La polémique sera de courte durée. Quelques jours plus tard, le chef du gouvernement yougoslave se rend à Moscou. La presse soviétique rend alors hommage à la « lutte héroïque des patriotes yougoslaves, lutte qui a commencé dès le 7 juillet 1941 ». Tito a donc obtenu satisfaction.

Idéologie

À l'intérieur, le régime continue de faire preuve de la même sévérité à l'égard de toute opposition, et notamment de l'opposition marxiste.

Huit professeurs de la faculté de philosophie de l'université de Belgrade, qui avaient longtemps ignoré les mises en garde de la direction du parti, sont finalement exclus de l'université (janvier 1975).

La revue Praxis, qui était publiée à Zagreb, et qui était incontestablement l'une des revues marxistes les plus intéressantes et les moins conformistes, est interdite en février.

Enfin, à la fin du même mois, l'écrivain Mihajlo Mihajlov est condamné à sept ans de prison ferme et à quatre ans d'interdiction de toute activité publique après la fin de sa peine.

De Lyon à Skopje

Samedi 29 mars, dans la soirée, le vice-consul de Yougoslavie à Lyon est victime d'un attentat dans le garage souterrain de l'immeuble où il habite, rue Garibaldi. Deux hommes ouvrent le feu sur lui alors qu'il descend de sa voiture. Mladen Djogovic est atteint de 8 balles dans le cœur, le foie et le poumon droit. Bien que les enquêteurs affirment ne pas avoir le moindre début de piste, les Yougoslaves accusent immédiatement les milieux des exilés croates (Journal de l'année 1972-73) et reprochent aux autorités françaises de ne pas protéger suffisamment les diplomates de Belgrade. Dans la nuit du 30 au 31 mars, le cimetière militaire français de Skopje est profané. Deux cent dix tombes de soldats français de l'armée d'Orient, morts en Macédoine en 1918, sont plus ou moins endommagées. Paris, à son tour, proteste.

Économie

Il se pourrait toutefois, à moyen terme, que les dirigeants de Belgrade soient amenés à se pencher à nouveau sur la situation économique et sociale du pays, au détriment des problèmes idéologiques. En 1974, le déficit de la balance des paiements s'est accru de 125 %. Il a atteint 3 700 millions de dollars. En janvier 1975, on comptait 508 000 chômeurs, soit un peu plus de 10 % de la population active. En outre, conséquence de la crise mondiale, Belgrade s'attend au retour d'au moins 50 000 travailleurs de l'étranger. Enfin, le coût de la vie a augmenté d'à peu près 25 % en un an.

Le train fou de Zagreb

Cent trente morts, 87 blessés. La catastrophe ferroviaire de Zagreb, le 30 août 1974, est la plus grave de l'histoire des chemins de fer yougoslaves. À l'entrée de la gare de Zagreb, le convoi Belgrade-Dortmund (qui transporte essentiellement des travailleurs yougoslaves qui rentrent de vacances) roule à 90 km/h, alors que la vitesse est limitée à 50 km/h. Cette catastrophe déclenche une véritable polémique dans la presse yougoslave. Les journaux indiquent qu'il se produit chaque année une cinquantaine d'accidents ferroviaires, dont une vingtaine de collisions. Selon la presse, ces accidents sont dus au mauvais état des installations et du matériel roulant, et au manque de conscience professionnelle des cheminots yougoslaves.