Journal de l'année Édition 1991 1991Éd. 1991

Ce ne fut pourtant pas une course parfaite, loin s'en faut. Morinière eut un temps de réaction moyen au coup de pistolet (167/1 000 contre 148/1 000 à l'Anglais Braithwaite, placé devant lui) et, s'il refit son retard sur la fin, il provoqua une certaine hésitation chez Sangouma. La charnière Trouabal – Marie-Rose, formée après le forfait de Gilles Quénéhervé, fut pour sa part marquée par un léger « tampon », tant le nouveau promu sortit vite du virage. À l'arrivée, cela se traduisit par quelques centièmes de secondes perdus, sans compter le geste auguste du triomphe dessiné par Marie-Rose, lequel se releva et négligea de casser le buste sur le fil. Jamais encore l'athlétisme français n'avait disposé, en même temps, au sommet de leur forme, de quatre athlètes aussi doués. Cette convergence est pleine de promesses. Pour leur entraîneur corse, Jo Maisetti, que la Fédération avait voulu remercier au début du printemps, le potentiel du relais se situe aujourd'hui à 37″ 30, peut-être moins. En tout cas, c'est le temps que les Français devront réaliser ou approcher s'ils veulent battre les Américains et les Britanniques aux jeux Olympiques de Barcelone en 1992.

Sebastian Coe : l'homme du km

À Auckland, Sebastian Coe, le plus grand coureur de demi-fond de l'après-guerre, a fait ses adieux à la compétition en terminant sixième de la finale du 800 m des jeux du Commonwealth. Paradoxe pour celui qui fut le roi de la distance et dont le record du monde résiste toujours à tous les assauts depuis maintenant près d'une décennie.

En 12 ans de carrière, le Britannique a écrit quelques-unes des plus belles pages de l'athlétisme mondial. Son parcours n'aura pourtant pas été un long fleuve tranquille. Ses victoires alternent en effet avec quelques revers retentissants. À Moscou et à Los Angeles, par exemple, où il fut dominé sur 800 m par son compatriote Steve Ovett puis par le Brésilien Joaquim Cruz. À chaque fois, cependant, il prit sa revanche quelques jours plus tard sur 1 500 m. Aux championnats d'Europe de 1982, également, où, dans son épreuve favorite, il subit la loi du modeste Allemand de l'Ouest Ferner. Mais, en définitive, ses échecs s'effacent naturellement à la lecture de ses triomphes. Son premier remonte au 5 juillet 1979, date à laquelle il pulvérise en 1′ 42″ 33 le record du monde du 800 m du Cubain Alberto Juantorena. En pleine possession de ses moyens, il améliore dans la foulée ceux du mile et du 1 500 m. Le Néo-Zélandais Walker et le Tanzanien Bayi sont rayés des tablettes. Ayant consacré l'année 1980 à la préparation des jeux Olympiques, il repart en chasse en 1981 et entre dans la légende du demi-fond en abaissant, à Florence, son record du monde du 800 m en 1′ 41″ 73. À ce jour, ce temps exceptionnel paraît inaccessible.

Athlète qui a toujours lutté avec courage contre le dopage, Sebastian Coe laissera l'image d'un champion « clean ». D'un gentleman un peu trop hautain, au charme parfois glacial, mais dont l'allure élégante et l'intelligence ont su gagner la faveur des stades. Et la combativité dont il fit preuve sur la piste le jour de ses adieux, pour terminer seulement sixième, restera à tout jamais gravée dans les mémoires. La réaction d'orgueil d'un vieux guerrier.

Palmarès

Né le 29 septembre 1956 à Chiswik, quartier de Londres.
– Jeux Olympiques
Médaille d'or du 1 500 m en 1980 et 1984.
Médaille d'argent du 800 m en 1980 et 1984.
– Championnats d'Europe
800 m : 1er en 1986 ; 2e en 1982 ; 3e en 1978.
1 500 m : 2e en 1986.
– Records du monde
800 m : 1′ 42″ 33 en 1979 et 1′ 41″ 73 en 1981.
1 500 m : 3′ 32″ 1 en 1979.
Mile : 3′ 49″  en 1979 ; 3′ 48″ 53 et 3′ 47″ 33 en 1981.
4 × 800 m : 7′ 3″ 89 en 1989 avec Elliot, Cook et Cram.

Les autres finalistes

4e place
– Bruno Marie-Rose : 10″ 10 sur 100 m.
– Philippe Collet : 5,70 m à la perche.
– 4 × 100 m dames : 43″ 43 pour Cécile Peyre, Magalie Simioneck, Odile Singa et Odiah Sidibe.
– 4 × 400 m dames : 3′ 25″ 16 et record de France pour Fabienne Ficher, Viviane Dorsile, Évelyne Elien et Marie-José Pérec.