Journal de l'année Édition 1991 1991Éd. 1991

Supermoyens WBA (Lyon, 30 mars) : Christophe Tiozzo (F) b. In Chul-Baek (CdS), arrêt de l'arbitre à la 6e reprise.

Superwelters WBC (Annecy, 13 juillet) : Terry Norris (É-U) b. René Jacquot (F), aux points.

Supermoyens WBA (Arles, 20 juillet) : Christophe Tiozzo (F) b. Paul Whittaker (É-U), par arrêt de l'arbitre à la 8e reprise.

Supercoqs WBA (Paris-Bercy, 18 octobre) : Luis Mendoza (Col.) b. Fabrice Benichou (F), aux points.

Lourds-légers WBA (Madrid, 22 novembre) : Robert Daniels (É-U) et Taoufik Belbouli (F), match nul.

Superwelters IBF (Marsala, 30 novembre) : Gianfranco Rosi (It.) b. René Jacquot (F), aux points.

Supermoyens WBA (Cergy-Pontoise, 23 novembre) : Christophe Tiozzo (F) b. Danny Morgan, par arrêt de l'arbitre à la 2e reprise.

Lourds-légers WBC (Ferrare, 8 décembre) : Massimiliano Duran (It.) b. Anaclet Wamba (F), par disqualification à la 12e reprise pour coups de tête.

Les grands combats de l'année

Lourds, titre unifié (Tokyo, 11 février) : James Douglas (É-U) b. Mike Tyson (É-U) ; K.-O. à la 10e reprise.

Welters WBA (Londres, 3 mars) : Mark Breland (É-U) b. Lloyd Honeyghan (G-B), par arrêt de l'arbitre à la 3e reprise.

Moyens IBF (Paris-Bercy, 18 octobre) : Michael Nunn (É-U) b. Don Curry (É-U), par abandon à la 10e reprise.

Lourds, titre unifié (Las Vegas, 28 octobre) : Evander Holyfield (É-U) b. James Douglas (É-U), par K.-O. à la 3e reprise.

Cyclisme

La renaissance italienne

Tour de France

En remportant son troisième Tour de France, Greg LeMond vient d'entrer dans la légende de l'une de nos plus prestigieuses institutions sportives, à l'égal de Louison Bobet et du Belge Philippe Thys. Étonnante personnalité que cet Américain de 29 ans débarqué en Europe pour prendre le pouvoir du royaume vélo. Avec ses yeux rieurs, son sens de la repartie et de l'humour, il n'a pas son pareil pour séduire. Toujours disponible, il sait aussi se préparer pour atteindre ses objectifs. Au point d'agacer le milieu. Face aux critiques de Laurent Fignon et d'Eddy Merckx, qui lui reprochent d'aimer trop l'argent (5,7 millions de dollars pour un contrat de trois ans avec la formation Z) et de manquer singulièrement de panache, Greg LeMond reste de marbre et donne sa réponse sur la route. En réalité, il ne supporte pas l'injustice. La saison dernière, il finit en jaune sans l'aide de personne. Au bluff, à l'économie. Cette fois, au sein d'une équipe Z qui effectua un travail de titan, il sut se surpasser aux moments voulus et en temps utile. Imposer au peloton son intelligence et sa maturité. On ne s'adjuge pas une telle épreuve par chance. Il faut savoir ménager ses forces et exploiter les faiblesses de l'adversaire. Sa victoire est simplement le fruit d'un calcul froid et précis d'un enfant du Nevada qui a compris qu'il ne servait à rien de puiser dans ses réserves dans l'unique espoir de gagner une étape. Seul compte le triomphe final, la première marche sur le podium dressé sur les Champs-Élysées. En cela, il ressemble au regretté Jacques Anquetil. Ce n'est pas le moindre des compliments.

Après le magnifique spectacle offert dans le Tour 1989 avec son inoubliable renversement de situation du dernier jour, il était prévisible que cette 77e édition allait souffrir de la comparaison. La première moitié de la course, marquée par une échappée fleuve de quatre audacieux, puis par l'abandon de l'un des favoris, Laurent Fignon, a paru mièvre, s'est déroulée sans passion. Elle a surtout permis à Greg LeMond, encore à court de forme, de se familiariser avec le rythme de l'épreuve, de s'affûter. Moins de faiblesse dans le camp adverse l'eût placé dans des conditions délicates. Mais chacun avait de bonnes raisons de ne pas prendre d'initiatives. Pedro Delgado et Raul Alcala attendaient patiemment la montagne, Eric Breukink les contre-la-montre et Gianni Bugno un retour de flamme à la suite de son épuisante campagne italienne, qui l'avait mis sur le flanc. Dans ce contexte, la tâche de l'Américain s'avérait plus facile. À la tête de la meilleure formation, il pouvait dès lors envisager la victoire finale avec confiance. Il la construisit après le passage des Alpes en trois coups d'éclat : l'attaque dans les monts du Forez, l'envolée sur les pentes de Luz-Ardiden, le jour où Eric Breukink était en situation de remporter le Tour, et l'estocade dans l'épreuve chronométrée autour du lac de Vassivière. Devant une telle démonstration tactique, le maillot jaune Claudio Chiappucci, dont l'avance avait fondu au fil des étapes comme neige au soleil, ne pouvait qu'être battu. Il le fut à la veille de l'arrivée à Paris. Le triomphe de Greg LeMond ne souffre aucune équivoque. Pas de grande échappée, pas d'exploit livré à la mémoire commune, mais une bataille ardente, parfois furieuse comme dans le Massif central, une course moderne finalement qui s'est jouée partout, et non plus seulement aux points de rendez-vous préalablement fixés. La prime à la régularité, en somme. C'est là la marque de fabrique du Tour 90.

Autres épreuves

Six classiques, le Giro, une deuxième place au Tour de France, Gianni Bugno vainqueur de la Coupe du monde Perrier et premier au classement FICP, le cyclisme italien a connu une saison faste. Sans la présence constante aux avant-postes du Néerlandais Eric Breukink et de l'Espagnol Miguel Indurain, c'eût été un règne sans partage. Après une année noire en 1989, voilà venu l'âge d'or. Il n'y a pourtant pas d'explication rationnelle à ce phénomène, sinon que les coursiers transalpins ont enfin compris qu'ils devaient courir plus souvent à l'étranger s'ils voulaient progresser. Fini le temps où Francisco Moser et Giuseppe Saronni refusaient de participer à la Grande Boucle dans la crainte d'être ridicules face à Bernard Hinault. À leur plus grand profit, leurs compatriotes n'hésitent pas aujourd'hui à relever le défi. La victoire inattendue de Marco Giovanetti à la Vuelta ou celles du modeste Marco Ballerini à Paris-Bruxelles puis au GP des Amériques en sont l'illustration parfaite. Sublimés par les triomphes de leurs chefs de file, Gianni Bugno (Milan-San Remo, Giro Wincanton Classic) et Moreno Argentin (Tour des Flandres, Flèche wallonne), les seconds couteaux italiens se sont découvert une nouvelle ambition.