La république est proclamée le 2 mars 1970. Considérée comme illégale à Londres, cette mesure ne fait qu'officialiser une situation de fait existant depuis la déclaration unilatérale d'indépendance de 1965. Le gouvernement britannique, prenant de vitesse les États africains, demande aussitôt la réunion du Conseil de sécurité. Cette réunion se termine, le 19 mars, par l'adoption d'une résolution de compromis excluant les mesures concrètes réclamées par les pays afro-asiatiques, et ne comportant aucune condamnation de la Grande-Bretagne pour son refus de faire usage de la force contre son ancienne colonie. La plupart des pays occidentaux, qui n'ont déjà plus de représentation diplomatique à Salisbury, se bornent à fermer leur consulat.

Fin mars, les évêques rhodésiens protestent contre les lois d'apartheid. Le gouvernement n'en tient aucun compte et durcit ses positions ; 6 maquisards Zimbabwe, venant de Zambie, sont condamnés à mort en avril ; cela porte à 43 le nombre de détenus qui attendent leur exécution dans la prison de Salisbury. Présents dans les régions du nord du pays, les combattants de la liberté africains demeurent divisés en deux factions rivales, le ZAPU et le ZANU ; leurs activités militaires se limitent à quelques coups de main.

Les derniers liens sont coupés

Les résultats des élections législatives du 10 avril ne sont cependant pas encourageants pour les opposants africains, qui refusent de sortir de la légalité. Le parti de Ian Smith, le Front rhodésien, emporte la totalité des 56 sièges attribués aux Blancs. Aucun des candidats du Parti du centre (tendance libérale) n'est élu par le collège blanc. Ils obtiennent cependant un nombre de voix suffisant pour recouvrer leur caution, ce qui n'est pas le cas de l'Alliance républicaine (parti d'extrême droite), dont la surenchère nationaliste n'a guère d'objet, vu la politique de I. Smith. Sept des huit députés africains appartiennent au Parti du centre, tandis que le huitième siège revient à un candidat de l'Union nationale populaire, qui, fondée en novembre 1969, se situe entre les révolutionnaires, partisans de la violence, et les candidats noirs du Parti du centre, accusés de collaboration.

Assuré de la docilité de cette chambre d'enregistrement, Ian Smith modifie peu son cabinet : seul, le ministre des Transports est remplacé. Le 14 avril, Clifford Dupont, président de la République par intérim, est confirmé dans les fonctions qu'il remplissait depuis le 2 mars.

Ainsi, l'ancien membre du Commonwealth coupe-t-il les derniers liens qui l'attachaient encore à la Couronne. Les sanctions décidées à son encontre par la communauté internationale depuis 1966 l'affectent peu. L'embargo des exportations à destination de la Rhodésie n'est guère respecté. L'économie rhodésienne reste en expansion, notamment dans le secteur minier, dont la production a doublé depuis la rupture avec la Grande-Bretagne. Le complexe d'engrais azotés de Que-Que est achevé en décembre 1969, ainsi que deux nouveaux barrages d'irrigation. Les travaux de construction du barrage de la rivière Shashani sont commencés. La balance des paiements est redevenue excédentaire en 1969 et le produit national brut a connu un remarquable taux de croissance : 13 %.

Cette expansion s'accompagne de relations étroites avec la République sud-africaine. La proclamation de la république a resserré les liens entre Salisbury et Pretoria. En mai 1970, le Premier ministre sud-africain se rend en visite officielle dans la capitale rhodésienne avec son ministre des Affaires étrangères.

Rwanda

3 405 000. 129. 3,1 %.
Économie. PNB (63) 77. Énerg. (67) : 8.
Transports. (*67) : 2 400 + 1 200.
Information. (67) : 1 050.
Santé (66). 42.
Éducation Prim. (63) : 359 542. Sec. et techn. (63) : 7 654. Sup. (65) : 127.
Institutions. État indépendant le 1er juillet 1962. République (28 janvier 1961). Constitution présidentielle de 1962. Président de la République et chef de l'exécutif : Grégoire Kayibanda, réélu le 3 octobre 1965.

Sénégal

3 780 000. 19. 2,5 %.
Économie. PNB (66) 227. Énerg. (67) : 138. C.E. (66) : 18 %.
Transports. (*67) : 249 M pass./km, 188 M t/km. (*67) : 32 000 + 19 600. (*67) : 61 939 000 pass./km.
Information. (66) : 1 quotidien ; tirage : 20 000. (67) : *262 000. (65) : 33 500 fauteuils ; fréquentation : 5,2 M. (67) : 25 700.
Santé (66). 214.
Éducation (65). Prim. : 218 795. Sec. et techn. : 30 730. Sup. : 2 139.
Institutions. État indépendant le 20 août 1960. République le 25 novembre 1958. Constitution de 1963, modifiée le 22 février 1970. Président de la République : Léopold Sédar Senghor, réélu pour la troisième fois le 25 février 1968. Premier ministre : Abdou Diouf, désigné le 26 février 1970.

Refonte des structures politiques

Léopold Sédar Senghor procède à l'aménagement des structures politiques, tirant ainsi la leçon des différentes crises surmontées par le régime.