Ce sont précisément ces tribus qui harcèlent les frontières de la République démocratique du Yémen et qui contribuent à provoquer, en automne 1972, la guerre entre Sanaa et Aden.

L'accord de cessez-le-feu, d'abord, celui prévoyant l'union entre les deux républiques, ensuite, mécontentent au plus haut point les dirigeants saoudiens. Ils ont le sentiment que la paix a été conclue à leurs dépens, qu'elle constitue une manœuvre de la part de leurs adversaires au sein du régime nord-yéménite, qui cherchent à se dégager de la protection envahissante de leurs voisins du Nord.

N'est-ce pas le chef de l'État libyen, le colonel Kadhafi, rival du roi Fayçal, qui patronne l'accord d'unité conclu à Tripoli ? En tout cas, les dirigeants saoudiens ne veulent pas donner un répit au « régime athée » d'Aden.

Répression

Le Premier ministre Mohsen el-Ayni, artisan de la réconciliation de Sanaa avec Aden, suspect de sympathies socialistes, est révoqué un mois jour pour jour après la signature de l'accord de Tripoli. En annonçant sa démission de Beyrouth le 28 décembre, il dénonce les membres du conseil consultatif (Parlement) – dominé par les chefs de tribus –, les accusant de « faire obstruction à l'accord d'union », d'œuvrer en faveur d'une nouvelle guerre entre les deux républiques yéménites « afin de rendre service à un pays voisin ».

Deux jours plus tard, le cadi Abdallah Hijri, royaliste, ultraconservateur, et qui passe pour être très proche des dirigeants saoudiens, succède à el-Ayni à la tête du gouvernement. Il s'empresse de proclamer sa foi dans l'unité projetée des deux républiques sœurs. Il séjourne du 10 au 17 mars en Arabie Saoudite, où il conclut plusieurs accords de coopération.

Les dirigeants de Riyad monnayent assez cher leur soutien matériel : ils obtiennent du Premier ministre nord-yéménite la reconnaissance du « caractère définitif des frontières entre l'Arabie Saoudite et la République arabe du Yémen », véritable caution officielle au rattachement au royaume wahhabite de localités qui appartenaient autrefois au Yémen.

Peu après, les accrochages sur les frontières entre les deux républiques se multiplient. Un profond malaise se manifeste au nord, où des groupements s'organisent pour lutter contre le gouvernement de Sanaa, accusé d'être inféodé à l'Arabie Saoudite. Les attentats se multiplient, la répression s'intensifie.

Le 30 mai, le cheikh Mohamed Ali Osman, l'un des trois membres du Conseil présidentiel (la plus haute instance de l'État), est assassiné. Sa disparition renforce le clan pro-saoudien au sein de l'État.

Le meurtre du cheikh Osman, attribué officiellement à un « groupe d'infiltrés venus d'au-delà les frontières », aggrave la tension avec la RDPY et relance la répression exercée contre tous les éléments et les groupes radicaux dans le Nord Yémen.

Yémen du Sud

Al-Cha'ab. 1 470 000. 5. 3 %.
Économie. PNB (63) 209. Énerg. (*70) : 449.
Transports. (*70) : 10 200 + 2 400.
Information. (60) : *60 000. (70) : *21 000. (63) : 14 400 fauteuils ; fréquentation : 0,2 M. (70) : 9 000.
Santé. (66) : 117.
Éducation. (69). Prim. : 104 708. Sec. et techn. : 13 050.
Institutions. (République démocratique et populaire). État indépendant le 30 novembre 1967. Constitution de 1970. Président du Conseil présidentiel : Salem al-Robaya, succède à Qahtan el-Chaabi, démissionnaire. Premier ministre : Ali Nasser Hassania.

Combats

Le marasme économique persiste malgré le développement des échanges commerciaux avec les pays arabes, les États socialistes et des prêts consentis par ces derniers. Les difficultés budgétaires conduisent, le 2 août, les autorités à réduire de 15 à 50 % les traitements des fonctionnaires et à nationaliser, le 5 août 1972, tous les immeubles résidentiels et les bâtiments industriels.

L'opposition intérieure multiplie les complots et les attentats. Six personnes sont condamnées à mort le 9 juillet pour avoir projeté le renversement du régime. Le 12, deux saboteurs sont exécutés. Le 22 août, trois pirates de l'air, qui déclarent appartenir à une organisation hostile au régime, détournent sur Benghazi un avion qui se rendait de Beyrouth à Aden. Le 24 avril, enfin, un avion des lignes intérieures s'écrase à l'est de la République ; le ministre des Affaires étrangères et 24 diplomates sud-yéménites de haut rang, notamment les représentants d'Aden à Londres, Moscou, Beyrouth et Mogadiscio, sont tués. Les autorités démentent les informations selon lesquelles l'appareil aurait été l'objet d'un sabotage.