L'atmosphère politique se dégradant, les putschistes prennent l'engagement d'organiser des élections générales en mars. Un climat de surenchère s'instaure aussitôt entre les différents candidats, les anciens présidents Ahomadegbe, Maga et Apithy ayant chacun fait acte de candidature.

Le directoire militaire avait décidé que la consultation se déroulerait en trois semaines, circonscription par circonscription, et que les résultats des votes seraient proclamés au fur et à mesure. L'adoption de ce curieux système ayant entraîné des troubles dans le nord du pays, les militaires suspendent les opérations de vote, puis les annulent.

En avril, une assemblée du Nord s'étant réunie à Parakou, le directoire s'inquiète d'éventuelles menaces de sécession susceptibles d'entraîner l'éclatement du Dahomey. Prisonniers de la promesse qu'ils avaient faite de « constituer un gouvernement d'union nationale », les militaires sont contraints d'accepter une formule destinée surtout à ne mécontenter aucun des hommes qui se partagent la clientèle électorale.

Contre toute évidence, la proposition, faite par J. Ahomadegbe et H. Maga, de créer une commission présidentielle collective est acceptée. En mai, un conseil présidentiel de trois membres est mis en place, composé de J. Ahomadegbe, S. Apithy et H. Maga. Le pouvoir y est exercé collégialement par le triumvirat, qui, placé au pouvoir pour une période de six années, change tous les deux ans de porte-parole. Après de laborieuses discussions, H. Maga est désigné par ses deux collègues comme président jusqu'en mai 1972. L'existence d'un exécutif tricéphale constitue une source de conflits et il est à craindre que l'activité du conseil ne soit rapidement frappée de paralysie en dépit des qualités de médiateur de H. Maga.

Le Dahomey reste fidèle à sa réputation d'instabilité. À l'époque coloniale déjà, le territoire n'eut pas moins de 26 gouverneurs en cinquante-trois ans. Depuis la proclamation de l'indépendance, le pays a usé trois républiques, éliminé huit chefs d'État, sans compter un neuvième, régulièrement élu, mais dont l'élection fut invalidée.

Éthiopie

24 769 000. 20. 1,4 %.
Économie. PNB (66) 51. Production (66) : A 64 % + I 11 % + S 25 %. Énerg. (67) : 19. C.E. (66) : 8 %.
Transports. (66) : 82 M pass./km, 216 M t/km. (*67) : 27 200 + 8 800. (*67) : 284 622 000 pass./km.
Information. (65) : 8 quotidiens ; tirage global : 34 000. (66) : 5 000. (67) : 32 355.
Santé (65). 362.
Éducation (65). Prim. : 378 750. Sec. et techn. : 55 579. Sup. : 3 018.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution octroyée en 1955. Souverain : empereur Haïlé Sélassié Ier (2 novembre 1930). Premier ministre : Tsahafi Tiizaz Aklilou Habte-Woud.

Le régime impérial est sévèrement contesté par certaines fractions de la population. Le Front de Libération arabe de l'Érythrée continue d'exiger l'indépendance de cette ancienne colonie italienne rattachée autoritairement à l'empire du Négus. Les étudiants manifestent de plus en plus fréquemment et de plus en plus violemment.

Détournements en série

Le Front de Libération de l'Érythrée attire l'attention de l'opinion mondiale en organisant une série d'attentats contre les avions de ligne éthiopiens. En juin 1969, un Boeing 707 des Éthiopian Airlines est mitraillé à l'escale de Karachi, au Pakistan. En août, un avion effectuant la liaison entre Asmara et Addis-Abeba est détourné sur Khartoum. En septembre, un DC 6 est détourné sur Aden. En décembre, une tentative de détournement d'un avion reliant Madrid à la capitale éthiopienne échoue et ses auteurs sont abattus sur place. En mars 1970, une bombe à retardement est découverte à bord d'un Boeing 707 en escale à l'aéroport de Fiumicino, en Italie. L'Organisation de l'Unité africaine condamne catégoriquement les détournements d'avions. Cependant, le Front de Libération de l'Érythrée, qui a revendiqué la responsabilité de ces diverses agressions, renouvelle ses menaces, notamment à partir de Damas et de Bagdad, où il entretient des bureaux permanents.