Sans modifier fondamentalement sa politique d'apartheid, le gouvernement de B. Vorster s'efforce de sortir de son isolement international et multiplie les gestes en direction de certains pays africains, de Madagascar par exemple, qui se soucie plus de son développement économique que des recommandations de l'Organisation de l'unité africaine (une mission économique se rend à Tananarive en novembre 1969).

Cette politique d'ouverture est critiquée dès le mois d'août, au sein du Parti national, par les Afrikaners les plus intransigeants. La crise éclate en septembre, à l'annonce de l'invitation d'une équipe de rugby où figurent des joueurs de couleur. B. Vorster décide alors de procéder à des élections anticipées au début de 1970.

En octobre, le Dr Albert Herzog, chef de file de l'extrême droite, fonde le Parti national rénové, qui fait campagne contre le Premier ministre.

Le scrutin d'avril marque la défaite de cette nouvelle formation. Aucun de ses candidats n'obtient de siège. Par contre, Helen Suzman gagne des voix ; elle est l'unique représentante au Parlement du Parti progressiste, soutenu par le roi de l'or, Oppenheimer, qui s'inquiète des effets à long terme de la ségrégation et considère que la formation professionnelle des Noirs, en augmentant leur pouvoir d'achat, serait bénéfique pour l'économie.

Le Parti uni, de sir Villiers de Graf, qui préconise un adoucissement du régime d'apartheid, voit ses élus passer de 37 à 47. Il fait presque le plein des voix de la minorité anglophone et regagne ainsi le terrain perdu aux élections de 1966.

Avec ses 117 sièges, le Parti gouvernemental n'en conserve pas moins la majorité absolue, et B. Vorster peut interpréter publiquement les résultats de ces élections (auxquelles n'ont évidemment pas participé les 13 millions de Noirs et les 3 millions d'Asiatiques et de métis, privés du droit de vote) comme un acquiescement de sa politique.

Au début de juin, le chef du gouvernement entreprend son premier voyage en Europe depuis 1966, date de son accession au pouvoir. À Lisbonne, il s'entretient avec M. Caetano, Premier ministre portugais, de l'édification et de la défense du barrage de Cabora-Bassa, en Mozambique, qui doit alimenter l'Afrique du Sud en énergie électrique. Il se rend également à Madrid et à Paris, mais évite Londres, capitale du Commonwealth, auquel son pays appartenait naguère.

Les condamnations internationales n'ont guère de conséquences sur l'économie du pays, en pleine expansion pour le moment. Les investissements sont particulièrement importants dans le Sud-Ouest africain, B. Vorster n'ayant prêté aucune attention à l'ultimatum des Nations unies qui enjoignait à la République sud-africaine d'évacuer ce territoire avant le 4 octobre 1969.

Rhodésie

5 090 000. 13. 3,1 %.
Économie. PNB (67) 233. Production (66) : A 20 % + I 34 % + S 46 %. Énerg. (67) : 491. C.E. (67) : 25 %.
Transports. (*67) : 111 000 + 42 200.
Information. (65) : 4 quotidiens ; tirage global : 63 000. (67) : 45 000. (61) : 8 800 fauteuils. (67) : 112 086.
Santé (66). 875.
Éducation (65). Prim. : 627 806. Sec. et techn. : 15 146. Sup. : 859.
Institution. État indépendant le 11 novembre 1965. Constitution républicaine promulguée le 2 mars 1970. Chef de l'État : Clifford Dupont, nommé par le gouvernement le 14 avril 1970. Chef de l'exécutif : Ian Douglas Smith.

Le pouvoir de Ian Smith se renforce

Le « oui » au référendum du 20 juin 1969 sur la modification de la constitution et la proclamation de la république a marqué toute la vie politique.

En octobre 1969, la nouvelle constitution est adoptée par le Parlement après trois semaines de débats laborieux (l'opposition dépose de nombreux amendements). Finalement les deux innovations les plus importantes concernent la loi électorale et la répartition des terres ; la représentation des 10 000 électeurs noirs ayant le droit de participer au vote (suffrage censitaire) est modifiée. On passe des 15 sièges qui leur étaient impartis précédemment à 8 sièges réservés à des députés élus et 8 autres attribués à des chefs coutumiers. Un Blanc ne peut plus se faire élire par les Noirs. Les nouvelles dispositions agraires accordent autant de terres aux 230 000 Blancs qu'aux 4 200 000 Noirs. Le remembrement des parcelles implique la disparition des enclaves appartenant aux Noirs dans les zones européennes.