Sur le plan politique, les dirigeants de Prague ont lancé, en novembre 1974, une double action. D'une part, une opération main tendue en direction des émigrés ; opération couronnée de succès dans les milieux littéraires, puisque deux des hommes de lettres les plus en vue, le poète Bohumir Hrabal et l'écrivain Jiri Sotola, se sont ralliés avec éclat au régime. D'autre part, une nouvelle offensive contre l'opposition.

Opposition

Cette offensive a atteint son point culminant en avril 1975, lorsque Dubcek a fait publier en Occident, sous le copyright symbolique Opposition socialiste tchécoslovaque, le texte de la lettre qu'il avait adressée le 28 octobre 1974 au Parlement tchécoslovaque et au Conseil national slovaque. Rompant pour la première fois le silence qu'il s'était imposé, l'ancien premier secrétaire du PC tchécoslovaque s'y livre à une critique générale de la ligne suivie par ses successeurs ; récuse l'interprétation officielle des événements de 1968, et affirme ouvertement : « La défense active des droits de l'homme est pleinement justifiée, même dans un régime socialiste. »

C'en est trop pour les dirigeants de Prague, déjà passablement irrités par la publication, en février, des souvenirs inachevés de Josef Smrkovsky (ancien président de l'Assemblée nationale, décédé le 15 janvier 1974).

Gustav Husak n'hésite pas à déclarer : « Dubcek peut faire ses bagages demain, pour n'importe lequel des pays bourgeois, pour rejoindre ses patrons et protecteurs. » Dubcek refuse. Le parti et la presse lancent alors une violente campagne contre l'opposition socialiste tchécoslovaque, dénonçant pêle-mêle l'ancien chef du Printemps de Prague et ses amis, Smrkovsky (« Même mort, il leur sert », écrit Rude Pravo), Mlynar ou Silhan, ainsi que les exilés, surtout Jiri Pelikan (l'ancien directeur de la télévision) qui s'est fait le porte-parole de cette opposition à l'étranger.

Fin avril-début mai, la police passe à l'action. Après avoir arrêté plusieurs personnalités du Printemps de Prague, la sécurité procède à de nombreuses perquisitions dans l'intention, semble-t-il, de découvrir un document de 200 pages, préparé par l'opposition socialiste tchécoslovaque et destiné à la conférence des PC européens qui devrait se réunir avant la fin 1975.

Isolement

L'affaire tchécoslovaque risque d'être évoquée lors de ce sommet, mais aussi dans le cadre de la CSCE (Conférence sur la réduction des forces en Europe centrale). On pense que c'est la raison de la visite surprise de Husak à Moscou (en mars). Le premier secrétaire du PC aurait soumis à Leonid Brejnev un projet de libéralisation limitée. Apparemment, le Kremlin aurait refusé. Il semble d'ailleurs que les dirigeants soviétiques soient quelque peu agacés par l'impuissance de Husak à museler son opposition intérieure.

Sa désignation à la présidence de la République (27 mai) à la place de Ludvik Svoboda, gravement malade, ne pourrait être qu'un prélude à son remplacement à la tête du parti par un dirigeant plus dur.

L'isolement diplomatique de la Tchécoslovaquie n'a pas été rompu, en dépit des efforts de Prague. Les visites, en Tchécoslovaquie, de Kurt Waldheim et des ministres danois, autrichien et ouest-allemand des Affaires étrangères, ou à l'étranger (notamment en France) du chef de la diplomatie de Prague ne sont que des succès très relatifs.

Dès lors, la Tchécoslovaquie est pratiquement condamnée à s'aligner totalement sur l'Union soviétique. C'est pourquoi, quelques jours seulement après que Moscou ait renoncé à l'accord commercial avec Washington, Prague a pris la même décision (janvier 1975).

URSS

Moscou. 249 750 000. 11. 1,1 %.
Économie. Production : G (72) 187 + I (72) 201. Énerg. (*72) : 4 767.
Transports. (*72) : 285 792 M pass./km, 2 760 823 M t/km.  : 17 397 000 tjb. (72) : 3 995 M pass./km.
Information. (71) : 647 quotidiens ; tirage global : 84 953 000. (72) : 100 000 000. (72) : 40 000 000. (72) : fréquentation : 4 569 M. (72) : 13 198 000.
Santé. (70) : 577 249. Mté inf. (72) : 24,3.
Éducation. (70). Prim. : 40 321 000. Sec. et techn. : 915 200. Sup. : 4 580 642.
Institutions. Fédération de républiques socialistes. Constitution de 1936. Président du présidium : Nicolai Podgorny ; succède à Anastase Mikoyan. Président du Conseil : Alexeï Kossyguine. Premier secrétaire du Parti : Leonid Brejnev.

Un objectif prioritaire : la coexistence avec l'Occident

La maladie de Leonid Brejnev (68 ans), la sourde opposition de certains dirigeants à ses grandes orientations politiques (notamment la coopération avec les États capitalistes), le départ, enfin, d'Alexandre Chelepine (leader des durs) qui a confirmé l'autorité du numéro un soviétique, ont marqué tour à tour l'année.