Le commandant Marien Ngouabi, chef de l'État, proclame fin décembre : « Le Congo-Brazzaville rentre dans l'histoire de la grande révolution mondiale. » Simultanément, les dirigeants congolais annoncent que la République populaire du Congo change d'emblème, adoptant le drapeau rouge frappé de deux palmes vertes surmontées d'une étoile jaune. La Congolaise, qui était l'hymne national depuis la proclamation de l'indépendance, est remplacée par l'Internationale, puis par les Trois Glorieuses, ainsi nommées en souvenir des trois journées d'août 1963 qui marquèrent la fin du régime de l'abbé Fulbert Youlou.

Les intérêts français

Le Mouvement national de la révolution (MNR) est remplacé par le Parti congolais du travail (PCT), dont le président est le chef de l'État. Une nouvelle constitution est promulguée au début de janvier, renforçant le régime présidentiel ; le chef de l'État nomme le vice-président du Conseil d'État (organisme qui remplace le gouvernement) et met fin à ses fonctions après avis du Comité central du PCT.

Les références constantes des dirigeants au marxisme-léninisme, leur souci de doter le Congo de structures politiques qui en sont inspirées sont liés à l'accroissement de l'influence de la Chine communiste à Brazzaville. Le gouvernement de Pékin accorde une aide économique et financière importante aux Congolais et plusieurs centaines d'experts et de techniciens communistes chinois sont installés dans la capitale et dans l'intérieur du pays où ils ont implanté des industries.

Néanmoins, l'économie de la République populaire du Congo réserve toujours une large place aux capitaux privés étrangers, attitude en accord avec diverses déclarations publiques du commandant Marien Ngouabi, qui estime prématuré de multiplier les nationalisations.

L'exploration des ressources pétrolières du littoral se poursuit avec le concours des sociétés françaises ; les intérêts français prédominent aussi dans l'exploitation forestière, une des principales ressources du pays. Enfin, la Société des mines de potasse d'Alsace contrôle la Compagnie des potasses du Congo (CPC), qui a commencé, en octobre, à exploiter un des plus riches gisements du monde. Situé à Holle, à 40 km du port de Pointe-Noire, ce gisement contient d'immenses réserves de minerai d'une teneur moyenne de 39 %. Sa mise en valeur implique la création, en cinq ans, d'un vaste complexe industriel dont le coût est estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Conspiration permanente

En dépit du réaménagement des structures politiques et malgré le développement continu de l'économie, la situation reste tendue à Brazzaville, où règne une atmosphère de conspiration permanente.

Plusieurs officiers sont traduits en justice en juillet 1969, dont l'ancien commandant Félix Mouzabakany, ancien ministre de l'Intérieur, condamné à dix ans de détention. En octobre, des syndicalistes sont incarcérés pour incitation à la grève.

En novembre, les autorités congolaises affirment avoir déjoué un complot dont les instigateurs sont des partisans de l'ancien président Fulbert Youlou. À quelques jours d'intervalle, elles décident la création d'une cour martiale, qui prononce quatre condamnations à mort, puis d'une cour révolutionnaire d'exception, qui acquitte l'ancien président Alphonse Massemba-Debat.

Après une pause de plusieurs mois, tentative de coup d'État à Brazzaville. Venu de Kinshasa, un commando conduit par l'ancien lieutenant Kikanga occupe les locaux de la radio dans la nuit du 22 mars. Les 30 hommes sont abattus sur place par les soldats congolais. Ce coup de main aurait, en fait, entraîné la mort de 63 adversaires du régime. Quelques jours après, 3 militaires sont exécutés. La gendarmerie est dissoute et le commandant Marien Ngouabi annonce son remplacement par des milices populaires. Un malaise persiste pourtant au sein de l'armée, puisqu'en avril dix sévères condamnations sont prononcées contre des militaires.

Cette succession de conspirations et de purges contribue à dégrader les rapports entre Brazzaville et Kinshasa.

Congo-Kinshasa

1 673 000. 7. 2,2 %.
Économie. PNB (63) 118. Production (59) : A 28 % + I 37 % + S 43 %. Énerg. (67) : 76. C.E. (66) : 26 %.
Transports. (*67) : 457 M pass./km, 1 848 M t/km. (67) : 43 500. (*67) : 457 465 000 pass./km.
Information. (66) : 7 quotidiens. (67) : 23 919.
Santé (66). 599. Mté inf. (53) : 40.
Éducation (64). Prim. : 1 592 225. Sec. et techn. : 88 891. Sup. : 3 136.
Institutions. État indépendant le 30 juin 1960. République présidentielle. Constitution de 1967. Président de la République et chef de l'exécutif : lieutenant-général Joseph-Désiré Mobutu, élu par le Congrès le 28 novembre 1965, après le coup d'État qui renverse le président Kasavubu.

Année faste pour le général Mobutu

Au cours de cette année faste pour le général Mobutu, la République démocratique du Congo s'est réconciliée avec la Belgique, tandis que se dégradaient ses rapports avec la République populaire du Congo-Brazzaville. Grâce à une réforme libérale, l'économie congolaise prenait un nouveau départ, tandis que l'autorité de l'État semblait fermement restaurée.