Journal de l'année Édition 1996

Du 01 janvier 1995 au 31 décembre 1995

Sommaire

  • Dossiers chronologie
    • Météo : l'Hiver

      En dehors de quelques périodes un peu froides, autour de Noël par exemple, ce mois est très doux ; l'excédent de température varie de 1,5 °C sur les côtes provençales à près de 4 °C à Strasbourg. Les minimums absolus ne descendent pas très bas : 5,9 °C au cap Corse, 5 °C à Ouessant, 3,1 °C à Nice, 0,5 °C à Bordeaux, − 0,3 °C à La Rochelle, − 1,2 °C à Toulouse, − 1,7 °C à Strasbourg, − 2,7 °C à Marignane, − 2,9 °C à Nantes, − 3,3 °C à Paris, − 3,7 °C à Lyon, − 4,8 °C à Lille, − 6,4 °C à Aurillac, − 7,1 °C à Charleville-Mézières, − 11 °C au Puy, − 13,3 °C à Chamonix et − 19,2 °C à Val-d'Isère. Les maximums absolus atteignent 20,1 °C à Biarritz, 21,8 °C à Bastia et 22,4 °C à Banyuls.

    • Météo : le Printemps

      Les températures sont basses du 4 au 9, du 20 au 22 et du 28 au 31, assez élevées le reste du temps. Le mercure descend jusqu'à 6 °C au cap Corse, 3,5 °C à Sète, 0,5 °C à Marignane et à Paris, 0,2 °C à Perpignan, − 0,9 °C à Bordeaux, − 1,6 °C à Nantes, − 1,7 °C à Lille, − 1,9 °C à Toulouse et à Tours, − 3,1 °C à Rennes, − 3,3 °C à Lyon, − 3,6 °C à Strasbourg, − 4,4 °C à Auch, − 5 °C à Charleville-Mézières, − 5,5 °C à Vichy, − 5,8 °C à Saint-Étienne et à Aurillac, − 12,2 °C à Briançon, − 16,2 °C à Chamonix et − 20 °C à Bessans [73]. Quant aux maximums les plus élevés, ils s'échelonnent de 13,1 °C à Belle-Île à 24,9 °C à Narbonne.

    • Météo : l'Été

      À une première quinzaine médiocre et fraîche, succède une période agréable, mais parfois orageuse. Les températures moyennes sont déficitaires au N-E d'une ligne Cherbourg-Marseille et excédentaires au S-O. Les maximums absolus s'élèvent jusqu'à 30 °C à Barcelonnette, 30,3 °C à Dijon, 30,4 °C à Nancy, 30,7 °C à Brest et à Limoges, 30,9 °C à Strasbourg, 31,7 °C à Lille et à Lyon, 32,6 °C à Grenoble, 32,7 °C à Tours, 33,1 °C à Paris, 33,5 °C à Montpellier, à Lille et à Rennes, 33,6 °C à La Rochelle, 33,7 °C au Mans, 34,6 °C à Carpentras et à Alès et 35,1 °C à St-Rémy-de-Provence, mais ils ne dépassent pas 29,5 °C à Nice, 28,6 °C à Cherbourg, 28,4 °C à Ajaccio, 22,6 °C à Dunkerque et 21,9 °C à Ouessant. À la mi-juin, il gèle localement au-dessus de 1 000-1 300 m. Les précipitations, généralement déficitaires, sont nulles dans la région toulonnaise et du delta du Rhône à la basse Durance ; en revanche, elles dépassent çà et là 125 mm (127 à Albi, 151 à Hauteluce [73], 162 à Lantosque [06]). Dans la nuit du 20 au 21, Gaudonville [32] reçoit 150 mm en moins de 2 h ; le 23, il tombe 62 mm à Grasse ; le 28,85 mm à Albi, dont 37 en une heure.

    • Météo : l'Automne

      Mois pluvieux, peu ensoleillé et très frais (déficit thermique de 1° à 3°). L'ancien cyclone tropical « Iris » passe sur la Manche les 6 et 7, provoquant des vents violents dans le Nord-Ouest (148 km/h à la pointe St-Mathieu) et d'abondantes précipitations, surtout dans le Centre-Est et les régions méditerranéennes (le 7 : 117 mm à Peille [06], 102 à Menton, 78 dont 66 en 1 h 30 à Villeurbanne). Il pleut beaucoup du 10 au 12 sur le sud-est du Massif central et le sud de Rhône-Alpes (le 10 : 150 mm à Arphy [30], 118 à Colognac [30] ; le 12 : 214 à Sumène [30], 128 à St-Jean-en-Royans [26] et 109 à Romans) et de nouveau du 17 au 19 (le 17 : 274 à St-Maurice-de-Navacelles [34], 200 à St-Étienne-Vallée-Française [48], 117 au Caylar [34] ; le 18 : 198 à Sumène, 174 à Villefort, 165 à Arles-Valat, 123 à Avignon, 106 à Nîmes, 101 à St-Paul-Cap-de-Joux [81] et 81 à Morosaglia [20]).

  • Monde
    • La dialectique des contraires

      Cette année encore, l'actualité internationale a semblé obéir à la loi de la dialectique. Comme si chaque événement heureux engendrait les plus grands malheurs ; comme si de chaque tragédie sortaient les germes d'un futur succès. Après la chute du mur de Berlin, en 1989, Francis Fukuyama, un des conseillers du président George Bush, avait cru pouvoir annoncer « la fin de l'histoire ». Mais le fleuve des événements a continué de couler et, comme le démontre 1995, il ne cesse de recommencer.

    • États-Unis

      La victoire électorale des républicains en novembre 1994 a transformé la situation politique et le rapport de force entre les pouvoirs exécutif et législatif. La campagne pour les élections présidentielles s'est donc engagée précocement. Paralysé à l'intérieur par un Congrès résolument hostile, Bill Clinton privilégie la construction de la politique extérieure américaine de l'après guerre froide.

    • Canada

      L'année 1995 allait-elle être celle de la fracture du Canada et de la naissance d'un Québec indépendant ? Alors qu'en début de campagne le combat souverainiste semblait perdu d'avance, le « oui » à l'indépendance manque de peu la victoire. Les provinces anglophones devront tenir compte de la vivacité du sentiment indépendantiste dans la Belle Province, à un moment où le gouvernement fédéral doit faire face à un déficit budgétaire croissant et à des conflits de plus en plus tendus avec la minorité amérindienne. L'inflation semble jugulée, avec une hausse des prix de 0,2 % dans l'ensemble du Canada en 1994. La croissance, qui avait repris en 1994 (4,1 %), s'essouffle dès le mois de mars 1995. Le second trimestre voit même le PIB reculer. Le chômage reste obstinément élevé, atteignant 9 % sur l'ensemble du pays, et 12 % au Québec.

    • Mexique, Amérique centrale et Caraïbes

      Entré en fonction le 1er décembre 1994, le nouveau président, Ernesto Zedillo (Parti révolutionnaire institutionnel), découvre (ou prétend découvrir) une situation économique catastrophique : son prédécesseur, Carlos Salinas de Gortari, aurait préservé les « fondamentaux » économiques de façon totalement artificielle, en vendant massivement des bons du Trésor et en refusant de dévaluer la monnaie. Depuis 1992, le peso était surévalué par rapport au dollar à cause d'une importante différence entre l'inflation du Mexique et celle des États-Unis.

    • Amérique du Sud

      L'année 1995 a été marquée par les conséquences en chaîne de la crise monétaire mexicaine de décembre 1994. La lutte contre les déficits publics affecte une nouvelle fois les populations. Le chômage progresse fortement et la mobilisation sociale devient inquiétante.

    • L'Union européenne

      La France et l'Espagne assurent successivement la présidence de l'Union européenne, désormais composée de 15 États membres. Avec les nouveaux venus, Autrichiens, Finlandais et Suédois, le Parlement européen compte désormais 626 membres ; la Commission, présidée par l'ancien Premier ministre du Luxembourg Jacques Santer, 20 membres ; la Cour de justice, 15 juges assistés de 9 avocats généraux ; la Cour des comptes, 15 membres ; le Comité économique et social et le Comité des Régions, 222 chacun. Quant au Conseil européen et au Conseil de l'Union européenne, ils comprennent un représentant par État. L'année 1995 est marquée par des débats difficiles consacrés à la troisième phase de l'Union économique et monétaire, celle de la monnaie unique, ainsi qu'aux préparatifs de la Conférence intergouvernementale (CIG) de 1996.

    • Allemagne

      Cinq ans après l'unification, les importants efforts en faveur de l'ancienne Allemagne de l'Est commencent à porter leurs fruits. Certes, de nombreux problèmes subsistent et les différences de mentalités persistent entre l'Est et l'Ouest. Mais l'Allemagne peut se targuer de sa stabilité politique (Helmut Kohl semble avoir peu à craindre d'une opposition divisée) et de sa bonne santé économique.

    • Les Îles Britanniques

      Le 22 juin 1995, John Major, démissionne de la direction du Parti conservateur et se porte en même temps candidat pour un nouveau mandat. Il veut ainsi contrer l'opposition de la droite du parti, et notamment celle des « eurosceptiques », qui fragilise le gouvernement et affaiblit le Parti conservateur. Il espère, par ce coup spectaculaire, clarifier la situation politique. John Redwood, ministre responsable du pays de Galles, se porte candidat contre lui sur un programme d'opposition à la monnaie unique, de baisse des impôts, et de réduction des dépenses de l'État. Malgré les critiques d'une bonne partie de la presse, J. Major, avec 218 voix, l'emporte largement sur son adversaire qui n'obtient que 89 voix. Vingt députés se sont abstenus. Le fait que plus d'un tiers des députés n'ait pas soutenu J. Major réduit considérablement l'importance de sa victoire. Il n'est pas certain, en effet, que le Premier ministre sorte indemne de ce combat. Le remaniement ministériel qui suit témoigne d'une orientation vers la droite du parti. La participation au gouvernement des « eurosceptiques » et des opposants à la monnaie unique se renforce. Le 23 juin, la démission de Douglas Hurd, européen convaincu et ministre des Affaires étrangères, contribue à la baisse de l'influence des proeuropéens au sein du cabinet. En provoquant cette élection, J. Major espérait mettre fin aux divisions des conservateurs. En fin de compte, il en sort à la tête d'un parti aussi désuni, sinon plus.

    • Benelux

      La stabilité politique et l'influence du contexte européen ont caractérisé les trois pays du Benelux en 1995. En Belgique, les élections législatives anticipées du mois de mai ont permis au gouvernement de Jean-Luc Dehaene d'être reconduit. Les trois États se préparent à l'Union économique et monétaire, sans heurts pour le Luxembourg, avec plus de difficultés pour les Pays-Bas et la Belgique.

    • Suisse et Liechtenstein

      Les négociations entre la Suisse et l'Union européenne font peu de progrès en 1995. À l'intérieur, l'opposition entre partisans et adversaires de l'intégration tend à se radicaliser. Si le franc suisse retrouve son rôle de monnaie refuge, les perspectives de croissance économique doivent être révisées à la baisse. Les élections fédérales du 25 octobre, avec leur taux d'abstention record, ne modifient que faiblement le panorama politique. Quant à la principauté voisine et associée du Liechtenstein, elle confirme son entrée dans l'Espace économique européen.

    • Italie

      Le procès de Giulio Andreotti et les lourdes peines prononcées contre les anciens présidents du Conseil Craxi et Forlani marquent la débâcle de la « première République ». Cependant, la recomposition du paysage politique est loin d'être achevée. La démission du gouvernement de Silvio Berlusconi permet au premier gouvernement « apolitique » italien de voir le jour. Dirigé par Lamberto Dini, il engage des réformes de fond. Dans un paysage politique encore mal recomposé, le président du Conseil pourrait devenir l'un des hommes clefs de la « deuxième République italienne ».

    • La Péninsule Ibérique

      « L'année des fins de règne, » Ainsi pourrait-on résumer la situation de l'Espagne et du Portugal en 1995. En Espagne, tout en célébrant dans la liesse populaire de fastueux mariages princiers, on assiste au déclin apparemment irréversible de Felipe Gonzalez et des socialistes, discrédités par l'accumulation des scandales. Au Portugal, Anibal Cavaco Silva abandonne ses fonctions après dix années à la tête du gouvernement portugais.

    • Europe du Nord

      Après l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Union européenne, les pays d'Europe du Nord sont à la recherche d'un nouvel équilibre. La non-adhésion rapproche l'Islande et la Norvège (déjà liées par l'économie de la pêche), tandis que les trois pays baltes poursuivent leur marche vers l'association avec l'Union européenne.

    • Autriche et Europe centrale

      Malgré le développement de la coopération dans le cadre du « partenariat pour la paix » et les nombreuses déclarations des hommes politiques occidentaux, la question de l'adhésion des anciens pays communistes à l'OTAN reste toujours ouverte. Aucune date précise n'est avancée cette année. Les dirigeants russes s'opposent désormais ouvertement à l'idée de l'élargissement de l'OTAN, y compris pour l'Autriche. Tout au long de l'année, Moscou ne cesse de durcir sa position, brandissant même la menace d'une éventuelle « Troisième Guerre mondiale » en cas de décision prématurée. Dans l'attente d'un nouveau pas, de nouvelles alliances se constituent. Une coopération militaire plus étroite s'établit entre la Pologne et la République tchèque, qui sont les deux pays les mieux placés pour rejoindre l'OTAN dans un avenir proche.

    • Europe balkanique

      En mars 1992, la dictature la plus brutale de l'Europe de l'Est avait cessé d'exister, laissant derrière elle un pays au bord de la disette et une économie dans un état catastrophique. Grâce à l'aide d'urgence de la communauté internationale et au départ, vers l'Italie et la Grèce, de centaines de milliers de travailleurs émigrés clandestins, l'Albanie a pu éviter le pire. Une timide reprise et une réorganisation de l'économie en 1993-1994 lui ont permis de sortir d'une situation digne du tiers-monde, sans que la démocratie ne s'installe réellement pour autant. La victoire du Parti démocratique d'Albanie (PDA), aux élections de mars 1992, a porté à la tête de l'État le docteur Sali Berisha, un homme autoritaire qui règne sans partage, conformément à une Constitution qui lui donne des pouvoirs étendus. Il n'a cependant pas pu augmenter ces derniers, les électeurs s'y étant opposé lors du référendum constitutionnel de novembre 1994. Au sein du gouvernement, les ministres sont facilement renvoyés ou poussés à la démission. En mars, Eduard Selami, le successeur de Sali Berisha à la tête du PDA, est lui-même limogé.

    • CEI

      L'année est marquée par l'intervention, particulièrement violente, de l'armée russe en Tchétchénie. La Russie rappelle ainsi à toute la région que, malgré son instabilité, elle peut encore employer les armes. Les républiques du Caucase et d'Asie centrale poursuivent quant à elles, de manière souvent chaotique, leur difficile évolution vers l'économie de marché.

    • Maghreb

      La guerre civile algérienne domine encore l'actualité de la région. La conjonction de la préparation des élections présidentielles en Algérie et de l'irruption de la violence terroriste en France rappelle que le sort des deux pays est intimement lié. Le président Liamine Zeroual légitimé par les urnes, quelle place sera faite aux partis d'opposition en Algérie ?

    • Afrique subsaharienne

      Deux traits dominent dans le paysage subsaharien actuel : d'une part la multiplication des conflits locaux, aux implications le plus souvent internes ; d'autre part la généralisation de ce que les bailleurs de fonds, organisés autour du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, appellent l'ajustement structurel, à savoir la réorganisation de l'économie.

    • Moyen-Orient

      Hormis la mouvance islamiste et les activistes de Syrie, d'Irak et d'Iran, l'ordre américain qui s'étend sur la région ne fait l'objet d'aucune contestation sérieuse. Cette emprise américaine favorise la continuation du processus de paix israélo-arabe, que ne semble pas devoir remettre en cause l'assassinat d'Yitzhak Rabin. Le rapprochement entre l'Europe et la Turquie reste quant à lui suspendu aux efforts de démocratisation d'Ankara.

    • Sous-continent indien

      La région est toujours secouée par les tensions intercommunautaires, ethniques et religieuses. En maintenant une violence permanente dans les provinces du Cachemire et du Pendjab en Inde, et du Sind au Pakistan, elles compromettent le redressement économique de cette partie du monde. En outre, elles contribuent à l'affaiblissement du parti du Congrès en Inde. Après un ultime affrontement armé, il semble en revanche que le problème tamoul soit en voie de règlement au Sri Lanka.

    • Asie du Sud-Est

      En Asie du Sud-Est, la tendance est au règlement des situations conflictuelles et au développement des échanges. L'admission du Viêt Nam dans l'ASEAN élargit la « zone de paix » initiale jusqu'aux frontières d'une Chine dont les prétentions territoriales commencent à poser la question de la sécurité dans la région.

    • Chine et Extrême-Orient socialiste

      En bientôt deux décennies de réformes, le système politique chinois ne s'est pas transformé au même degré que l'économie et la société. Il n'en a pas moins évolué, à son rythme. L'année 1995 marque une étape importante dans cette évolution, car elle dégage ce qui sera sans doute l'axe politique majeur des prochaines années : à l'ancien clivage entre partisans du socialisme et partisans des réformes, entre conservateurs et « denguistes », s'est substitué celui qui oppose les technocrates et les forces vives des régions. Les forces régionales, en tant qu'acteurs principaux de la croissance économique, se réclament volontiers du marché et des libertés. Les technocrates centralisateurs, quant à eux, fidèles à l'héritage autoritaire de Deng Xiaoping, à son attitude prudente en matière de privatisation du secteur industriel d'État, sont résolus à rompre avec les pratiques laxistes de la décentralisation. Le peu de bruit que fait la mort de Chen Yun (avril), chef de file historique du camp conservateur, marque symboliquement la fin de l'ancien clivage.

    • Japon et Extrême-Orient

      Alors qu'au Japon se poursuit une difficile recomposition politique face à laquelle le désenchantement de l'opinion va croissant, et que la dépression économique apparaît de plus en plus structurelle, la Corée du Sud et Taïwan parachèvent leur démocratisation, dans un contexte de croissance soutenue, accompagnée cependant de vives tensions extérieures.

    • Océanie

      L'annonce, en juin, par le président français Jacques Chirac de la reprise des essais nucléaires dans le Pacifique sud, à partir du mois de septembre, met l'Océanie sur le devant de la scène internationale. Le tollé qu'a suscité cette reprise dans la plupart des États asiatiques et dans l'ensemble des États du Pacifique sud contribue à reléguer les graves problèmes économiques des États insulaires au second plan.

  • France
    • La grande illusion

      Le « coup de lune » ne figurant pas parmi les facteurs explicatifs ordinairement retenus des comportements politiques, il convient de rechercher ailleurs les raisons d'un double et si déconcertant bouleversement. Avons-nous affaire à l'émergence d'une nouvelle donne politique qui substituerait au clivage droite-gauche traditionnel, tel qu'il rythme la vie politique française depuis 1789, un clivage d'une autre nature, plus social et culturel que politique, dressant contre les élites de la politique, de la haute administration et du secteur privé les petits, ceux d'en bas, les figurants de la démocratie, progressivement rejetés à la lisière extérieure d'un système de décision de plus en plus oligarchique et mondialisé ? Avons-nous, au contraire, affaire à la simple accélération d'un jeu politique devenu endiablé dans ses rythmes mais demeuré fort classique dans ses ressorts, un jeu dont l'originalité apparente tiendrait en fait à la brutalité du contraste entre une séquence triomphale qui aurait consacré, au mois de mai, le professionnalisme électoral de Jacques Chirac et une séquence calamiteuse qui aurait trahi, en décembre, l'amateurisme social du nouveau chef de l'État et de son Premier ministre ?

    • Politique intérieure

      En mai 1995, Jacques Chirac succède à François Mitterrand à la présidence de la République. Sa victoire du 7 mai clôt quatorze ans de mitterrandisme et marque le retour des gaullistes à l'Élysée. Encore touché par les affaires, le monde politique donne cette année une impression d'impuissance face aux crises que traverse la France. Aux élections municipales, le Front national gagne Orange, Toulon et Marignane.

    • Les élections présidentielles

      Alors que certains observateurs envisageaient une recomposition du paysage politique à l'occasion de l'élection présidentielle et un duel inédit entre deux personnalités du RPR au second tour, la permanence du clivage gauche-droite a cependant, encore une fois, dominé cette élection.

    • L'année législative

      Les deux semaines de la session extraordinaire de janvier, convoquée par le président Mitterrand à la demande du Premier ministre, ont essentiellement pour objet de permettre la fin de l'examen d'un certain nombre de textes dont la discussion a été entamée au cours de la session d'automne précédente.

    • Politique économique : l'échec de la « double ligne »

      Lorsque l'équipe d'Alain Juppé arrive aux commandes de la France, en mai, les vents de la conjoncture sont très favorables. La baisse du chômage est bien engagée. Les prévisionnistes annoncent une croissance de 3 % pour l'année, des investissements en hausse de plus de 12 %, une reprise de la consommation, 250 000 créations d'emplois ... Bref, une « météo » idéale pour engager à la fois une réduction des déficits publics – point noir légué par les gouvernements précédents – et des réformes structurelles. Mais, pour respecter les nombreuses promesses faites pendant la campagne électorale, le nouveau gouvernement décide d'abord des dépenses supplémentaires. Et, pour que ces dépenses n'accroissent pas le déficit budgétaire, les impôts sont sensiblement augmentés. Cette stratégie de la « double ligne » (dépenser pour l'emploi et réduire les déficits) n'est comprise ni par les marchés, ni par l'opinion : le franc reste fragile, et Alain Juppé chute rapidement dans les sondages. Jusqu'à ce que, le 26 octobre, le président Jacques Chirac annonce clairement un changement de cap, en plaçant la lutte contre les déficits au cœur de ses priorités économiques. Une tentative, tardive, pour amadouer les marchés, leur méfiance ayant coûté cher en termes de taux d'intérêts, donc en termes de croissance, donc en termes d'emploi. Mais, si les marchés accueillent bien ce changement de cap, il n'en est pas de même de l'opinion publique. L'année se termine mal pour Alain Juppé : l'annonce de la réforme de la Sécurité sociale et le projet de contrat de plan SNCF déclenchent le plus important mouvement de grève dans les services publics depuis 1968.

    • Politique extérieure

      Dès son élection à la présidence de la République, Jacques Chirac imprime sa marque à la diplomatie française : si la création d'une force multinationale de réaction rapide (FRR) réussit à rompre l'attentisme en ex-Yougoslavie, la décision de reprendre les essais nucléaires dans le Pacifique est en revanche mal reçue par la communauté internationale.

    • Défense : rude année pour la dissuasion

      En élisant leur président de la République, les Français ont peut-être oublié qu'ils choisissaient aussi le chef des armées. Pourtant, le premier acte présidentiel de Jacques Chirac aura été de décider la reprise des essais nucléaires. La tempête de protestations suscitée par cette annonce a certainement témoigné de l'ampleur de cet oubli. Il reste que le candidat Chirac n'avait pas caché son intention de mettre fin au moratoire sur les essais nucléaires décrété unilatéralement par François Mitterrand en 1992. Angélisme, dira-t-on, tant il est vrai que les questions militaires ont été absentes du débat préélectoral. Et sans doute aura-t-on raison. Il n'en demeure pas moins que les déflagrations atomiques, loin de circonscrire le débat aux seuls aspects techniques, ont eu l'intérêt de réactiver la pensée stratégique, quelque peu groggy depuis l'effondrement du bloc communiste. La dissuasion, comme les armes qui la servent, aurait-elle subi l'outrage du temps ?

    • L'année sociale

      La France se trouve dans une position paradoxale : à une évolution économique assez satisfaisante – très faible inflation, excédents commerciaux, reprise modeste mais réelle de la croissance, en tout cas jusqu'à l'automne – s'oppose une situation de l'emploi parmi les plus mauvaises du monde industrialisé, un fort déséquilibre budgétaire et un déficit financier des organismes de protection sociale qui ne cesse de croître. La forte dégradation du climat social ne peut qu'alimenter le débat sur les vrais problèmes d'une société en proie à un très profond malaise, et encore en panne d'analyse face à des bouleversements comparables, par leur ampleur, à ceux des débuts de l'ère industrielle.

    • Éducation

      François Bayrou a longtemps été un homme politique heureux. Bénéficiant de la confiance d'Édouard Balladur, qui a fait de lui un ministre de l'Éducation nationale le 30 mars 1993, il réussit si bien la rentrée scolaire de septembre 1994 qu'il devient l'un des hommes clefs de la majorité. Aussi est-il porté le 10 décembre de la même année à la présidence du CDS, qu'il entend bien transformer en un « grand mouvement politique capable de gouverner la France ». Et c'est essentiellement pour les mêmes raisons, malgré son soutien à la candidature Balladur, que non seulement il est maintenu par deux fois dans ses fonctions par Jacques Chirac et Alain Juppé le 18 mai et le 7 novembre 1995, mais qu'il voit celles-ci élargies à l'Enseignement supérieur, à la Recherche et à l'Insertion professionnelle, à charge pour lui de mettre en chantier un projet qu'il a personnellement combattu : le référendum sur l'école promis par le candidat Chirac.

    • À travers les Régions

      Les électeurs alsaciens se seraient-ils conduits d'une façon atypique en 1995 ? C'est dans les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin que Jean-Marie Le Pen a obtenu ses meilleurs scores au premier tour de l'élection présidentielle, avec plus de 25 % des voix. Environ 60 000 Alsaciens continuent à franchir la frontière quotidiennement pour aller travailler en Allemagne ou en Suisse, et l'Alsace a le plus faible taux de chômage de toute la France (8 %). Cela ne l'empêche pas de compter deux zones aidées par Bruxelles : une zone rurale couvrant le Sundgau et les vallées vosgiennes, et la zone de conversion industrielle correspondant au bassin potassique.

  • Société
    • Reprise, reprises

      1995 avait été annoncée comme l'année de la reprise économique. Force est de constater qu'il n'en a rien été et que les experts se sont à nouveau trompés. Ce rendez-vous manqué n'a rien d'étonnant pour qui observe la société française au-delà des apparences. Les contraintes, les résistances et les nouvelles priorités des Français pèsent en effet plus lourd que les sollicitations des entreprises, les incantations des publicitaires, les incitations des distributeurs, les exhortations des responsables politiques ou les projections des économistes. Les consommateurs sont aujourd'hui conscients de leur « pouvoir de dire non » et n'hésitent pas à en faire usage.

    • Chronique judiciaire

      L'argent bien sûr, la politique aussi, le pouvoir et les magouilles évidemment, et toujours les affaires : il n'a été question que de cela dans les prétoires en 1995. Dans tout l'Hexagone, on a assisté à une floraison de procès où, sur le banc des prévenus, se trouvaient des ministres, des politiciens, des maires, des hommes d'affaires et des vedettes du show-business. À Saint-Brieuc, Henri Emmanuelli, ancien trésorier du PS, comparaissait dans le cadre de l'affaire URBA-SAGES. Michel Noir, maire de Lyon, et Michel Mouillot, maire de Cannes, siégeaient côte à côte dans l'affaire Botton. Bernard Tapie à Valenciennes, Alain Carignon à Lyon, Jacques Médecin à Grenoble, les chroniqueurs judiciaires ne savaient où donner de la tête. Partout il n'était question que d'abus de biens sociaux, de recel d'abus de biens sociaux, de corruption active et passive.

    • Les religions et la modernité en 1995

      Rendre compte des principaux événements religieux de 1995 peut conduire à une certaine juxtaposition de faits. La parution d'un ouvrage de la célèbre collection « Que sais-je ? » présentant l'état des recherches en sociologie de la religion incite à replacer ces événements dans leur contexte. L'auteur insiste sur la complexité des rapports entre religion et modernité. Historiquement, la modernité était porteuse d'idéaux de progrès qui déstabilisaient les traditions religieuses et les amenaient à se recomposer. Aujourd'hui, la modernité est elle-même « désenchantée ». De plus en plus, ce qui est techniquement possible n'apparaît pas forcément comme souhaitable. Cette mutation culturelle s'accompagne de bouleversements politiques et de difficultés économiques et sociales. Au total, la croyance en un avenir meilleur – fonds commun des idéologies concurrentes libérales, sociales-démocrates et communistes – s'est, dans une large mesure, effondrée. Ce n'est certes pas la première fois que la société moderne se trouve en crise. Mais, aujourd'hui, la crise a des répercussions dans tous les domaines. La conciliation entre religion et modernité, qui semblait avoir le vent en poupe jusqu'aux années 1980, est devenue plus difficile. Certaines formes de religiosité sont entraînées dans la crise des idéaux modernes tandis que d'autres se radicalisent, voire recoupent des enjeux politiques.

    • Vie des médias : vases communicants

      Le 25 octobre, un coup de tonnerre résonnait dans le ciel de l'industrie et des médias en France. Grâce à un accord croisé avec Alcatel Alsthom, Havas est devenu le cinquième groupe mondial de communication. Dans le même temps, Alcatel Alsthom a pris le contrôle de 21,2 % d'Havas, qui, en échange, récupère le secteur presse écrite d'Alsthom (le Point, l'Express, Courrier international, Lire, Gault/Millau). Déjà no 1 de l'édition française par l'intermédiaire de sa filiale CEP-Communication (dirigée par Christian Brégou), actionnaire à 100 % du Groupe de la Cité (Larousse, Bordas, Nathan, Laffont, Julliard, Plon, 50 % de France Loisirs, etc.), Havas renforce ainsi sa position dans la presse écrite (où CEP contrôlait déjà de vastes pans de la presse professionnelle et économique, avec, notamment, l'Usine nouvelle et l'Expansion), se rapprochant du rival Hachette. Alsthom se retire d'un secteur où son savoir-faire technologique ne lui fut pas d'un grand secours, et où Havas semble être un meilleur opérateur industriel.

    • Publicité : le combat pour la qualité

      « Le 0 % d'impertinence tue les 100 % de pertinence », affirme Éric Tong Cuong, l'un des chefs de file de l'agence Euro-RSCG. « Il faut que nos campagnes provoquent le débat, qu'elles fassent controverse, qu'on en parle », continue-t-il en militant pour la nécessaire créativité publicitaire. Le problème vient de la dégradation des rapports entre les fabricants et les agences. Celles-ci sont accusées de se soucier davantage de faire des films pour décrocher des prix publicitaires que pour vendre les produits. « Il n'y a plus de notion de partenariat. Les agences deviennent des fournisseurs de services optionnels. Le reste, l'annonceur ne veut plus en entendre parler », s'émeut Jacques Bille, le vice-président de l'Association des agences-conseils en communication (AACC), à la lecture des résultats de la traditionnelle enquête d'opinion menée par l'institut Ballester sur l'état des relations agence-annonceur.

    • Mode : le retour à l'ordre

      Alors que le rétro n'en finit pas de mettre la mode sous l'influence des années 60 et 70, qui se confondent avec nostalgie sur des silhouettes sorties en droite ligne de l'album des souvenirs, voici que, pour affronter l'an 2000, le vrai chic 95 – celui qui restera dans nos esprits – prône le retour à l'ordre. Le « fashionally correct », tendance suprême qui s'inscrit dans la logique indiscutable du « politically correct », cultive le minimalisme à l'extrême. Lignes nettes et irréprochables comme découpées au cordeau, allure lisse, dépouillée de tout détail inutile, il n'y a rien d'ostentatoire dans ces « nouvelles silhouettes » auxquelles le regard, lassé de tant de dérapages, ne demande qu'à s'habituer. Pure et à nouveau sage, la mode ne souffre ni excès ni débordement. Les formes sont gommées. Les épaules, fines. L'important, c'est le style, strict et simple. L'essentiel, c'est la coupe. Rigoureuse. Impeccable. Image de paradis immaculé à la manière de l'univers épuré de l'Américain Calvin Klein, la mode correspond à un sentiment de bien-être plus qu'à une envie de paraître. « Moins c'est plus. » Sur cette vérité se bâtit la philosophie créative – « récréative » – de cette fin de siècle, qui n'en finit pas d'annoncer l'avènement de nouvelles valeurs fondées sur le besoin de spiritualité. L'envie de consommer s'étiole au profit d'un système de pensée et d'action différent. Être en accord avec soi-même pour trouver l'harmonie avec les autres annule toute fringale de mode, donc a fortiori, limite la fantaisie et la « flamboyance ». Les femmes, qu'elles soient de pouvoir ou non, n'ont plus besoin pour se trouver ou pour s'affirmer de vêtements aux effets ostentatoires, de tenues explosives.

    • Gastronomie

      Le renouvellement des saveurs et des arômes emprunte parfois des cheminements inattendus. Une troisième étoile a été attribuée par Michelin à un marginal chassé des écoles hôtelières et resté à l'écart des circuits classiques de la restauration. Berger des montagnes savoyardes, Marc Veyrat, établi près d'Annecy, à Veyrier-du-Lac, où se détache la façade bleue de l'auberge de l'Eridan, rêve, conçoit, essaie et réussit des compositions où les réductions de bouillons de légumes et les plantes des alpages – achillée, armoise, gentiane, hysope, cumin des prés, mélisse, pimpiolet, serpolet, oseille et safran sauvages – ouvrent la voie à des sensations inattendues. La canette rôtie à l'écorce d'épicéa et au genièvre frais, les écrevisses pochées au pistil de crosne sauvage ou l'omble chevalier au beurre de bouillon de légumes, et près de deux mille plats de la même veine, dépourvus de tout lien de famille avec les autres courants de la cuisine contemporaine, ont assuré la réputation de ce chef qui se définit lui-même comme un « élève de la nature ».

  • Économie
    • Économie mondiale

      Sur le plan économique, l'année 1995 a amené de nombreuses déceptions. Très attendu, le retour d'une activité soutenue n'a pas été au rendez-vous. Les espoirs suscités en 1994 par le regain d'activité en Europe continentale ne se sont pas concrétisés, laissant place à une « croissance molle ». Les pays les plus industrialisés affichent un taux de croissance moyen de 2,4 % de leur PIB. Si les États-Unis ont surpris par le maintien de leur dynamisme, le Japon n'a pas encore trouvé l'issue d'une crise qui dure depuis plus de quatre ans. Dans le reste du monde, les pays émergents ont souffert des effets de la crise mexicaine du début de l'année. Seuls les pays d'Asie du Sud-Est ont continué à enregistrer des performances économiques excellentes, confirmant le rôle moteur de ce nouveau pôle de développement.

    • La mondialisation des échanges commerciaux

      Le 1er janvier 1995 naissait une nouvelle institution internationale, l'Organisation mondiale du commerce (OMC), créée à l'issue de sept années de négociations du cycle de l'Uruguay sur la libéralisation des échanges mondiaux de 1986 à 1993. Ces négociations ont été closes par l'accord signé à Marrakech en avril 1994. L'OMC est appelée à remplacer le GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), considéré depuis 1945 comme un code de bonne conduite. Outre le commerce des marchandises, cet accord s'étend à des domaines qui n'étaient pas couverts par le GATT, comme le commerce des services, les droits de la propriété intellectuelle ou l'investissement. Les pays industrialisés et les pays en voie de développement se sont engagés à ouvrir leurs marchés en abaissant les droits d'importation, en empêchant les pratiques déloyales (dumping) et enfin en augmentant le nombre des droits de douane dits consolidés, c'est-à-dire ne pouvant pas être accrus au-delà d'une certaine limite sans que des concessions interviennent dans d'autres domaines. Voulant substituer aux rapports de force des rapports de droit, l'OMC refuse aux pays menacés par des pratiques tarifaires ou non tarifaires déloyales ou arbitraires de se faire justice eux-mêmes.

    • L'année économique en France

      Après le creux enregistré en 1993, l'économie française confirme le redressement de 1994, avec une croissance annuelle de 2,5 %. Mais, à la différence des pays anglo-saxons, la sortie de la crise s'avère plus lente que prévu : les économistes, qui pariaient encore en début d'année sur une croissance supérieure à 3 %, doivent revoir leurs estimations à la baisse. Également battue en brèche, l'idée émise au cours de la récession selon laquelle l'économie connaîtrait des cycles plus marqués avec des hauts et des bas : plutôt qu'un décollage économique, 1995 n'a apporté qu'une reprise molle aux effets ténus sur l'emploi.

    • Actionnaires et pouvoir dans l'entreprise

      Avec une institution comme la société anonyme, le capitalisme européen et américain a disposé, dès le milieu du xixe siècle, d'un instrument presque idéal de collecte de l'épargne privée. Pendant longtemps, ce système de financement propre à l'entreprise sociétaire a fonctionné avec une réelle efficacité et a donné beaucoup de satisfaction tant à celle-ci qu'à l'actionnaire. D'un côté, il répond aux attentes de l'épargnant qui cherche à obtenir un revenu assez régulier d'une année à l'autre et au moins égal avec celui qu'il pourrait recevoir dans un placement comparable (obligations publiques ou privées entre autres). Si l'épargnant choisit l'action comme placement, c'est qu'il estime qu'au-delà du risque lié à la variabilité du rendement attendu l'investissement en actions sur une longue période, parfois sur une très longue période, tend à dégager un rendement moyen supérieur à celui de placements alternatifs tels que les produits monétaires ou, à court terme, les obligations, voire l'immobilier. Avec le recours au mode de financement par actions, les entreprises parviennent, sans trop de difficultés et à un coût peu excessif, à se procurer les fonds nécessaires. Cependant, si les entreprises, notamment celles cotées en Bourse, pratiquent l'autofinancement et la rétention des profits, le cours de leurs actions tend à stagner. Les actionnaires peuvent alors être tentés de modifier la composition de leur portefeuille de valeurs mobilières en vendant les actions dont le cours ne progresse pas assez pour en acheter d'autres plus attractives. Une telle évolution à la baisse peut jouer à terme contre la firme dans le cas où elle devrait procéder à une nouvelle émission ou à une augmentation de capital : les actionnaires peuvent bouder l'une ou l'autre, faute d'une rémunération suffisante dans le temps.

    • La mondialisation des télécommunications

      Depuis le milieu des années 1980, les systèmes nationaux de télécommunications ont subi, à l'échelle de la planète tout entière, de nombreux et profonds changements. Jusqu'à cette date, ils fonctionnaient sur un mode simple et en vase clos. Un grand opérateur national, en général (comme en France) une administration (celle des PTT), gérait, sur des bases techniques semblables, des services de téléphone, de télégraphe et de télex peu complexes. L'opérateur disposait, en raison du poids des infrastructures (réseaux), d'un monopole dit « naturel », relevant soit du droit privé (la puissante société américaine ATT, par exemple), soit du service public (cas de la France). En règle générale, les prix des services rendus étaient calculés en fonction des structures de coûts internes, compte tenu d'une volonté politique plus ou moins forte de péréquation entre les usagers (petits et grands). En outre, en l'absence d'agressions concurrentielles extérieures, les opérateurs répercutaient plus ou moins bien et plus ou moins vite les gains de productivité à leurs clients, à travers des baisses de prix des services rendus. S'agissant de monopoles naturels, ceux-ci ne cherchaient pas à abuser de leur position dominante pour imposer des prix prohibitifs, craignant des sanctions de la part des pouvoirs publics.

    • Les banques dans la tourmente

      La décennie, et plus particulièrement l'année 1995, restera dans les annales de l'histoire de la banque. Aucun pays n'a été épargné par de graves défaillances, assorties souvent de scandales et, parfois, de faillites.

  • Sciences
    • Sciences et techniques

      Fascinantes, mais parfois inquiétantes, les avancées de la science et de la technologie se succèdent désormais à un rythme accéléré. Bénéficiant aussitôt d'un large écho grâce aux moyens de communication d'aujourd'hui, elles tendent à nous faire oublier que notre savoir reste très lacunaire et que nos techniques les plus élaborées peuvent être mises en échec. Une catastrophe naturelle comme le séisme qui secoue, le 17 janvier, la région de Kobe, au Japon, vient pourtant cruellement le rappeler. Survenant un an jour pour jour après celui de Northridge, près de Los Angeles, aux États-Unis, ce tremblement de terre, d'une magnitude de 7,2 sur l'échelle de Richter, fait 5 000 morts, quelque 26 000 blessés, endommage plus de 60 000 habitations et occasionne des dégâts considérables sur les autoroutes et les voies ferrées. On l'explique par un affrontement entre trois plaques de la croûte terrestre : la plaque Eurasie sur laquelle repose le continent asiatique, la plaque Pacifique qui supporte l'océan Pacifique et la plaque des Philippines. La violence de ce séisme tient sans doute au fait que son foyer se situait à faible profondeur (30 à 35 km) et qu'il a libéré toute son énergie à proximité immédiate de la surface, mais aussi à ce que les failles le long desquelles s'est rompue la croûte terrestre étaient géologiquement jeunes et avaient emmagasiné une énergie très importante. Cependant, les scientifiques, s'ils parviennent après coup à retracer à grands traits le scénario du phénomène, ne peuvent que déplorer, une fois encore, d'avoir été dans l'incapacité de le prévoir. L'ampleur du sinistre met aussi en évidence les limites des normes antisismiques, même les plus récentes, et l'insuffisance de la prévention dans un pays pourtant habitué aux menaces sismiques.

    • Les chantiers de la découverte

      Incarné aujourd'hui par le TGV français, l'ICE (InterCity Express) allemand et le Shinkansen japonais, le transport ferroviaire à grande vitesse le sera-t-il demain par des trains à sustentation magnétique ? Ceux-ci font l'objet d'un très important effort de recherche en Allemagne et au Japon. Leur principe de propulsion repose sur la création de champs magnétiques entre le véhicule et la voie. Deux technologies sont en concurrence. Dans le système électrodynamique, expérimenté au Japon, des aimants supraconducteurs situés sous le véhicule induisent des courants dans des enroulements conducteurs fixés sur la voie. Cette interaction soulève le véhicule de 15 centimètres environ, transformant le train en un avion qui volerait en rase-mottes, guidé par la voie. En fait, le véhicule japonais ne décolle qu'à partir de 100 km/h ; aux vitesses inférieures, il roule sur des roues. Dans le système électromagnétique, étudié en Allemagne, des électroaimants classiques (non supraconducteurs), fixés sur le véhicule, sont attirés vers le haut par des composants ferromagnétiques situés sous la voie. L'espace entre la voie et les aimants du véhicule est dix fois moindre que dans le système précédent : la construction de la voie exige donc une plus grande précision et son entretien, une plus grande attention. En revanche, le véhicule lévite même à l'arrêt, et il est utilisable aussi bien à petite vitesse sur des parcours urbains qu'à grande vitesse sur de longs trajets.

    • Astronomie et espace

      De nombreuses équipes d'astronomes dans le monde s'efforcent d'établir la présence de planètes autour d'autres étoiles que le Soleil. Malheureusement, l'imagerie directe de ces planètes extrasolaires, si elles existent, reste hors de portée des télescopes actuels. Les techniques utilisées n'autorisent qu'une détection indirecte. Elles se fondent sur l'observation de faibles perturbations périodiques du mouvement de certaines étoiles, imputables à l'attraction gravitationnelle de corps invisibles en orbite autour de ces étoiles. C'est ainsi que, depuis 1992, on présume l'existence de trois planètes autour du pulsar PSR 1257 + 12, situé à 1 600 années-lumière, dans la constellation de la Vierge. De même, le pulsar PSR 1620-26, à 9 500 années-lumière, dans le Scorpion, en posséderait deux. Lors d'un congrès à Florence (Italie), en octobre, deux astronomes de l'observatoire de Genève, Michel Mayor et Didier Queloz, annoncent une nouvelle découverte : à quelque 40 années-lumière, une grosse planète, d'une masse comparable à celle de Jupiter, tournerait en 4,2 jours autour de l'étoile 51 de Pégase (51 Peg). Les deux chercheurs sont parvenus à cette conclusion en analysant la lumière de 51 Peg à l'aide d'un spectrographe associé au télescope de 1,93 m de diamètre de l'observatoire de Haute-Provence et en constatant un léger déplacement périodique des raies du spectre de l'étoile, qui trahit une petite variation régulière de la vitesse de l'étoile. Confirmée par des astronomes américains de l'observatoire Lick (Californie), cette découverte se distingue des précédentes par le fait qu'elle concerne une étoile beaucoup plus proche, et de caractéristiques bien plus voisines de celles du Soleil. Cependant, la planète de 51 Peg ne tourne qu'à 7 millions de kilomètres environ de son étoile, c'est-à-dire plus de 20 fois plus près que la Terre du Soleil : avec une température de surface estimée à quelque 1 800 °C, ce doit être une véritable fournaise, encore plus inhospitalière que Mercure dans le système solaire et l'on s'interroge sur sa structure.

    • Un Nobel pour l'ozone

      Un simple problème de chimie peut-il avoir des répercussions politiques à l'échelle de la planète ? Oui, s'il est assez complexe, pourraient répondre les spécialistes de la chimie atmosphérique, entre autres le météorologue hollandais Paul Crutzen et les chimistes américains Frank Rowland et Mario Molina, qui viennent de recevoir le prix Nobel de chimie 1995 pour leurs travaux sur la mise en évidence du trou d'ozone. Un prix parfaitement justifié puisqu'il doit, selon les termes du testament d'Alfred Nobel, récompenser « ceux qui auront rendu à l'humanité les plus grands services ». Et le service est d'importance : la disparition de la couche d'ozone signifierait à moyen terme la disparition de toute vie animale ou végétale à la surface du globe.

    • Océanographie

      Deux thèmes restent plus que jamais les grands fédérateurs de la recherche océanographique : d'une part, les systèmes hydrothermaux (géochimie, géologie, microbiologie) auxquels ont été consacrées de nombreuses campagnes allemandes (Sonne, Meteor), américaines et françaises (plongées des submersibles Alvin et Nautile, dorsale nord-atlantique et prisme d'accrétion antillais) ; et, d'autre part, les appareils volcaniques, dont quelques exemples parmi les plus démonstratifs ont été étudiés en plusieurs mers de l'hémisphère austral. Il apparaît à présent que la morphologie et la vie des grands fonds associées à ces phénomènes sont beaucoup plus diversifiées qu'on ne le soupçonnait jusqu'alors.

    • Médecine : gros plan sur l'obésité

      En France, on évalue à deux millions le nombre d'obèses. Les Britanniques, de leur côté, estiment que plus d'un sur six de leurs compatriotes est obèse, c'est-à-dire qu'il a un indice de masse corporelle (rapport poids, en kg, sur taille, en m2) dépassant 30 kg/m2. Mais ce sont les États-Unis, pays des excès, qui détiennent le record avec un Américain obèse sur quatre, et leur nombre ne cesse d'augmenter.

    • Biologie, de l'huître à l'homme

      Véritables codes-barres à l'usage des biologistes, les empreintes génétiques ont acquis la célébrité en 1986, lorsque les services britanniques d'immigration s'en servirent pour certifier la filiation d'un jeune Ghanéen désireux de rejoindre sa mère au Royaume-Uni. Cette technique, qui se fonde sur l'unicité génétique inhérente à chaque individu, permet en effet d'établir, à partir de « marqueurs » extraits d'une goutte de sang ou d'un simple cheveu, la carte d'identité biologique de chaque individu. Avec une efficacité telle que les empreintes génétiques sont également devenues un puissant outil d'identification pour les spécialistes des plantes et des animaux.

    • Informatique et télécommunications

      Resté quasi confidentiel jusqu'à ces dernières années, le réseau informatique Internet s'est révélé aux entreprises et au grand public. Les premiers « cybercafés » équipés d'une batterie d'ordinateurs accueillent les futurs « branchés » qui, tout en sirotant leur gobelet de coke, apprennent à naviguer (« surfer ») sur le réseau. Le foisonnement de revues spécialisées, les dossiers et rubriques publiés dans les quotidiens, l'arrivée des premiers films hollywoodiens (Traque sur Internet, Johnny Mnemonic) témoignent de cet engouement médiatique.

    • Automobile : un calme trompeur

      Besoin de souffler un peu ou calme précédant la tempête ? Du strict point de vue technologique, l'année 1995 s'inscrit dans la parfaite continuité des programmes lancés précédemment. Les grands axes de développement – dépollution, baisse des consommations, allégement – n'ayant pas changé, cette pseudo-apathie était prévisible. Elle contraste avec l'empoignade commerciale qui a opposé les États-Unis au Japon ! Accusés de fermer leur marché intérieur aux véhicules US, les Japonais ont fini par lâcher du lest, au moins en théorie. Sous l'œil goguenard et un rien hypocrite d'une Europe qui prêche le dialogue plutôt que l'épreuve de force pour résoudre de tels problèmes, le Japon a d'autant plus facilement ouvert ses frontières qu'il a déjà trouvé la parade ! Sur 250 000 voitures importées par an, un bon quart sont des fausses « US cars », fabriquées là-bas par Toyota, Honda, Mazda et consorts. Ce que le Mitsubishi Research Institute oublie totalement lorsqu'il prédit, pour 2005, des importations automobiles qui représentent 10 % du marché, soit 600 000 à 700 000 véhicules, contre seulement 5,4 % actuellement.

    • Aéronautique : une compétition sans merci

      Le 41e Salon international de l'aéronautique et de l'espace s'est tenu, comme de coutume, à l'aéroport de Paris-Le Bourget, mais il a été raccourci de deux jours, à la demande des exposants, pour raisons économiques. Il a été marqué, cependant, par un retour à un certain optimisme, le spectre de la crise mondiale s'estompant peu à peu aux yeux des industriels et des compagnies aériennes clientes. Les carnets de commandes ont recommencé à se remplir. Ainsi, les prévisions des deux principaux avionneurs de la planète – Boeing et Airbus Industrie – tablent sur une demande de 10 000 à 15 000 nouveaux appareils dans les vingt ans à venir : que ce soit pour remplacer les avions trop anciens ou interdits de vol car ne répondant plus aux normes de plus en plus strictes énoncées par l'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale), notamment en matière de nuisance, ou pour répondre au développement continu du transport aérien, les perspectives pour l'an 2010 étant fondées sur le chiffre impressionnant de deux milliards de passagers/an.

    • Environnement

      À l'occasion de la conférence des Nations unies sur l'Environnement et le Développement qui s'est tenue à Rio de Janeiro du 3 au 14 juin 1992, 178 États avaient signé la convention sur les changements climatiques ; ils s'engageaient ainsi à faire l'inventaire de leurs émissions de gaz à effet de serre (CO2, CH4, NO2, CFC...) et à élaborer des programmes de réduction de ces émissions. Finalement, les 167 pays qui ont ratifié la convention se sont retrouvés, à Berlin, du 28 mars au 7 avril 1995, pour participer à la « première conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques ». Au terme de cette conférence, les États se sont engagés à stabiliser leurs émissions, voire à les réduire, d'ici à la fin du siècle, afin de ne pas aggraver leur responsabilité individuelle et collective dans les changements climatiques. La France, qui revendique souvent ses responsabilités internationales, envisage, comme le Japon, de stabiliser la quantité par habitant de ses émissions de gaz à effet de serre... ce qui se traduira en fait par une augmentation de sa production effective. Lorsque l'on considère la production de gaz carbonique par habitant (exprimée en tonnes), la France, avec 9 tonnes par habitant, vient après les États-Unis (24,6 t/hab.), la Pologne (15,2 t/hab.), le Royaume-Uni (13,2 t/hab.), le Japon (10,4 t/hab.), mais avant la Grèce (6 t/hab.), la Chine (3,3 t/hab.) et l'Inde (2 t/hab.). L'évaluation de la production totale de CO2 faite à partir de la population des États considérés montre que la France se place avant la Grèce mais après le Japon, la Chine ou les États-Unis. Quoi qu'il en soit, de plus en plus de spécialistes sont convaincus que le climat change et que le réchauffement de l'atmosphère a bien un rapport avec les activités humaines. La diminution de 5,6 % de la superficie des glaces de mer en Arctique, démontrée par une équipe de chercheurs de l'université de Bergen (Norvège), serait une des conséquences de cette évolution récente. Les pays présents à Berlin, conscients de l'insuffisance de leur engagement collectif depuis Rio, ont décidé de préparer un protocole précisant les mesures à prendre pour tenter de réduire effectivement les émissions de gaz à effet de serre. Ce protocole devrait être présenté à la prochaine conférence de Kyoto, en 1997. Seuls les 36 petits États insulaires du Pacifique, de l'océan Indien et des Caraïbes, groupés au sein de l'association OASIS, ont présenté un protocole... qui sera examiné « au cours de négociations ultérieures ». Ces petits États craignent en effet que les prochaines années ne soient marquées par la montée du niveau des mers et des océans (de nombreuses îles seraient alors submergées), l'augmentation de la cyclogenèse et la disparition des récifs coralliens. Le cas échéant, les populations souvent nombreuses qui vivent dans les régions côtières peu élevées, dans les deltas, à la périphérie des lagunes et des golfes seraient également menacées. En admettant que la responsabilité des hommes dans l'évolution climatique soit avérée, la communauté internationale se doit de trouver les parades simples et adéquates aux déséquilibres qu'elle a créés. Quelles parades ? Par exemple, la réorganisation des transports terrestres, en favorisant le train, le métropolitain, le tramway, la navigation fluviale, et en généralisant le pot catalytique ; les économies d'énergie dans toutes les formes d'habitat, l'intensification de la recherche-développement dans le domaine des énergies renouvelables, l'utilisation des biocombustibles... ; le traitement et le recyclage des déchets... ; la multiplication des actions de reboisement afin d'accroître le piégeage naturel du gaz carbonique par le biais de la photosynthèse... Si, en théorie, le problème du changement climatique admet des solutions, leur concrétisation n'est pas évidente, et ce pour des raisons le plus souvent inhérentes au niveau de développement et aux politiques économiques des États. Les pays développés, sous la pression des lobbies industriels, n'imaginent pas de réduire leur production de façon significative ; les pays de l'OPEP ne sont pas prêts à renoncer aux revenus qu'ils tirent du pétrole ou du gaz naturel ; les pays pauvres, parce qu'engagés dans la bataille du développement, ne se sentent pas responsables de la fébrilité du système climatique.

  • Culture
    • L'année culturelle

      Changement ou continuité ? L'année 1995 aura été marquée, on le sait, par le départ de François Mitterrand et l'arrivée de Jacques Chirac à l'Élysée. Rue de Valois, Philippe Douste-Blazy a remplacé Jacques Toubon. Le candidat Chirac, lors de sa campagne électorale, avait promis d'accorder au budget de la Culture 1 % de celui de l'État. Quand l'heure de la réalisation de ces promesses fut venue, le budget du ministère de la Culture fut effectivement porté à 1 % (soit 15,54 milliards de francs), non sans quelques accrochages assez sévères avec le ministère du Budget. Et, au prix d'un tour de passe-passe que l'opposition ne manqua pas de dénoncer, les attributions du ministère étaient étendues. La direction de l'Architecture – arrachée par le ministère de l'Équipement en 1978 – retournait dans le giron de la rue de Valois, et avec elle les crédits afférents, soit près de 700 millions de francs. Les deux orchestres et l'antenne de production de Radio France, qui étaient sous la tutelle du ministère de la Communication, passent eux aussi sous le contrôle du ministère de la Culture, et là encore avec leur budget de 350 millions de francs. Ces apports permettent effectivement de gonfler le budget de la Culture. Sans eux, celui-ci atteindrait néanmoins 0,97 % du budget de l'État. Ce qui est quand même mieux que les 0,92 % du dernier budget obtenu par Jacques Toubon.

    • Idées

      Le thème de la fin de l'histoire – un thème importé des États-Unis après la chute du mur de Berlin – a déjà pris des rides : on se penche à nouveau sur le destin des démocraties modernes, on les ausculte, on en interroge les vices et les vertus. Diverses inquiétudes – provoquées aussi bien par les ratés économiques et politiques qui affectent nos sociétés (exclusion, crise du plein emploi, fin de la condition salariale, corruption, érosion de la représentation politique...) que par les alternatives qui se présentent comme des révolutions religieuses – sont à l'origine de ce réexamen. En témoigne le succès rencontré par le Passé d'une illusion. Essais sur l'idée communiste au xxe siècle (Robert Laffont, Calmann-Lévy, 1995), le dernier ouvrage de François Furet, un auteur d'abord connu comme historien de la Révolution française. Ce livre a le mérite de mettre en scène trois des débats qui animent la vie intellectuelle : l'interprétation du totalitarisme, les métamorphoses de la guerre et de la paix, les alternatives de la démocratie.

    • Histoire

      La défaite des forces de l'Axe referme le volet militaire de la Seconde Guerre mondiale. On connaît le bilan effroyable du conflit, le plus meurtrier de l'histoire de l'humanité, qu'il s'agisse de la comptabilité des pertes humaines, de la destruction quasi totale d'innombrables villes, de l'horreur du génocide, de l'insoutenable drame du déplacement de populations ou de la vertigineuse libération du feu nucléaire. Si la folie des hommes a creusé l'abîme au fond duquel un monde s'éteint, un autre monde s'apprête à émerger, avec une nouvelle géographie des puissances, une redistribution des cartes dans un « jeu » où les superpuissances vont bien vite tenter d'organiser, chacune à son avantage, la nouvelle donne géostratégique. Pourtant, en 1945, dans l'euphorie de la fin des combats, les temps sont encore à l'illusion – n'est-ce pas la pente qu'indique la toute jeune Organisation des Nations unies ? – et la guerre froide n'a pas encore figé dans une posture politique et stratégique irrémédiablement antagoniste les vainqueurs du jour.

    • Littératures

      Si l'on peut hasarder un sentiment général, ce serait celui d'un recours aux références, d'un refuge dans le passé, comme si les temps d'incertitude et de confusion des valeurs que nous vivons détournaient les écrivains de prendre directement leur époque pour sujet de roman.

    • Cinéma

      La fréquentation des salles obscures s'est légèrement améliorée cette année par rapport à 1994 grâce aux bons scores obtenus dans les villes de province et à la présence, comme il y a deux ans, de films hexagonaux porteurs : les Anges gardiens, de Jean-Marie Poiré, qui vise le succès des Visiteurs, et Gazon maudit, de Josiane Balasko, film attachant sur la bisexualité. Au début du mois de décembre, ces deux mastodontes étaient en tête du box-office. Si le Hussard sur le toit, de Jean-Paul Rappeneau, déçoit un peu par sa septième place, on remarque, en revanche, l'excellent score d'un outsider, la Haine, de Mathieu Kassovitz, placé juste derrière. Les Américains ne nous ont pas donné, en 1995, des œuvres grand public aussi puissantes que Philadelphia, de Jonathan Demme, ou la Liste de Schindler, de Steven Spielberg. Le premier film états-unien, qui arrive troisième au classement annuel, après Gazon maudit, est Une journée en enfer, de John McTiernan, troisième séquelle de Piège de cristal, suivi de Stargate, de Roland Emmerich, aimable saga science-fictionnelle. En l'absence d'un phénomène comme Quatre Mariages et un enterrement, de l'Anglais Mike Newell, les dix premières places du box-office sont uniquement franco-américaines.

    • Musique classique : interrogations

      L'année 1994 avait été celle des crises, au moins dans le monde de l'opéra. Marquée par les élections présidentielles et, surtout, par les municipales, aux incidences plus directes sur la vie musicale, 1995 est plutôt l'année des questions, la plupart encore sans réponse, certaines crises étant sinon résolues, du moins en voie de résolution, d'autres s'étant transformées en interrogations. Les premiers spectacles de l'ère Gall, à l'Opéra de Paris, ont été des succès, après une fin de saison intérimaire houleuse marquée par de nouvelles grèves qui faisaient craindre le pire. Combien de temps durera l'apaisement de cet état de grâce ? À Aix-en-Provence, les équipes de Louis Erlo seront maintenues jusqu'en 1997, pour fêter le cinquantenaire du Festival. Qui viendra ensuite ? Après une saison tronquée, mais brillante, le Grand-Théâtre de Bordeaux est confronté, en revanche, à de nouvelles difficultés. Contre toute attente, la mairie Juppé entre en conflit direct avec Alain Lombard sur la gestion de la saison lyrique. Quel avenir pour une institution à la réussite incontestable ? À l'Orchestre de Paris, suite de l'affrontement entre Semyon Bychkov et une partie des musiciens. Le chef ne renouvellera pas son contrat en 1998 ; mais qui voudra ou pourra lui succéder ? Inquiétude pour les Chorégies d'Orange, le nouveau maire Front national ayant dans un premier temps refusé de poursuivre l'aide financière de la ville. Une nouvelle donne pour la grande manifestation lyrique ? Succédant à Stéphane Martin, notons aussi que c'est l'ancienne déléguée à la Danse, Anne Schiffer, la fille de Marcel Landowski, qui aura à répondre à ces questions.

    • Chanson

      « Les vrais rebelles du rock sont aujourd'hui des rappeurs. » Pour beaucoup d'adolescents, cette formule expéditive a relégué le rock – tous styles confondus – dans la catégorie « musique pour cartes vermeilles ». Non content d'avoir enfin obligé la génération des baby-boomers à assumer son âge en lui fournissant une musique qu'elle déteste, l'avènement du rap marque aussi celui de la francophonie. Le rap français, de par sa diversité ethnique (black, blanc, beur), son authenticité et sa richesse, n'a pas hérité de l'a priori péjoratif qui accompagnait systématiquement le rock hexagonal. L'hebdomadaire Time Magazine, la plupart du temps peu loquace, voire même ironique quant à la scène musicale française, écrit dans son numéro du 21 août « [...] plus le rap voyage et s'éloigne des ghettos nord-américains, plus il perd la colère crue qui en fait la force, exception faite pour les rappeurs français [...] ». Avec des ventes dépassant les 60 000 exemplaires, l'album la Haine – qui n'est pas la bande musicale du film de Mathieu Kassovitz mais qui y fait référence par des extraits de dialogues – a effectivement transporté le rap de la rue des grands centres urbains dans les foyers douillets du Français moyen. MC Solar, Alliance Ethnik, NTM et IAM en sont toujours les figures de proue, et Akhenaton – le leader des derniers cités – vient de signer un très bel album solo salué par toute la presse.

    • Rock

      L'espoir s'est levé en Angleterre. Grâce à la confirmation d'Oasis, dont le premier album, paru en 1994, laissait percer de vraies promesses. Promesses tenues avec la parution de (What's The Story) Morning Glory ? (Création. Distr. Sony). Le groupe de Manchester injecte une dose bienvenue de morgue dans une pop anglaise qui, au fil des années, s'était diluée en sous-produits lénifiants. Un déluge de guitares, une voix crâneuse et, surtout, une apparente facilité du guitariste Noel Gallagher à écrire des morceaux immédiatement mémorisables. Cette capacité, combinée à leur attitude provocatrice, évoque immanquablement les Kinks, même si les textes des chansons ne possèdent pas la puissance narquoise de leurs aînés.

    • Arts plastiques

      Quelque chose apparaît, qu'il est trop tôt pour nommer mais qui se veut, à l'évidence, en rupture et qui tient à une nouvelle conception des rapports entre l'art et le monde qui l'environne. S'il fallait résumer ce phénomène majeur en deux exemples, ce serait, d'une part, la Biennale de Venise et la polémique qu'elle a suscitée au début de l'été, d'autre part, à l'automne, la multiplication des expositions qui étudient les rapports des arts et de la politique au xxe siècle.

    • Expositions

      L'année 1995 est un millésime de grandes rétrospectives offrant au public deux visions condensées sur les grands bouleversements de la modernité. C'est autour des cimaises blanc cassé que Lorenzo Piqueiras avait conçues pour l'exposition Schwitters (1887-1948) présentée jusqu'en février que le Centre Pompidou accueille l'importante exposition du sculpteur français d'origine roumaine, Constantin Brancusi (1876-1957). Il s'agit de la première grande rétrospective de cet artiste, pionnier de la sculpture moderne. L'entreprise était périlleuse compte tenu de la fragilité des œuvres maintenues dans des équilibres précaires. Dans une mise en scène simple mais sophistiquée, les sculptures sont rassemblées par groupes de quatre ou cinq œuvres sur des dalles en béton munies de systèmes de sécurité qui permettent à la fois de saisir l'intégrité des œuvres observables de toutes parts sans en être trop éloigné, et de comprendre les rapports mutuels qu'elles entretenaient dans l'atelier que l'artiste légua à l'État. On y découvre les influences décisives sur Brancusi à ses débuts de Rodin, mais aussi de l'Allemand Lehmbruck ou de l'art populaire de sa Roumanie natale. Ce sont surtout les formes simplifiées et stylisées, ovoïdes ou cubiques, qui caractérisent cette œuvre rapidement émancipée des modèles antérieurs pour fonder son propre langage, mélange singulier de primitivisme et d'abstraction, d'expressionnisme et de minimalisme, où l'on retiendra notamment l'amour du matériau (marbre, pierre ou bois poli) et le traitement spécifique du socle qui devient sculpture à part entière. L'exposition la plus médiatique et la plus prestigieuse a attendu la rentrée des classes. Il s'agit de la grande rétrospective Cézanne, présentée au Grand Palais d'octobre à janvier, et dont on annonce, comme on a déjà pu le faire pour d'autres grands monstres de la peinture moderne devenus excessivement chers en termes d'assurances, qu'elle sera la dernière à rassembler autant d'œuvres majeures du peintre de l'Estaque : plus de 200 peintures, dessins et aquarelles dont pas moins de 109 tableaux avec pour point d'orgue la réunion de deux des trois Grandes Baigneuses. Si l'exposition ne remet pas en cause la réception classique de l'œuvre, elle permet néanmoins – c'est son unique ambition – de parcourir l'ensemble de l'œuvre en ne privilégiant aucune période ni aucun thème, dans un parcours chronologique partagé en cinq sections qui retracent les cinq principales décennies créatrices de Cézanne (1860-1900). Le public découvre ainsi la première période, dite « couillarde », où l'artiste utilise une peinture épaisse presque façonnée à la manière du Van Gogh noir, puis il constate la progressive dilution de la touche, venue saisir, à la suite des impressionnistes de plein air, les effets de la lumière sur le paysage en substituant au modelage du clair-obscur la modulation des différents effets de viscosité de la peinture à l'huile amalgamée sur la toile par petites touches superposées. Cette exposition est saluée par une pléthore d'ouvrages de référence sur l'artiste : plus d'une cinquantaine d'ouvrages monographiques sont édités à cette occasion, ce qu'aucune exposition en France n'avait jusqu'à présent suscité.

    • Marché de l'art

      Tout s'est ligué contre le marché de l'art cette saison. Non pas la conjoncture elle même, plutôt favorable, mais une accumulation de circonstances extérieures purement hexagonales. La campagne électorale d'abord, qui frappe toujours d'attentisme les vendeurs comme les acheteurs et explique un chiffre de mi-saison en baisse de 5,6 % pour Drouot (alors que celui des Anglais progressait de 7 et 20 %). Dès le mois de juin, certes, les ventes reprenaient et le marché connaissait une légère embellie, mais sans résultats probants, malgré quelques belles enchères. Le climat s'est ensuite rapidement détérioré : si la reprise des essais nucléaires n'a pas suffi à détourner un collectionneur de l'hôtel Drouot, la vague d'attentats a eu un effet dissuasif ! Des raisons financières s'ajoutent à ces péripéties fâcheuses : la hausse de la TVA sur les importations éloigne du marché parisien les rares éventuels vendeurs étrangers (déjà à 18,6 % ils ne se bousculaient pas !), et la baisse du dollar incite les clients américains à rester chez eux. Pour couronner le tout, les grèves et manifestations de la première quinzaine de décembre ont réduit, sans les ruiner totalement, les effets du feu d'artifice qui marque traditionnellement la fin de l'année. Sans empêcher quelques enchères à plus de 5 millions. La même alternance de succès et d'échecs accueille les salons d'antiquités dont la prolifération étonne. Environ 25 par an à Paris et autant dans les départements périphériques. La Biennale de Monaco, en août, a été un succès plus mondain que commercial. L'échec de la FIAC, en octobre, traduit bien les mécomptes de l'art contemporain. Trois jours, 40 exposants et moitié moins de visiteurs. Il y a le feu à la maison ! Le bilan est plutôt positif en revanche (sans excès) pour le nouveau « Salon des beaux-arts » à Paris, consacré uniquement aux arts plastiques. Les Salons parisiens classiques (Bastille, Champerret, Branly, Auteuil, tour Eiffel, Mars...) se maintiennent tant bien que mal, mais finissent par se nuire. Les bons salons de province (Bordeaux, Antibes, Dijon, Rouen, Caen...) se portent plutôt bien. Quant aux brocantes, à Paris ou en province, elles trouvent toujours une clientèle. Tout n'est d'ailleurs pas négatif dans ce tableau. Les causes de la morosité étant extérieures au marché lui-même, pendant que certains s'inquiètent, les amateurs impénitents, eux, continuent leurs achats. Et pendant que Drouot fait grise mine, Sotheby's et Christie's prospèrent tranquillement et drainent vers Londres, New York et Monaco le contenu de nos demeures et châteaux !

    • Théâtre

      Le pouvoir donné (depuis des années) aux metteurs en scène, qui préfèrent souvent « relire » un classique – ou un moderne reconnu –, et l'attitude prudente du public, confronté à des prix de place de plus en plus élevés et à une proposition de spectacles pléthorique, semblent favoriser un repli vers le répertoire aux dépens des jeunes auteurs contemporains. Ariane Mnouchkine s'est tournée vers le Tartuffe de Molière (Festival d'Avignon et Cartoucherie de Vincennes) pour en faire un pamphlet flamboyant contre l'intégrisme. Marcel Maréchal, nommé à Paris pour la première fois, a inauguré sa direction du Théâtre du Rond-Point avec la trilogie des Coûfontaine de Claudel – montée dans un style plus prosaïque que mystique. Pour sa première mise en scène à la Comédie-Française, Roger Planchon a choisi Occupe-toi d'Amélie !, de Feydeau, pour en faire une satire bien modérée de la bourgeoisie.

    • Danse : la paix des braves ?

      Sans doute moins de conflits cruciaux en 1995 dans le domaine de la danse et peut-être un espoir de détente entre les tenants du « moderne » et ceux du « classique ». Le principal affrontement fut de nature politique, puisqu'il découlait de l'arrivée à la mairie de Toulon, dont dépend Châteauvallon, d'un élu Front national. Sitôt en place, le nouveau maire faisait connaître ses réticences quant à la nature du Festival de Châteauvallon, qui est l'un des temps forts de la vie chorégraphique française. Il préférerait une manifestation pluridisciplinaire réservée aux artistes français. Simultanément, la direction du Festival faisait savoir qu'elle refuserait dorénavant toute subvention de la ville, chercherait ailleurs les crédits nécessaires et, au besoin, s'efforcerait de s'en passer. Simultanément encore, Angelin Preljocaj, nommé directeur du centre chorégraphique, annonçait qu'il renonçait à ce poste, refusant d'être le porte-drapeau culturel d'une mairie de cette couleur politique. Crise ouverte donc, à laquelle aucune solution précise n'est trouvée à ce jour. L'élection du maire étant remise en cause pour diverses raisons légales, il est possible que tout se dénoue au cas où de nouvelles élections, avec une issue différente, auraient lieu dans un avenir proche.

    • Photographie

      « La photographie en Arles a sans doute exclu les Arlésiens », avait sans ambages déclaré le nouveau délégué des Rencontres Bernard Millet devant l'évident désintérêt du public de la ville pour son festival. Nommé pour trois ans, cet historien – promu en 1986 conservateur du musée de la Vieille-Charité à Marseille et professeur à l'université d'Aix-en-Provence, où il donne des cours sur les relations entre la peinture et la photographie – souhaitait, pour sa part, la réconciliation entre les plasticiens et la photographie traditionnelle. De son côté, Michel Nuridsany – critique au Figaro et directeur artistique du Festival d'Arles pour 1995 – a au moins rempli un objectif : « rompre le ronron ». Car les Rencontres internationales de la photographie d'Arles furent mémorables. Unanimement décrié par l'ensemble du monde de la photo et, pour une fois, suscitant la violente réaction d'un public houleux armé de tomates, le festival eut au moins le mérite d'exciter l'intérêt anecdotique des Arlésiens à l'heure de l'apéro.

    • Architecture

      L'année 1995 marque la fin d'un règne de quatorze ans profondément investi dans l'architecture. Tous les rendez-vous auront été tenus – à l'exception notoire du Centre de conférences internationales du quai Branly, abandonné au terme des études (Francis Soler, architecte) – jusqu'à celui de la Bibliothèque nationale de France, dont le bâtiment est livré en mars. Coquille vide, aussitôt inaugurée, le 30 mars, par le président Mitterrand, dont c'est le grand œuvre promis à la postérité.

    • Patrimoine

      Une fois encore, les journées du Patrimoine, qui se tenaient pour la douzième fois, les 16 et 17 septembre, dans l'ensemble de l'Hexagone, ont montré l'intérêt que portent les Français à leur patrimoine : 7 millions de visiteurs (contre 6,5 millions l'an passé) ont profité de l'ouverture souvent exceptionnelle de 10 192 monuments publics ou privés. Le ministre de la Culture, Philippe Douste-Blazy, n'a pas manqué de mentionner la portée économique de ce patrimoine qui dévore un milliard et demi de francs, soit 10 % du budget de son ministère : « un million de francs investis dans la restauration créent 2,3 emplois, contre 1,5 dans la construction neuve ». Il a rappelé que 3 500 chantiers s'ouvrent chaque année pour le seul patrimoine, sous la direction du ministère de la Culture : « Ils permettent le maintien d'un vaste réseau de PME spécialisées en travaux d'art et de restauration, détentrices d'un savoir-faire précieux et dépositaires des techniques traditionnelles. » Quant à l'entretien, il concerne chaque année plus de 3 000 artisans qualifiés.

    • Archéologie

      Au cours de l'année 1995, les idées sur l'art préhistorique en Europe ont été sérieusement bousculées. Annoncée à la fin de janvier, la découverte d'une grotte ornée dans le sud-est de la France a fait l'effet d'une bombe, d'abord par la qualité des figures révélées, ensuite par la région où elles se trouvent. Quelques mois plus tard, la datation de certaines de ces figures a encore amplifié l'effet initial.

    • BD

      Tandis que Fluide glacial affiche sa bonne santé avec un hors-série consacré à ses vingt années d'existence, l'hebdomadaire Spirou publie son 3 000e numéro. Célébrant à sa juste manière l'événement, le journal propose un concept tout à fait inédit dans le monde du 9e art : outre une quarantaine de pages supplémentaires, l'hebdomadaire offre à ses lecteurs un CD inédit reprenant des chansons, des fausses publicités et des planches sonorisées.

    • Programmes TV : de la polémique à l'ennui

      Que de polémiques ! Vraies ou fausses. Dramatiques ou puériles. La série d'attentats commis en France à partir de l'été a largement alimenté les écrans en images et commentaires. Entraînant quelques sérieux dérapages, tel ce témoin de l'attentat commis à l'Étoile, interrogé le lendemain par Claire Chazal sur TF1 et répondant à ses questions à la manière d'un spécialiste du terrorisme. Quelques jours plus tard, en ouverture du 20 heures de France 2, Daniel Bilalian révélait que Khaled Kelkal, principal suspect dans l'enquête, avait été formellement reconnu sur un enregistrement vidéo d'un grand magasin. Information démentie le lendemain... Mais la mort du jeune homme, abattu par les gendarmes tout près de Lyon, fut certainement l'événement le plus commenté de l'actualité. Fallait-il diffuser ces images, celles où un parachutiste retournait du pied le corps du jeune homme ? Sans aucun doute, répondirent les responsables de France 2, mais M6 devait-elle (sous prétexte d'offrir au téléspectateur tous les éléments pouvant concourir à son information) également diffuser une bande-son de quelques secondes dans laquelle on entendait un gendarme crier à un autre : « Finis-le, finis-le » ? « Non », a répondu Patrick De Carolis, directeur de l'information sur cette chaîne, car le son sans l'image pouvait donner lieu à trop d'interprétations.

  • Sports
    • Sports 95 : l'année ovale

      1995 : une année ovale Le rugby mondial s'est offert une année à émotions. La 3e Coupe du monde a sacré son pays hôte. Pour leur grand retour en compétition officielle, les Springboks, chaleureusement soutenus (signe des temps !) par Nelson Mandela, ont donné à la nouvelle Afrique du Sud une victoire pleine de symboles. Cette compétition a confirmé la suprématie des pays de l'hémisphère Sud et accéléré l'abandon d'un amateurisme hypocrite.

    • Portraits

      Peter Blake est un géant des mers. Et sa taille, 1,93 m, n'y est pour rien. Après avoir tout gagné, sur tous les océans du globe, il a conduit, en mai, la Nouvelle-Zélande à sa première victoire dans la Coupe de l'America. La performance n'est pas anecdotique : depuis la création de l'épreuve, en 1851, l'aiguière d'argent n'avait échappé qu'une seule fois aux États-Unis.

    • Disciplines

      Le mouvement est enclenché, le témoin en passe d'être définitivement transmis. Les 5es Championnats du monde d'athlétisme ont confirmé l'avènement d'une génération de nouveaux champions, aux dépens des anciennes étoiles de la piste.

  • Statistiques
  • Nécrologie

    Abbott (George), dramaturge américain, grande figure de Broadway (Forrest-ville, New York, 25/06/1887 - Miami Beach 31/01/95).