Paradoxe des rapports franco-tchadiens, en dépit de son effort militaire et financier, le gouvernement français est souvent traité sans aménité par les dirigeants de Fort-Lamy. À plusieurs reprises, le président de la République dénonce les « monopoles étrangers » installés dans son pays, met en cause les assistants techniques, expulse des ressortissants français, accuse la presse française de mener une campagne de dénigrement systématique du Tchad.

Le gouvernement de Chaban-Delmas est d'autant plus embarrassé que la présence des militaires français au Tchad est sévèrement critiquée, en France et à l'étranger.

Au sein de l'UDR, certains se préoccupent des risques d'escalade et estiment que l'intervention est onéreuse. Les partis de gauche dénoncent une opération néo-colonialiste destinée à « soutenir un gouvernement fantoche ». L'opposition de droite considère qu'ayant exigé l'indépendance de 1960 les Tchadiens n'ont qu'à rétablir l'ordre par leurs propres moyens.

À l'étranger, les pays africains progressistes s'inquiètent. L'Algérie manifeste sa désapprobation et el Moujahid dénonce « les légionnaires heureux de casser de l'Africain », accusation qui cesse d'être fondée depuis la relève des éléments de la Légion étrangère par des soldats appartenant à l'infanterie de marine. À cette occasion, l'État d'Israël est mis en cause par les pays arabes, qui lui reprochent de contribuer à l'encadrement des forces armées tchadiennes.

Enfin, la Libye, qui a vainement proposé sa médiation en décembre, s'inquiète de l'existence d'une zone d'insécurité à proximité de ses frontières méridionales.

Togo

1 815 000. 31. 2,4 %.
Économie. PNB (65) 103. Production (65) : A 50 % + I 19 % + S 31 %. Énerg. (67) : 57. C.E. (63) : 13 %.
Transports. (*67) : 71 M pass./km, 11 M t/km. (*67) : 4 800 + 4 000.
Information. (67) : 2 quotidiens ; tirage global : 10 000. (67) : *31 000. (64) : 2 300 fauteuils ; fréquentation : 0,3 M. (67) : 2 768.
Santé (66). 62.
Éducation (65). Prim. : 155 803. Sec. et techn. : 13 192. Sup. : 73.
Institutions. Indépendance le 27 avril 1960. République (30 août 1956). Président de la République et chef du gouvernement : général Eyadema, auteur du coup d'État du 13 janvier 1967, qui renverse le président Grunitzky. Constitution de 1963 suspendue, Assemblée dissoute. Le gouvernement exerce l'ensemble des pouvoirs.

Tunisie

4 660 000. 29. 2,3 %.
Économie. PNB (67) 208. Production (66) : A 18 % + I 31 % + S 51 %. Énerg. (67) : 234. C.E. (67) : 16 %.
Transports. (*67) : 566 M pass./km, 1 188 M t/km. (*67) : 56 600 + 32 300. (*67) : 134 926 000 pass./km.
Information. (66) : 5 quotidiens ; tirage global : *120 000. (67) : *375 000. (67) : *35 000. (66) : 42 700 fauteuils ; fréquentation : 1,5 M. (67) : 58 321.
Santé (64). 485.
Éducation (65). Prim. : 734 316. Sec. et techn. : 115 478. Sup. : 6 230.
Institutions. État indépendant le 20 mars 1956. République proclamée le 25 juillet 1957. Constitution de 1959, amendée le 29 décembre 1969. Président de la République : Habib Bourguiba. Premier ministre : Bahi Ladgham.

Une nouvelle forme de socialisme

Malaise économique et social, d'importants remaniements ministériels, retraite prolongée en France du chef de l'État, la destitution puis l'inculpation pour haute trahison d'Ahmed Ben Salah, secrétaire d'État à l'Économie, remous au sein du parti socialiste destourien, la conjoncture en Tunisie est fertile en événements.

La lutte qui s'engage entre partisans et adversaires d'une certaine forme de socialisme intéresse tout autant les Tunisiens, dont l'avenir en dépend, que les milieux d'affaires étrangères, qui s'inquiètent de la précipitation avec laquelle Ben Salah impose la tutelle de l'État sur les activités économiques.

Fin août 1969, déjà, l'épreuve de force paraissait inéluctable. Non content d'avoir transformé en unités de production, gérées par des coopératives, environ un million d'hectares d'anciens domaines coloniaux nationalisés et d'avoir installé des coopératives de distribution dans les différents secteurs commerciaux, Ben Salah présente au président Bourguiba un projet de loi qui doit aboutir à l'intégration des grandes et des petites propriétés (environ 4,5 millions d'hectares) dans le système coopératif. Soucieux de prendre ses adversaires de vitesse tandis que la santé du président de la République, son protecteur, suscite des inquiétudes, le secrétaire d'État à l'Économie se propose de réaliser son projet en un an.