En décembre, après l'assassinat d'un syndicaliste étudiant par des inconnus, une vive effervescence règne à l'université d'Addis-Abeba, que l'empereur Haïlé Sélassié décide de fermer. Trois étudiants sont tués et plusieurs autres blessés à la suite de violents accrochages avec la police. Les élèves des écoles secondaires ayant manifesté leur solidarité avec leurs aînés, ces établissements sont également fermés. Simultanément, à l'étranger, les étudiants éthiopiens tentent à plusieurs reprises d'occuper les ambassades de leur pays, notamment à Washington, Paris et Stockholm.

La situation intérieure est estimée grave à Addis-Abeba et, en novembre, le palais impérial institue le service militaire obligatoire. À la même époque un complot contre l'empereur est déjoué. L'instigateur en est un ancien héros de la guerre contre le fascisme italien, déjà condamné une première fois pour conjuration, puis amnistié, Takele Woldehawariat. En janvier, le correspondant dans la capitale éthiopienne de l'agence britannique Reuter est prié de quitter le pays.

Sur le plan international, le prestige de l'empereur d'Éthiopie reste considérable. Il est vrai qu'Addis-Abeba est depuis 1963 la capitale du panafricanisme, puisqu'elle abrite le secrétariat général de l'OUA. Le souverain, qui a tenté à maintes reprises d'intervenir en médiateur dans le conflit nigéro-biafrais, fait une ultime démarche en décembre. Elle reste vaine, comme les précédentes, les Biafrais refusant de se rendre en Éthiopie pour y rencontrer une délégation nigériane.

Tout en s'efforçant de rester à l'écart des deux blocs, Haïlé Sélassié se rapproche nettement des États-Unis, auxquels il demande, en janvier, à l'occasion de la visite du secrétaire d'État William Rogers, une aide militaire accrue.

Gabon

480 000. 2. 0,9 %.
Économie. PNB (66) 393. Énerg. (67) : 397. C.E. (66) : 55 %.
Transports. (*67) : 5 200 + 4 500. (*67) : 74 754 000 pass./km.
Information. (66) : *40 000. (64) : *1 200. (67) : *4 100.
Santé (65). 79.
Éducation (65). Prim. : 79 162. Sec. et techn. : 6 595. Sup. : 100.
Institutions. État indépendant le 17 août 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961, révisée en 1967 ; régime présidentiel. Président de la République et chef du gouvernement : Bernard-Albert Bongo, qui succède, le 1er décembre 1967, à Léon Mba, décédé.

Gambie

357 000. 32. 2,1 %.
Économie. PNB (63) 81. Énerg. (67) : 44. C.E. (63) : 35 %.
Transports. (*67) : 1 700 + 2 100.
Information. (59) : 1 quotidien ; tirage : 1 500. (66) : *60 000. (63) : 2 000 fauteuils.
Santé (66). 18.
Éducation (65). Prim. : 14 218. Sec. et techn. : 4 002.
Institutions. État indépendant le 18 février 1965. Constitution républicaine promulguée le 23 avril 1970. Chef de l'État et de l'exécutif : Daouda Jawara.

Le 28 avril 1970, sir Daouda Jawara, Premier ministre, prête serment sur le Coran comme président de la République. C'est la fin du règne d'Elisabeth II sur la Gambie.

À la tête d'un pays défavorisé par la modicité de ses ressources économiques, l'exiguïté de son territoire (à peine plus grand qu'un département français), la faiblesse de sa population (sensiblement égale à celle de Bordeaux), les dirigeants de Bathurst supportaient mal de voir la souveraine du Royaume-Uni demeurer reine de Gambie depuis leur indépendance.

Sir Jawara avait invité dès 1965 ses compatriotes à se prononcer en faveur d'une constitution républicaine. Sa proposition n'ayant pas recueilli les deux tiers des voix exprimées, le pays était resté une monarchie constitutionnelle. L'électorat de Bathurst, très attaché aux traditions britanniques et très hostile à sir Jawara, avait pesé de façon décisive sur le scrutin.

Depuis lors, sir Jawara, musulman de naissance momentanément converti au protestantisme, était revenu à la religion de ses pères. Il était parvenu, d'autre part, à étendre ses assises politiques, autrefois limitées aux campagnes gambiennes, à une partie des quartiers populaires de Bathurst. Enfin, les relations n'ayant cessé de se dégrader depuis cinq ans entre la Gambie et le puissant voisin sénégalais, les Gambiens avaient pris conscience de la nécessité d'affirmer leur nationalisme en proclamant leur « indépendance totale ». C'est ce qui explique que, sur 133 813 électeurs inscrits, 84 986 aient voté le 23 avril en faveur de l'adoption du projet de constitution républicaine.