Résultat : une bonne croissance économique (+ 6 %), marquée par des exportations qui progressent de 40 % et retrouvent leur niveau d'avant la séparation, ce qui permet au budget général d'accuser un déficit limité : 350 millions de francs. Des prix mondiaux soutenus pour le coton (55 % des exportations) et une forte dévaluation de la roupie (131 %) expliquent cette réussite.

Elle est tardive. Le revenu moyen annuel reste inférieur à 450 F, à cause d'une forte hausse du coût de la vie (30 %). De juillet à septembre 1972, des grèves éclatent partout. La police intervient brutalement : 12 morts en octobre à Karachi. Trois ministres d'A. Bhutto démissionnent.

Des mesures sociales importantes désarment l'agitation : participation des ouvriers, responsabilité accrue des syndicats, contribution patronale doublée pour les assurances sociales. Un effort sans précédent (600 millions de F) est fait pour l'enseignement : école obligatoire et gratuite jusqu'à 14 ans.

Occasionnées par le renouvellement du matériel détruit et la mise sur pied de deux nouvelles divisions, les dépenses militaires (elles atteindraient 8 % du PNB) sont un handicap de taille pour le développement économique. Les États-Unis, le 12 mars 1973, ont repris leurs livraisons de matériel militaire. Le contrat avec la France pour la fourniture de 30 Mirages a certainement compté dans cette décision. La Chine poursuit son aide (500 millions) en partie militaire.

Si A. Bhutto, qui est allé à Pékin et à Moscou les années précédentes, doit se rendre à Washington le 11 juillet 1973, par souci d'équilibre diplomatique, le Pakistan, comme prévu, se retire de l'OTASE et reconnaît le Nord Viêt-nam et la Corée du Nord, les 7, 8 et 9 novembre 1972.

Les piliers de l'amitié pakistanaise demeurent les partenaires musulmans anticommunistes du CENTO : Turquie et Iran. Téhéran sert de modèle à Islamabad. Le socialisme réformiste que défend A. Bhutto n'est pas sans rapport avec l'étatisme social que le chah prétend instaurer.

Philippines

Quezon City. 37 960 000. 126. 3 %.
Économie. PNB (70) 377. Production : G (70) 138 + A (*70) 119 + I (69) 146. Énerg. (*70) : 279. C.E. (70) : 8 %.
Transports. (*70) : 584 M pass./km, 115 M t/km. (*70) : 279 200 + 179 400.  : 946 000 tjb. (*70) : 1 456 193 000 pass./km.
Information. (66) : 23 quotidiens ; tirage global : 906 000. (68) : *1 633 000. (70) : *400 000. (70) : 310 000.
Santé. (69) : 3 635. Mté inf. (70) : 67.
Éducation. (67). Prim. : 6 406 826. Sec. et techn. : 1 363 129. Sup. : 600 787.
Institutions. République indépendante le 4 juillet 1946. Constitution du 17 janvier 1973 (remplace la Constitution de 1935) ; régime parlementaire monocaméral. Président et chef de l'exécutif : Fernando Marcos, élu le 9 novembre 1965 ; succède à Diosdado Macapagal.

Marcos face à deux oppositions armées

Les Philippines se dotent d'un pouvoir fort après plusieurs années de démocratie à l'occidentale. À la suite d'un attentat attribué aux communistes, auquel échappe le ministre de la Défense, le président Marcos décrète la loi martiale le 23 septembre 1972 ; 8 000 personnes sont interrogées ou emprisonnées dans les semaines qui suivent. La presse est réduite au silence.

Guérillas

Une nouvelle Constitution est promulguée le 17 janvier 1973 ; le président Marcos cumule provisoirement les fonctions de chef d'État et de Premier ministre. Il obtient du Parlement de convoquer, quand il jugera la situation normale, la nouvelle Assemblée, qui procédera au remplacement du régime présidentiel par un régime parlementaire.

Mille magistrats corrompus sont déplacés, 5 000 fonctionnaires révoqués, plus de 100 maisons de jeux et de plaisir fermées à Manille. Une vague d'autorité et de puritanisme déferle.

L'armée et la police s'emploient à restaurer l'ordre. Les vols se raréfient ; on peut de nouveau sortir dans la rue sans être attaqué. La réussite n'est pas la même dans les campagnes, où sévissent deux insurrections, communiste au nord, musulmane au sud.

La nouvelle armée populaire maoïste (10 000 membres organisés en milices villageoises) est soutenue par plus de 100 000 sympathisants, reconnaît le régime. Malgré plusieurs opérations militaires, les maoïstes ne peuvent être délogés de leur fief dans le nord-est de l'île de Luçon. Il faut dire que l'armée concentre plutôt ses efforts sur la deuxième résistance, qui a pour théâtre, 2 000 km au sud, l'autre grande île du pays, Mindanao, l'île de Basilan et l'archipel de Sulu, où vivent la majorité des 4 millions de musulmans.