« Une période transitoire de longue durée est nécessaire », admet Guo Moruo dans son article de Drapeau rouge, mais il annonce quand même le temps où « les caractères chinois deviendront, comme le grec, le latin ou le sanscrit, l'objet d'études d'un petit nombre de spécialistes ».

En attendant, ce projet officiellement exprimé de nouvelle et très profonde révolution (vraiment) culturelle apparaît comme un effort supplémentaire de la Chine de Chou En-lai pour rompre plus encore avec l'ancien empire des mandarins, élever le niveau de culture du peuple et s'ouvrir au monde moderne.

Chypre

Nicosie. 640 000. 69. 1 %.
Économie. PNB (70) 824. Production (70) : G 160 + A *176 + I 153. Énerg. (*70) : 1 453. C.E. (70) : 21 %.
Transports. (*70) : 55 500 + 13 700.  : 1 498 000 tjb. (*70) : 126 923 000 pass./km.
Information. (70) : 10 quotidiens ; tirage global : 68 000. (70) : 167 000. (70) : 49 000. (70) : 83 000 fauteuils ; fréquentation : 6,1 M. (70) : 46 000.
Santé. (70) : 493. Mté inf. (70) : 26.
Éducation. (69). Prim. : 71 236. Sec. et techn. : 39 221. Sup. : 580.
Institutions. République indépendante le 16 août 1960. Président de la République : Mgr Makarios (Grec), réélu pour la troisième fois le 8 février 1973. Vice-président : Dr Fazil Kutchuk (Turc).

Énosis

Mgr Makarios, malgré l'opposition, violente ou non, à laquelle il se heurte, parvient à consolider sa position. Candidat unique, il est réélu à la présidence de la République le 8 février 1973. Mais sa désignation par le suffrage universel est contestée à la fois par le saint-synode de l'Église autocéphale de Chypre et les partisans du général Georges Grivas, qui tentent de renverser le régime par la force des armes. Le général Grivas, alias Dighenis, ancien chef de l'EOKA (organisation des maquisards chypriotes durant la dernière phase de l'occupation britannique), souhaite, en effet, précipiter le rattachement de l'île à la Grèce, l'Énosis.

Le 12 novembre, un complot fomenté, dit-on, par une organisation subversive qui s'intitule « second EOKA », est déjoué. Plusieurs dizaines de personnes sont arrêtées. Le 17 décembre, un commando du général Grivas occupe et tient sous son contrôle le village d'Ayia Napa, au sud de l'île. Un monument dédié à l'EOKA, et que le président Makarios devait inaugurer quelques jours plus tard, est honoré au nom du général Grivas.

Les partisans de ce dernier multiplient les attentats entre le 18 et le 30 janvier, s'attaquent à des patrouilles de police, s'emparent d'armes et de munitions dans les postes de gendarmerie. Les 15 et 16 mars, une vague d'attentats déferle sur l'île, cette fois-ci dirigée contre les sympathisants du général Grivas et de l'Énosis. Les attaques confirment la création d'une organisation terroriste favorable à Mgr Makarios. Un mois plus tard, on apprenait que des négociations secrètes s'étaient engagées entre les représentants du chef de l'État chypriote et l'ancien chef de l'EOKA, afin de rechercher un « modus vivendi ».

Opposition

Mgr Makarios parvient de même à surmonter l'opposition des trois évêques du saint-synode qui l'avaient sommé dès le 1er juin 1972 de démissionner de la présidence. Ils renouvellent leur ultimatum le 20 septembre, mais toujours en vain, Mgr Makarios leur déniant le droit de lui dicter leur volonté. Un mois après la réélection de l'ethnarque à la tête de l'État, le saint-synode le destitue de ses fonctions ecclésiastiques, décision que Mgr Makarios estime comme nulle et non avenue. Le 13 avril, les trois métropolites confirment leur arrêt. Renonçant apparemment à poursuivre plus loin leur entreprise, les membres du saint-synode annoncent, le 19 avril, qu'ils ajournent « sine die » l'élection d'un nouvel archevêque, en remplacement de Mgr Makarios.

La facilité avec laquelle l'ethnarque réussit à résister à ses adversaires est imputable à sa popularité personnelle dans l'île ainsi qu'à son habileté manœuvrière.

Peu après l'arrivée à Nicosie, le 7 août, d'un nouvel ambassadeur de Grèce – le poste était resté vacant depuis février, en raison de la tension qui régnait entre les deux pays –, le gouvernement du général Papadopoulos ainsi que l'Église grecque orthodoxe contestent la décision du saint-synode de destituer Mgr Makarios.