Le 16 octobre, le chef de la junte, le colonel Moammer El-Kadhafi, énonce les cinq principes du nouveau régime : l'évacuation complète du territoire, la neutralité positive en matière de politique étrangère, la Libye sera l'amie de ceux qui lui témoigneront concrètement leur amitié, l'unité nationale est une étape vers l'unité arabe globale, les partis politiques seront à jamais interdits. Le 8 octobre, un gouvernement constitué de militaires et de civils, de tendance nationaliste, est constitué sous la présidence du Dr Mahmoud Soliman El-Maghrabi.

Dès le premier jour, les nouveaux dirigeants se portent garants de la sécurité des étrangers et de leurs biens. Ils proclament peu après qu'ils n'ont nullement l'intention de procéder à des nationalisations ou de modifier la politique de leurs prédécesseurs à l'égard des sociétés pétrolières, « pourvu que celles-ci tiennent compte des intérêts du peuple libyen, sacrifié par l'ancien régime ».

Leur premier souci est manifestement de supprimer les bases étrangères sur leur territoire. Quarante-huit heures après leur prise du pouvoir, ils interdisent les vols d'entraînement des pilotes américains à Wheelus-Field et des Anglais à Tobrouk et à El-Adem. À la suite de l'imposition de mesures strictes de contrôle, ils proposent à Londres, le 29 octobre, et à Washington, le 30 octobre, l'ouverture de négociations en vue de la fermeture de leurs bases en Libye. Les accords conclus en décembre conduisent à l'évacuation anticipée des bases britanniques le 28 mars 1970 et de celle des États-Unis de Wheelus-Field le 11 juin.

Entre-temps, le gouvernement de Tripoli avait annulé, le 7 novembre, un important contrat d'armement conclu par l'ancien régime avec la Grande-Bretagne, dont la valeur s'élevait à 312 millions de dollars.

Le 19 juin, Fête de l'évacuation pour le départ du dernier soldat américain. C'est aussi l'occasion d'une réunion au sommet de six chefs d'État arabes invités à Tripoli (RAU, Irak, Syrie, Jordanie, Yémen, Libye).

Contrôle des sociétés étrangères

Sur le plan intérieur, le régime du colonel Kadhafi demeure fidèle au principe de la libre entreprise. Il ne procède à aucune nationalisation, mais décrète, le 13 novembre, qu'au moins 51 % du capital des banques devraient appartenir à des Libyens, lesquels détiendraient également la majorité des sièges aux conseils d'administration. Le 4 mai 1970, le même principe est étendu à toutes les sociétés anonymes commerciales. La loi stipule, en outre, que le commerce de gros et de détail, ainsi que les opérations d'import-export relèveront désormais de la compétence exclusive d'entreprises purement libyennes.

Une faction qui souhaitait donner au régime une orientation de gauche est éliminée. Le gouvernement annonce, le 11 décembre, qu'une tentative de coup d'État a été éventée. Une trentaine d'officiers sont poursuivis en justice, dont les lieutenants-colonels Adam Hawaz et Moussa Ahmed, ministres respectivement de la Défense et de l'Intérieur.

Le colonel Kadhafi accentue sa pression sur les compagnies pétrolières étrangères, qui acceptent, le 13 octobre, d'ouvrir des négociations avec le gouvernement en vue de relever le prix du pétrole brut. Les pourparlers, engagés le 29 janvier, n'ayant pas abouti à un accord, le leader de la junte multiplie les mises en garde. Le 31 mars, il déclare : « Nos revendications doivent être satisfaites parce qu'elles sont conformes aux intérêts nationaux de notre pays. Nous avertissons les compagnies que nous ne pouvons accepter leur présence sur le sol libyen si elles portent atteinte aux droits des travailleurs du pétrole et du peuple libyen ». Plus menaçant, le colonel Kadhafi proclame le 9 avril : « Nous entamerons bientôt la bataille de la libération économique et sociale, c'est-à-dire la bataille avec les compagnies pétrolières. »

Du 9 au 13 mars, le ministre libyen des pétroles et des ressources minières séjourne à Moscou, où il s'entretient avec les responsables sur une éventuelle coopération pour la création d'une industrie de transformation du pétrole et pour la prospection des richesses minérales. Une mission d'étude soviétique se rend à cet effet en Libye le 7 mai.

Les « Mirage » français

Mais le colonel Kadhafi entend développer ses relations avec le camp occidental, avec la France en particulier, dont il apprécie l'attitude dans le conflit israélo-arabe. Fin janvier 1970, le gouvernement de Paris révèle que 110 avions Mirage, de divers types, seront livrés à la Libye avant la fin de 1974. D'une valeur de 800 millions de francs environ, il s'agit du plus gros marché d'armement aéronautique français — en un seul contrat — jamais conclu avec un client étranger. Deux semaines plus tard, une importante mission française se rend à Tripoli pour examiner les moyens d'intensifier les échanges commerciaux et la coopération économique et technique. Toutefois, le colonel Kadhafi paraît contester l'affirmation du gouvernement de Paris selon laquelle la Libye fait partie intégrante du Maghreb. Tripoli, en effet, refuse ostensiblement de participer à la 6e conférence de l'économie du Maghreb, qui devait se tenir en mars 1970, et manifeste sa volonté de jouer un rôle d'intermédiaire entre les pays nord-africains francophones et ceux du Moyen-Orient. Le panarabisme du leader libyen s'apparente de toute évidence à celui du président Nasser. Dès le 11 septembre 1969, il adressait au chef de l'État égyptien un message dans lequel il déclarait : « La révolution libyenne est un aspect du nationalisme arabe que vous prônez et dont vous êtes le chef. »

Madagascar

6 643 000. 11. 0,0 %.
Économie. PNB (67) 116. Énerg. (67) : 66. C.E. (7) : 14 %.
Transports. (*67) : 171 M pass./km, 179 M t/km. (*67) : 38 100 + 26 000. (*67) : 179 191 000 pass./km.
Information. (64) : 20 quotidiens ; tirage global : 80 000. (67) : *350 000. (67) : 16 000 fauteuils. (67) : 22 701.
Santé (66). 609.
Éducation (65). Prim. : 672 100. Sec. et techn. : 65 233. Sup. : 3 082.
Institutions. État indépendant le 26 juin 1960. République (14 octobre 1958). Constitution de 1959, révisée en 1960. Président de la République et chef du gouvernement : Philibert Tsiranana, réélu le 30 mars 1965.