Les affrontements se multiplient, depuis 1969, entre les colons chrétiens venus s'installer dans le Sud, moins peuplé, et les musulmans qu'ils ont dépossédés peu à peu de leurs terres. Lorsqu'en application de la loi martiale les autorités demandent à tous les Philippins de leur remettre leurs armes, les musulmans, par centaines, prennent le maquis.

Le 21 octobre 1972, une caserne est prise d'assaut par 400 jeunes musulmans. Il faudra deux jours pour les en déloger. « Ces gens-là sont de meilleurs combattants que les Vietcongs », dit un colonel de retour du Viêt-nam. Contre les 10 000 à 20 000 rebelles, Manille déplace 15 000 soldats et gendarmes (près du quart de l'armée), fait donner l'aviation (le napalm, prétendent certains), l'artillerie et la marine. Les maquisards ont 800 tués en quelques mois, selon les militaires, qui subissent de lourdes pertes et ne peuvent progresser partout. Fin mars 1973, les autorités estiment ne contrôler que la moitié de Sulu et le tiers de Basilan.

États-Unis

Sanctuaires et embuscades d'un côté, action massive de l'autre, rappellent le Viêt-nam. La présence américaine aux Philippines accentue la similitude. Pour les Américains, les Philippines occupent une position stratégique importante. Ils y ont deux bases, aérienne et maritime, avec 20 000 militaires et autant de civils. Les nationalistes voudraient que leur pays cesse d'être une colonie américaine. Les États-Unis, anciens maîtres jusqu'en 1945, contrôlent en effet les huit dixièmes de l'économie, faite sur mesure pour eux : 75 % des capitaux sont rapatriés.

Les trois quarts des Philippins ont un revenu mensuel inférieur à 200 F. Le président Marcos leur promet une nouvelle société ; 80 % des taos (paysans) sont sans terre ; on distribue 5 ha à 700 000 d'entre eux. On fixe des prix plafonds au sucre et au riz.

Indépendance nationale, réduction des inégalités : les objectifs ne sont pas faciles à atteindre pour le président Marcos, confronté à un endettement énorme (plus de 10 milliards de F) qui le tient à la merci du bon vouloir américain, à une guerre civile larvée qui a fait 3 000 morts en quatre ans, à l'hostilité de la droite dont la réforme agraire, même timide, menace les privilèges. Cette même droite tente d'assassiner la femme du président le 7 décembre 1972. On apprendra peu après qu'il a lui-même échappé l'an dernier à 5 tentatives d'assassinat.

Qatar

Duha. 80 000. 4. 5,3 %.
Économie. Énerg. (70) : 1 873.
Information. (69) : 3 300 fauteuils ; fréquentation : 0,5 M. (70) : 11 000.
Santé. (70) : 57.
Éducation. (69). Prim. : 13 665. Sec. et techn. : 3 558.
Institutions. État indépendant le 1er septembre 1971. Constitution provisoire d'avril 1970. Chef de l'État : le cheikh Khalifa ibn Hamad, qui dépose son cousin, le cheikh Ahmed ben Ali al-Thani le 22 février 1972.
Le nouveau chef de l'État oriente son action vers la mise en place d'une infrastructure (routes, ports, téléphone, etc.) qui doit permettre le développement économique. Simultanément, un énorme effort est entrepris en faveur de mesures sociales ; 43 % du budget (le deuxième dans l'histoire de la principauté) y sont consacrés.

Singapour

Singapour. 2 110 000. 3 640. 2,3 %.
Économie. PNB (70) 950. Production (70) : I 182. Énerg. (*70) : 818. C.E. (70) : 79 %.
Transports. (*70) : 148 300 + 36 400.  : 582 000 tjb. (*70) : 664 103 000 pass./km.
Information. (70) : 12 quotidiens ; tirage global : 412 000. (70) : 101 000. (70) : 157 000. (70) : 55 000 fauteuils ; fréquentation : 28 M. (70) : 161 000.
Santé. (70) : 1 363. Mté inf. (70) : 20.
Éducation. (69). Prim. : 366 881. Sec. et techn. : 152 110. Sup. : 12 659.
Institutions. République indépendante le 9 août 1965. Constitution de 1957. Président de la République : Benjamin Sheares, élu le 30 décembre 1970 ; succède à Youssouf ben Ishak, décédé. Premier ministre : Lee Kwan Yew, Élections législatives le 2-IX-72 ; succès du Parti d'action du peuple (gouvernemental).

Sri Lanka

Colombo. 12 670 000. 194. 2,3 %.
Économie. PNB (69) 161. Production : G (69) 137 + A (*70) 116 + I (66) 115. Énerg. (*70) : 156. C.E. (69) : 16 %.
Transports. (*70) : 2 920 M pass./km, 366 M t/km. (*70) : 87 700 + 44 900. (*70) : 109 466 000 pass./km.
Information. (70) : 17 quotidiens ; tirage global : 612 000. (69) : *500 000. (70) : 142 500 fauteuils ; fréquentation : 97,7 M. (70) : 60 000.
Santé. (68) : 3 242. Mté inf. (70) : 48.
Éducation. (69). Prim. : 2 298 200. Sec. et techn. : 355 655. Sup. : 14 400.
Institutions. État indépendant le 4 février 1948 sous le nom de Ceylan. Avec la nouvelle Constitution du 22 mai 1972, prend le nom de Sri Lanka ; la république demeure dans le Commonwealth et rompt ses liens institutionnels avec Londres. Premier ministre : Mme Sirimavo Bandaranaike.

Sultanat d'Oman

Mascate. 680 000. 3. 3 %.
Économie. PNB (63) 80. Énerg. (*70) : 46.
Santé. (66) : 23.
Institutions. Sultanat indépendant. Souverain : sultan Sayed Qabous ben Said ; succède à son père Said ben Taimur, destitué le 23 juillet 1970. La rébellion du Dhofar ne semble pas liquidée, comme annoncé en février 1972. Le Front populaire de libération du golfe arabe occupé lance plusieurs offensives et semble étendre la zone sous son influence. L'administration du sultan Qabous fait état de l'aide chinoise à la subversion, surtout en matériel militaire. Le soutien de puissances étrangères permet au sultan de maîtriser la situation ; Oman bénéficie notamment de l'assistance économique, financière ou militaire de la Grande-Bretagne, de l'Arabie Saoudite, de l'Iran, de la Jordanie et de la Libye.

Syrie

Damas. 6 450 000. 35. 3,3 %.
Économie. PNB (68) 253. Production : G (69) 138 + A (*70) 86 + I (68) 171. Énerg. (*70) : 483. C.E. (68) : 12 %.
Transports. (*70) : 86 M pass./km, 102 M t/km. (*70) : 31 800 + 16 200. (*70) : 219 932 000 pass./km.
Information. (70) : 117 quotidiens ; tirage global : 2 318 000. (70) : *1 367 000. (70) : *116 000. (67) : 55 000 fauteuils. (70) : 111 000.
Santé. (70) : 1 623.
Éducation. (69). Prim. : 845 130. Sec. et techn. : 295 717. Sup. : 37 540.
Institutions. République indépendante le 1er janvier 1944. Constitution du 12 mars 1973 (remplace la Constitution provisoire de 1964). Les 25 et 26 mai 1973, une Assemblée législative est élue, pour la première fois depuis 1962. Elle remplace le Conseil du peuple. Président de la République : général Hafez Assad, élu le 12 mars 1971. Premier ministre : Mahmoud el-Ayoubi.

Le Baas se heurte à une opposition grandissante

Malgré les mesures de libéralisation prises dans les domaines économique et politique, le régime du général Hafez Assad se heurte à une opposition grandissante dans le pays. La contestation, qui revêt diverses formes – violentes notamment –, provient essentiellement de la droite cléricale, mais entraîne dans son sillage des couches populaires hostiles au pouvoir hégémonique du parti Baas. Les représentants de celui-ci sont majoritaires (16 sur 31) au sein du gouvernement que constitue, le 24 décembre, Mahmoud Ayoubi. Les premiers signes d'opposition se manifestent à l'occasion de la promulgation d'une Constitution permanente, qui remplace la loi provisoire de 1964. Le nouveau texte, qui est approuvé par le Parlement le 31 janvier 1973, qualifie la république syrienne de démocratique, populaire et socialiste, mais omet d'indiquer que l'islam est la religion de l'État. Vingt-trois ulémas (chefs religieux) dénoncent dans une proclamation le « caractère athée » de la Constitution et appellent la population à boycotter le référendum destiné à la légitimer. Le 20 février, le président Assad propose au Parlement d'amender le texte afin que « la religion du chef de l'État soit l'islam ».