correspondent approximativement au département de l'Allier, au début du xiiie siècle) ; à cette époque, la seigneurie de Bourbon est entre les mains de Gui II de Dampierre (mort en 1215), époux de Mahaut, dame de Bourbon (morte en 1218), souche de la deuxième maison de Bourbon (dite de Bourbon-Dampierre).
La maison capétienne de Bourbon
La troisième maison (ou maison capétienne) de Bourbon est fondée par Robert de France, comte de Clermont 1256-1318), sixième fils de Louis IX et de Marguerite de Provence, qui épouse en 1272 Béatrice de Bourgogne, dame de Bourbon (morte en 1310) , fille et unique héritière d'Agnès de Bourbon et de Jean de Bourgogne. Par ce mariage, la seigneurie de Bourbon échoit à la branche cadette de la maison royale de France.
En 1327, Charles IV le Bel érige la seigneurie de Bourbon en duché-pairie en faveur du fils aîné de Robert de Clermont, Louis Ier, 1er duc de Bourbon, auquel le roi cède le comté de la Marche en échange du comté de Clermont-en-Beauvaisis. Dès lors, par acquisitions et par alliance, les ducs de Bourbon vont faire du Bourbonnais le centre d'un puissant État princier, s'étalant largement sur le centre de la France, un des derniers grands fiefs de la couronne.
1.2. Un puissant État princier…
Ainsi, au milieu du xve siècle, la maison de Bourbon figure parmi les dix puissantes maisons féodales du royaume. Elle est alors divisée en trois branches :
La branche ducale (ou aînée)
Issue de Pierre Ier, 2e duc de Bourbon, elle possède les duchés de Bourbon et d'Auvergne, les comtés de Forez et de Clermont-en-Beauvaisis, le Beaujolais, la seigneurie de Château-Chinon.
La branche de Montpensier
Fondée par Louis Ier, comte de Montpensier (1434-1486), fils de Jean Ier, 4e duc de Bourbon, elle détient le comté de Montpensier, le dauphiné d'Auvergne, les comtés de Sancerre et de Clermont-en-Auvergne, et les Dombes.
La branche de Vendôme
Formée par Louis, comte de Vendôme (1412-1446), fils de Jean Ier, comte de la Marche, elle possède le comté de Vendôme et la principauté de La Roche-sur-Yon.
1.3. … jusqu'à la « trahison » du connétable de Bourbon (1527-1531)
Au début du xvie siècle, la maison de Bourbon est affaiblie par la « trahison » de son chef, le connétable de Bourbon (Charles III, 8e duc de Bourbon), dont la majeure partie des biens, qui comprennent ceux de la branche ducale et ceux de la branche de Montpensier, sont confisqués (1527) puis réunis (1531) au domaine royal par François Ier. La mort sans postérité du connétable (1527) fait de la branche de Vendôme la branche aînée de la famille.
1.4. Postérité de la branche de Vendôme
Entrée en possession des vastes domaines de la maison d'Albret par le mariage (1548) d'Antoine de Bourbon, duc de Vendôme, avec Jeanne (III) d'Albret, cette branche accède à la couronne de France avec Henri de Bourbon, roi de Navarre (Henri III), fils d'Antoine de Bourbon qui succède (1589) sous le nom d'Henri IV à son cousin au vingt et unième degré, Henri III, dernier roi de la dynastie des Valois.
En 1607, Henri IV fait rentrer dans la mouvance française les biens de sa famille, mais maintient la séparation théorique de la couronne de Navarre de celle de France et s'intitule « roi de France et de Navarre ». Arrivée au trône avec Henri IV, la branche de Vendôme (ou maison de la Marche-Vendôme) règna sur la France jusqu'en 1792 avec Louis XIII, Louis XIV, Louis XV, Louis XVI, puis de 1814 à 1830 avec Louis XVIII et Charles X, et s'éteint en 1883 à la mort du comte de Chambord (→ Henri V).
Après la révolution de juillet 1830, la branche cadette d'Orléans, issue du second fils de Louis XIII, Philippe Ier, duc d'Orléans (Philippe Égalité), accède à la couronne avec Louis-Philippe Ier, roi des Français de 1830 à 1848.
De nombreuses branches sont issues de Robert de Clermont, souche commune à tous les Bourbons. Des trois branches qui se sont détachées aux xive et xve siècles de la branche ducale, seule la branche de Bourbon-Busset fondée par Louis de Bourbon (1438-1482), prince-évêque de Liège, et considérée comme bâtarde, s'est perpétuée jusqu'à nos jours. En effet, celle de Montpensier finit en 1627 avec Marie, duchesse de Montpensier, mère d'Anne Marie Louise de Montpensier (la « Grande Mademoiselle »), et celle de la Marche s'éteignit vers 1463.
La maison de la Marche-Vendôme, issue de cette dernière branche, a donné naissance au xvie siècle à la branche de Condé (→ maison de Condé) qui produisit les deux rameaux de Conti, au xviie siècle aux première et seconde branche de Bourbon-Orléans (ou troisième et quatrième maisons d'Orléans), puis au xviiie siècle à la branche de Bourbon-Espagne, issue de Philippe V et qui donna, outre les rameaux de Bourbon-Deux-Siciles et de Bourbon-Parme, encore représentés aujourd'hui, le rameau de Bourbon-Cadix-Séville, issu d'un fils de Charles IV d'Espagne, l'infant François de Paule (1794-1865), et auquel appartiennent les Bourbons d'Espagne actuels.
Pour en savoir plus, voir les articles Ancien Régime, histoire de la France, première Restauration, seconde Restauration.
2. Les Bourbons en Europe
Arrivée au trône de France avec Henri IV, la maison de Bourbon, devenue la maison royale de France, accède au xviiie siècle aux couronnes d'Espagne, de Naples et de Sicile puis de Parme. En 1761, le pacte de Famille, signé pendant la guerre de Sept Ans entre Versailles, Madrid, Naples et Parme, concrétisera l'union des cours de la maison de Bourbon.
2.1. La branche de Bourbon-Espagne
En 1700, le deuxième petit-fils de Louis XIV, Philippe, duc d'Anjou, est appelé à la couronne d'Espagne par le testament du roi Charles II. L'accession au trône de Madrid d'un Bourbon provoque la guerre de la Succession d'Espagne, à l'issue de laquelle le duc d'Anjou, devenu roi sous le nom de Philippe V, conserve sa couronne : il est le chef de la branche de Bourbon-Espagne, qui règne sur ce pays de 1700 à 1808 avec Philippe V, Ferdinand VI, Charles III, Charles IV, de 1814 à 1868 avec Ferdinand VII et Isabelle II, de 1874 à 1931 avec Alphonse XII et Alphonse XIII, de 1975 à 2014 avec Juan Carlos et depuis 2014 avec Philippe VI.
À la mort de Ferdinand VII (1833), la famille royale se divise : l'infant Don Carlos (Charles de Bourbon, 1788-1855) refuse de reconnaître la souveraineté de sa nièce Isabelle II, déclarant irrégulière la pragmática sanción de 1789, qui abolit la loi salique (c'est l'origine des guerres carlistes, qui ébranlent par trois fois l'Espagne au xixe s.siècke). Le rameau carliste, issu de Don Carlos, s'éteint en 1936 avec Alphonse Charles de Bourbon (1849-1936), mort sans postérité.
2.2. Les rameaux de Bourbon-Deux-Siciles et de Bourbon-Parme
En 1734, au cours de la guerre de la Succession de Pologne, Don Carlos, duc de Parme et de Plaisance, troisième fils de Philippe V et d'Élisabeth Farnèse (héritière de la maison de Parme), s'empare de Naples et de la Sicile, où il règne sous le nom de Charles VII. Appelé au trône d'Espagne (1759) [→ Charles III], il laisse ses deux royaumes à son troisième fils, Ferdinand, qui devient roi de Naples et de Sicile, puis roi des Deux-Siciles sous le nom de Ferdinand Ier (1816-1825), souche du rameau de Bourbon-Deux-Siciles. La descendance directe de Ferdinand Ier, représentée par François Ier, Ferdinand II et François II, régnera jusqu'au rattachement des Deux-Siciles au royaume d'Italie (1860).
Pour en savoir plus, voir l'article royaume des Deux-Siciles.
En 1748, le traité d'Aix-la-Chapelle, qui met fin à la guerre de la Succession d'Autriche, cède les duchés de Parme, de Plaisance et de Guastalla à l'infant Philippe, quatrième fils de Philippe V et d'Élisabeth Farnèse, fondateur du rameau de Bourbon-Parme : ce rameau règne sur les duchés de Parme et de Plaisance de 1748 à 1802, puis de 1847 à 1859, sur le royaume d'Étrurie de 1801 à 1807 et sur le duché de Lucques de 1815 à 1847. C'est à cette famille qu'appartient Jean, grand-duc de Luxembourg de 1964 à 2000, auquel succède Henri.