En 1974, Varsovie voit, pour la première fois, la grande partie de son commerce extérieur se réaliser avec des pays non socialistes, la part du monde socialiste tombant à 43,6 %, celle des pays industrialisés occidentaux atteignant 42 %.

En 1974 toujours, l'Union soviétique demeure le principal partenaire de Varsovie, devant la RDA. Parmi les pays occidentaux, la France arrive en 5e position, après la RFA, la Grande-Bretagne, les États-Unis et l'Italie...

Un impôt exceptionnel

En janvier 1975, le gouvernement a décidé de créer un impôt sur la richesse. Cet impôt exceptionnel vise les personnes qui seraient devenues propriétaires, entre 1954 et 1974, de biens dont la valeur dépasse 700 000 zlotys (1 zloty 0,22 F ; le salaire moyen était, en janvier 1974, d'environ 3 000 zl). Les biens visés, que l'on qualifierait en France de signes extérieurs de richesse, sont les maisons, les résidences secondaires, les voitures de fabrication occidentale, les terrains, les yachts, etc. Le montant de l'impôt, qui s'échelonnera entre 10 et 50 %, pourra être versé en quatre fois, jusqu'au 30 octobre 1976. De nombreuses dispenses sont prévues, notamment pour les rapatriés (c'est-à-dire les Polonais qui vivaient dans les territoires devenus soviétiques le 17 septembre 1939 et à qui les autorités avaient offert, en compensation, des biens appartenant à des Allemands) et pour certaines catégories professionnelles. Cet impôt, dont on dit officiellement qu'il doit financer le programme social du gouvernement et qu'il contribuera à une « meilleure répartition des revenus », vise, en fait, les catégories privilégiées : petits artisans ou commerçants, certains exploitants agricoles (les maraîchers), certains éleveurs et plusieurs professions libérales (médecin, avocat). En l'absence de statistiques précises, on estime que 1 ou 2 % des Polonais disposent d'un revenu égal ou supérieur à 30 000 zlotys (10 fois le salaire moyen).

Voyage de Giscard

La visite du président de la république (17 au 20 juin 1975) devrait contribuer à améliorer la position de la France en Pologne. De 1971 à 1974, les échanges entre les deux pays ont été multipliés par 4,3. Grâce aux accords conclus le 20 juin, ils devraient être multipliés par 5 au cours des prochaines années. La France accorde à la Pologne une ligne de crédits de 7 milliards de francs (pour les trois prochaines années). Parallèlement, Paris s'engage à acheter à Varsovie d'importantes quantités — croissantes — de charbon (4 millions de tonnes en 1983). L'industrie française (qui est déjà la première sur le marché polonais dans le domaine des télécommunications) devrait donc occuper bientôt la deuxième place en Pologne, parmi les pays occidentaux, après l'Allemagne fédérale.

C'est d'ailleurs, en quelque sorte, afin de trouver un contrepoids à Bonn que la Pologne a voulu démontrer le caractère exemplaire des relations avec Paris. Caractère exemplaire illustré par la Charte des principes de la coopération amicale entre les deux pays, signée par Giscard et Edward Gierek.

Dans l'immédiat, le chef de l'État et le Premier secrétaire polonais se sont mis d'accord sur la troisième étape de la CSCE (Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe). Paris et Varsovie, avant la proposition officielle de Moscou, ont exprimé le souhait que la rencontre au sommet d'Helsinki se tienne dans la seconde moitié de juillet.

Finalement, il semble que la Pologne, sans chercher à remettre en cause ses alliances (son appartenance au pacte de Varsovie, notamment), et sans vouloir rompre ses liens économiques avec Bonn, recherche auprès de Paris un soutien économique et une ouverture politique.

Portugal

Lisbonne. 8 590 000. 95.
Économie. PNB (71) 803. Production : G (71) 163 + A (72) 97 + I (72) 203. Énerg. (*72) : 908. C.E. (71) : 15 %.
Transports. (*72) : 3 761 M pass./km, 829 M t/km. (*72) : 697 400 + 184 700.  : 1 272 000 tjb. (72) : 1 555 M pass./km.
Information. (72) : 29 quotidiens. (72) : *1 443 000. (72) : 542 000. (72) : fréquentation : 25,8 M. (72) : 873 000.
Santé. (71) : 8 410. Mté inf. (72) : 41,4.
Éducation. (70). Prim. : 992 446. Sec. et techn. : 445 574. Sup. : 50 095.
Institutions. Un coup d'État militaire renverse, le 25 avril 1974, l'État corporatiste institué le 19 mars 1933. Nouvelle Constitution en préparation. Chef de l'État : général Francisco da Costa Gomes ; succède au général Antonio de Spinola, évincé du pouvoir le 30 septembre 1974. Premier ministre : général Vasco Gonçalves.

Dialogue orageux entre les démocrates et les militaires

Le 2 juin 1975, le président de la République, le général Costa Gomès, inaugure la première séance de l'Assemblée constituante élue le 25 avril précédent. S'adressant aux nouveaux députés, le chef de l'État leur lance une injonction non dépourvue de menace : « Nous et l'armée, la révolution et l'histoire, nous vous jugerons sans merci sur la manière dont vous accomplirez la tâche difficile et glorieuse de l'élaboration d'une Constitution qui soit à même de régir la période de transition d'une révolution originale avançant rapidement vers le socialisme. »