La contestation est beaucoup plus vigoureuse dans les milieux estudiantins. La grève déclenchée le 12 février à l'université de Rabat, dans les établissements de l'enseignement supérieur et dans la plupart des lycées se poursuit pendant un mois, malgré les exhortations et les promesses des pouvoirs publics. Reda Guedira, désigné le 7 août comme ministre d'État chargé de l'enseignement secondaire et supérieur, est démis le 20 février. Connu pour ses opinions libérales, il avait été chargé d'ouvrir le dialogue avec la jeunesse marocaine. Le 4 mars, le gouvernement somme les étudiants de cesser leur grève dans les quarante-huit heures, faute de quoi ils seraient expulsés définitivement de leur établissement. La sanction, imposée à plusieurs centaines d'entre eux, est annulée le 17 mars par Hassan II. La grève reprend cependant le 22 mai et plusieurs centaines d'étudiants sont incarcérés, une trentaine sont déférés devant la justice. En guise de solidarité, le corps professoral cesse toute activité le 28 mai. Les cours reprendront le 9 juin.

Cependant, Hassan II enregistre des succès appréciables en matière de politique étrangère. Il est l'un des principaux animateurs de la conférence panislamique et du Sommet arabe qui se tiennent à Rabat, en septembre et en décembre 1969. En marge de la première réunion, il s'entretient avec le président Ould Daddah, avec lequel il convient de normaliser les relations entre la Mauritanie et le Maroc, Rabat ayant renoncé à toute revendication territoriale à l'égard de son voisin méridional. Les deux chefs d'État reprennent leurs conversations le 8 juin à Casablanca. Le 26 juin, Hassan II reçoit le Dr Goldmann, président du Congrès juif mondial.

Le 16 décembre, Rabat et Paris échangent des ambassadeurs, mettant fin à la brouille suscitée par l'affaire Ben Barka quatre ans auparavant. La visite d'Hassan II en France, le 31 janvier, relance l'amitié et la coopération entre les deux pays. Si le séjour à Rabat, début mai, du ministre espagnol des Affaires étrangères ne permet pas d'épurer le contentieux avec Madrid, la rencontre avec Boumediene à Tlemcen, le 25 mai, règle le conflit frontalier.

Île Maurice

787 000. 426. 2,5 %.
Économie. PNB (67) 257. Production (66) : A 24 % + I 25 % + S 51 %. Énerg. (67) : 141. C.E. (67) : 32 %.
Transports. (64) : 6 M t/km. (*67) : 12 100 + 5 200.
Information. (67) : 11 quotidiens ; tirage global : 84 000. (67) : 70 000. (67) : *9 600. (67) : 69 000 fauteuils ; fréquentation : 7 M. (67) : 15 328.
Santé (66). 200. Mté inf. (67) : 70,5.
Éducation (67). Prim. : 140 495. Sec. et techn. : 39 817. Sup. : 80.
Institutions. État indépendant le 12 mars 1968. Constitution de 1967, amendée le 18 novembre 1969. Gouverneur général représentant la Couronne britannique, John Rennie. Premier ministre : Seewoosagur Ramgoolam.

En intégrant le club de l'OCAM (qui devient l'Organisation commune africaine, malgache et mauricienne) et en se rapprochant de la France, le gouvernement mauricien cherche notamment à résoudre quelques-unes de ses difficultés économiques et sociales. Pour sir Seewoosagur Ramgoolam, il est nécessaire de trouver de nouveaux débouchés aux 600 000 t de sucre produites annuellement à Maurice. Simultanément, le Premier ministre souhaite obtenir des débouchés pour la main-d'œuvre, notamment avec une immigration en France. Enfin, pour développer l'industrie touristique, les dirigeants de l'île Maurice ont besoin de concours extérieurs (techniciens et capitaux). Déjà membre de l'Alliance touristique de l'océan Indien (ATOI), Maurice s'adresse à des techniciens français pour mettre au point les projets d'extension de son aéroport, et un important club français de vacances est pressenti pour installer des villages dans l'île.

Néanmoins, le gouvernement doit faire face à quelques difficultés internes. En novembre 1969, sir Seewoosagur Ramgoolam fait voter par l'Assemblée un amendement constitutionnel qui permet de proroger la législature jusqu'en 1976. En décembre, il fait entrer Gaëtan Duval, chef de l'opposition, dans son cabinet ministériel. Il est vrai qu'à plusieurs reprises G. Duval envisage de démissionner et que les menaces de crise pèsent de façon à peu près permanente sur la coalition gouvernementale.

Mauritanie

1 120 000. 1. 2 %.
Économie. PNB (63) 107. Énerg. (67) : 53. C.E. (63) : 16 %.
Transports. (*67) : 3 000 + 3 000. (*67) : 68 704 000 pass./km.
Santé (65). 35.
Éducation (64). Prim. : 19 103. Sec. et techn. : 1 684.
Institutions. État indépendant le 28 novembre 1960. République (28 novembre 1958). Constitution de 1961 ; régime présidentiel. Président de la République et président du Conseil des ministres : Moktar Ould Daddah, réélu le 7 août 1966.

Alignement sur les nations arabes

Après neuf années de tension permanente entre Nouakchott et Rabat, le roi Hassan II renonce à revendiquer la Mauritanie comme partie intégrante du territoire marocain. Le souverain chérifien invite, en septembre 1969, Moktar Ould Daddah, président de la Mauritanie, à la conférence islamique de Rabat. À l'occasion de ces assises, un dialogue s'instaure entre les deux chefs d'État.