« Nous sommes convaincus que la torture a été pratiquée en Turquie, et nous n'avons aucune preuve qu'elle a cessé de l'être », déclare à la suite d'une enquête le secrétaire général d'Amnesty International. Cette réprobation générale contraint le ministre des Affaires étrangères, Bayulken, à reconnaître que la situation qui prévaut actuellement en Turquie n'est pas approuvée au sein du Conseil de l'Europe. Toutefois, bien que la question de la répression revienne à plusieurs reprises devant elle, l'Assemblée du Conseil de l'Europe ne prononce pas l'exclusion de la Turquie comme elle l'a fait pour la Grèce.

Élection

Avec la candidature du général Farouk Gurler – qui, quelques jours plus tôt, démissionne de ses fonctions de chef d'état-major –, l'élection à la présidence de la République, le 13 mars, semble ne devoir être qu'une simple formalité. Coup de théâtre : deux autres candidats – Tekin Ariburun, président du Sénat, et Ferruh Bozbeyli, chef du parti démocratique – lui sont opposés. Les deux principales formations, le Parti de la justice (PJ) de Suleyman Demirel et le Parti républicain du peuple (PRP) de Bulent Ecevit, entendent protester contre l'intrusion de l'armée dans les affaires civiles. Le PRP a déjà dénoncé les amendements « contraires à l'esprit et à la philosophie de la Constitution » et pris ses distances à l'égard du gouvernement Ferit Melen, en retirant ses cinq ministres de l'équipe dirigeante. Cette position, qui ne fait pas l'unanimité, provoque la démission de 25 parlementaires du PRP, dont celle d'Ismet Inönü. En refusant de participer à l'élection du général Gurler, le PRP entend marquer sa désapprobation contre le maintien de la loi martiale et contre la censure imposée à toutes les informations concernant le scrutin.

Lors des deux premiers tours, le général Gurler – qui aurait dû obtenir les deux tiers des voix de la grande Assemblée nationale – n'arrive qu'en seconde position derrière Tekin Ariburun. Les tentatives suivantes n'amènent pas de changements notables. Pour sortir de l'impasse, une prorogation de deux années du mandat de Cevdet Sunay est envisagée, mais rejetée par l'Assemblée nationale.

Le chef d'état-major Semih Sancar adresse une mise en garde aux partis politiques tandis que la tension ne cesse de monter. Le 20 mars, Farouk Gurler, victime d'une crise cardiaque. Il retire sa candidature et Tekin Ariburun se désiste à son tour.

Les chefs des principaux partis s'accordent alors à soutenir la candidature d'une personnalité indépendante, Muhittin Taylan, président de la Cour constitutionnelle. Mais le président Cevdet Sunay refuse de le nommer sénateur, condition nécessaire pour briguer la magistrature suprême.

Finalement, un accord entre les principales formations permet l'élection, au quinzième tour de scrutin, d'un sénateur indépendant, ancien diplomate et ancien commandant de la Marine, Fahri Koruturk.

Le 10 avril, le gouvernement Ferit Melen démissionne. Naïm Talu, ancien gouverneur de la banque centrale, ministre du Commerce dans le cabinet démissionnaire, est chargé de former le nouveau gouvernement de coalition. Sa principale tâche doit être la préparation des élections législatives d'octobre 1973 et la mise sur pied de la nouvelle loi électorale.

Crise

Aucune des réformes sociales dont la Turquie a besoin pour sortir du marasme économique actuel n'a été entreprise. La hausse des prix, qui avait été de 20 % en 1971, est de 18 % en 1972. Et, selon une statistique des Nations unies, la baisse des salaires industriels réels, qui fut de 6 % en 1971, est de 5,9 % en 1972. Décapitée par le régime de l'état de siège, la gauche est impuissante. 10 % de la population s'approprie 45 % du revenu national. La mise en place, cette année, du 3e plan quinquennal se situe dans une perspective de revenus de 1 500 dollars per capita en 1995. Il n'est actuellement que de 425 dollars. Les militaires, de plus en plus opposés aux civils, parviendront-ils à résoudre une crise qui depuis deux ans les dépasse ?

Viêt-nam du Nord

Hanoi. 22 100 000. 137. 3,1 %.
Économie. Production : I (65) 120.
Institutions. Partition du Viêt-nam : 20 juillet 1954 (accords de Genève). République démocratique, proclamée en 1954. Constitution de 1960. Président de la République : Ton Duc Thang, succède à Hô Chi Minh, décédé. Président du Conseil : Pham Van Dong.

Viêt-nam du Sud

Saigon. 18 810 000. 109. 2,6 %.
Économie. PNB (69) 233. Production : G (69) 119 + I (70) 210. Énerg. (*70) : 302.
Transports. (*70) : 82 M pass./km, 53 M t/km. (69) : 38 700 + 59 600. (*70) : 641 463 000 pass./km.
Information. (70) : 56 quotidiens ; tirage global : 1 221 000. (69) : *1 300 000. (70) : *450 000. (67) : 78 200 fauteuils ; fréquentation : 25,5 M. (70) : 35 000.
Santé. (70) : 1 498.
Éducation. (69). Prim. : 2 375 982. Sec. et techn. : 655 413. Sup. : 47 296.
Institutions. Partition du Viêt-nam : 20 juillet 1954 (accords de Genève). République, proclamée le 26 octobre 1955. Constitution du 1er avril 1967. Président de la République : général Nguyen van Thieu, réélu le 3 octobre 1971. Vice-président : Tran van Huong. Président du Conseil : général Tran Thiem Khiem.

Yémen

Sanaa. 5 900 000. 30. 2,7 %.
Économie. PNB (63) 50. Énerg. (*70) : 13.
Information. (65) : 8 000 fauteuils ; fréquentation : 1,8 M. (70) : 4 000.
Santé. (66) : 82.
Éducation. Prim. (69) : 72 107. Sec. et techn. (70) : 5 574.
Institutions. (République arabe du Yémen.) République, proclamée le 26 septembre 1962. Constitution du 28 décembre 1970. Présidence collégiale : Conseil national, présidé par Abdel Rahman et Iriani, depuis le coup d'État du 5 novembre 1967, qui renverse le maréchal Sallal. Premier ministre : Abdallah al-Hijri.

Soutien

Incapables, semble-t-il, de dominer une situation intérieure troublée par des conflits tribaux et politiques, de résoudre des problèmes économiques et sociaux qui s'aggravent, les dirigeants nord-yéménites conduisent, avec patience et habileté, une politique étrangère qui se révèle payante.