Cela tient à une restriction des importations et à une expansion notable des exportations. Mais cela tient en même temps au fait que l'industrie n'investit pas et consomme ses stocks. On prévoit pour 1975 une croissance zéro du produit national brut (+3,5 % en 1974). C'est donc la récession. On ne peut espérer en sortir qu'en 1976, affirme le président du Conseil.

Difficultés

Pendant les premiers mois de 1975 progressent plusieurs réformes importantes : Sécurité sociale, école, radio-TV. Un nouveau code de la famille, très moderne, est voté au Parlement. Le gouvernement entreprend de resserrer son contrôle sur les féodalités que sont devenues les grandes entreprises industrielles appartenant à l'État. Pièce essentielle de l'appareil économique italien.

Des orages imprévus surviennent. À partir de janvier 1975, le parti radical lance un défi en patronnant des cliniques pour avortements. Le mouvement qu'il cherche à lancer trouve un écho chez les socialistes et suscite des résistances de la part des démocrates-chrétiens et des communistes. En avril, c'est le boycottage des vins de Sicile et des Pouilles par les viticulteurs du midi de la France. Les mesures prises par le gouvernement de Paris suscitent un conflit qui se règle à Bruxelles en faveur de l'Italie. Mais cette guerre du vin atteste de la fragilité des structures agricoles du Mezzogiorno.

Les faiblesses de l'État se font sentir de diverses manières. L'administration des Finances se révèle incapable de faire rentrer une part importante des impôts. Le leader des Brigades rouges, Renato Curcio, est enlevé le 17 février dans sa prison par un commando de ses amis. La justice s'embourbe sur les pistes de la subversion. En février, la cour de Catanzaro renvoie encore une fois le procès des bombes de 1969 (Journal de l'année 1969-70), visiblement submergée par le gigantesque dossier.

Les enquêtes sur les responsables présumés des tentatives de coup d'État de 1970 et de 1974 semblent marquer le pas. Le général Miceli est partiellement mis hors de cause à la veille des fêtes de Pâques, et mis en liberté provisoire quelques semaines après.

Ordre public

Sur le plan politique, cependant, deux questions dominent la scène politique pendant ce premier semestre de 1975, qui débouche le 15 juin sur les élections pour le renouvellement des assemblées régionales : l'ordre public et le compromis historique.

A. Fanfani, en janvier, est le premier à enfourcher le cheval de bataille de l'ordre public. L'opinion est devenue très sensible au développement de la criminalité, de droit commun ou politique, les deux se trouvant d'ailleurs souvent confondues. Les vols à main armée dans les banques ou les bureaux de postes et les enlèvements de personnes contre rançon, qui se rattachent à l'une ou à l'autre catégorie, se sont dangereusement multipliés (on compte 13 enlèvements en janvier et février). Depuis la fin de 1974 se manifeste une nouvelle organisation terroriste, les NAP (Noyaux armés prolétaires), qui a des ramifications dans les prisons.

Le Parlement adopte, au début de mai une loi élaborée à la suite d'une difficile négociation entre les partis de centre gauche. Cette loi donne à la police les mains plus libres pour réprimer les groupes extrémistes qui s'affrontent périodiquement dans les rues (on compte cinq morts dans diverses villes entre février et mai).

Portugal

Le compromis historique avec la démocratie chrétienne est le thème unique du congrès du parti communiste, réuni à Rome du 18 au 23 mars. La thèse de la rencontre de toutes les grandes forces populaires est présentée avec plus de force que jamais par le secrétaire du parti, Enrico Berlinguer. Il en porte la perspective jusqu'à une vision mondiale de la détente et de la coexistence.

Mais, au soir du premier jour, profitant de ce qu'à Lisbonne vient d'être supprimé un parti se réclamant de la démocratie chrétienne, A. Fanfani retire la délégation de son parti qui devrait assister au congrès communiste.

Brigades

Désormais les jeux sont prêts pour la campagne électorale de mai-juin. Mais celle-ci s'ouvre encore dans une atmosphère troublée. NAP et Brigades rouges se manifestent avec virulence. Les premiers enlèvent, le 6 mai, un magistrat à Rome. Sa libération, le 11 mai, est spectaculairement négociée avec des détenus qui se sont révoltés dans la prison de Viterbe et sont en relation avec les ravisseurs. Dans les jours qui suivent, les Brigades rouges saccagent plusieurs sièges de la démocratie chrétienne et, au cours d'une de ces opérations, tirent froidement une balle dans la jambe d'un leader DC de Milan.

Les élections régionales transforment le panorama politique

Les 15 et 16 juin 1975, 31 millions d'électeurs vont aux urnes pour renouveler les 15 assemblées des régions à statut ordinaire (élues pour la première fois en 1970), 86 conseils généraux sur 96 et les conseils municipaux dans la même proportion. La participation s'élève à 91,6 %. Les jeunes de 18 à 21 ans (2 millions) votent pour la première fois. La loi électorale, dont les démocrates-chrétiens ont eu l'initiative, a été votée juste à temps pour permettre la participation de ces 2 millions de nouveaux électeurs.