Ces succès valent aux autorités d'Abidjan un prestige accru à travers le continent africain, même lorsque le miracle ivoirien suscite quelque envie. Et, après l'écrasement de l'éphémère république du Biafra par l'armée fédérale nigériane, le général Ojukwu trouve asile politique en Côte-d'Ivoire dès janvier 1970. Il est vrai que le gouvernement d'Abidjan est l'un des cinq qui aient cru bon de reconnaître le gouvernement séparatiste biafrais.

Dahomey

2 571 000. 23. 2,9 %.
Économie. PNB (63) 76. Énerg. (67) : 29. C.E. (63) : 8 %.
Transports. (*67) : 67 M pass./km, 73 M t/km. (*67) : 8 000 + 5 300. (*67) : 56 154 000 pass./km.
Information. (64) : 3 quotidiens ; tirage global : 2 000. (67) : 40 000. (64) : 3 800 fauteuils ; fréquentation : 0,7 M. (67) : *4 600.
Santé (64). 71.
Éducation (66). Prim. : 132 690. Sec. et techn. : 11 480. Sup. : 53.
Institutions. État indépendant le 1er août 1960. République (4 décembre 1958). Constitution de 1968. Chef de l'État et Premier ministre : Hubert Maga (en tant que président en exercice du Conseil présidentiel, comprenant Sourou Migan Apithy et Justin Ahomadegbe) ; succède au directoire militaire présidé par le colonel Paul Émile de Souza, en place après le coup d'État du 10 décembre 1969.

De putsch en coup d'État civil, de crise en crise, de charte en loi fondamentale, le pays ne parvient pas à trouver la stabilité politique indispensable à son développement économique. Ses dirigeants donnent l'exemple d'un byzantinisme politique sans égal en Afrique noire.

Le 10 décembre 1969, Cotonou est le théâtre d'un putsch. C'est le quatrième en six ans. Le lieutenant-colonel Maurice Kouandete, chef d'état-major de l'armée dahoméenne, destitue le Dr Émile Derlin Zinsou, investi président de la République seize mois plus tôt. Une fois de plus, l'opération est menée sans effusion de sang. Le président destitué est libéré par les putschistes après quelques jours de résidence surveillée.

La mise à l'écart du Dr Émile Derlin Zinsou par les militaires est, au premier abord, étonnante. Ce sont eux qui, en juin 1968, avaient choisi cet ancien parlementaire français et c'est sur leurs instances pressantes que le Dr Zinsou avait accepté une charge qu'il ne briguait plus. D'autre part, le principal auteur du putsch était jusqu'alors considéré comme un des hommes de confiance du Dr Zinsou. Enfin, on peut être surpris par le fait que les forces armées dahoméennes soient, une fois encore, parvenues à s'ériger en arbitre, alors que leurs effectifs n'excèdent pas 3 000 hommes.

En réalité, beaucoup d'éléments jouaient en défaveur du Dr Zinsou. Antimilitariste convaincu, il tenait en suspicion la plupart des officiers, y compris ceux qui l'avaient promu, et il avait constamment manifesté son intention de conserver une entière liberté de mouvement vis-à-vis d'eux. Cette attitude exaspérait la plupart des officiers supérieurs, dont l'intention évidente était de gouverner par personne interposée.

L'hostilité des anciens présidents Justin Ahomadegbe, Sourou Migan Apithy et Hubert Maga n'était pas moins vive à rencontre de l'homme qui avait accédé au pouvoir en mettant à profit leurs divisions. Or, en dépit de sa forte personnalité, le Dr Zinsou était dépourvu de toute assise régionale, contrairement à ses adversaires politiques. Dans un pays où la persistance des querelles régionales et tribales joue un rôle important, le président Zinsou était isolé et fatalement voué à l'échec.

Imbroglio politique

En dépit de ses ambitions personnelles et de son rôle dans le putsch de décembre, le lieutenant-colonel Kouandete ne peut prétendre exercer seul la responsabilité des affaires publiques.

Dès l'éviction du Dr Zinsou, les antagonismes entre officiers se manifestent. Le pouvoir exécutif est confié à un directoire de trois lieutenants-colonels : Kouandete, de Souza et Sinzogan, dont la présidence revient à de Souza. Une charte légalise le régime militaire en octroyant au directoire « tous les pouvoirs traditionnellement dévolus au chef de l'État ».