– Le 14, les provinces soumettent aux tribunaux le projet fédéral afin de le faire invalider ;

– Le 21, le Premier ministre Trudeau consent à accorder aux provinces des pouvoirs plus importants sur les richesses naturelles ;

– Le 24, à 2 heures du matin, au terme d'échanges houleux à la Chambre des communes, le gouvernement fait tomber la guillotine sur le débat constitutionnel, qui a duré onze jours. Fort de sa majorité parlementaire et avec le soutien du NPD, le Parti libéral fait déférer son projet à un comité mixte du Sénat et des Communes.

Si la première étape vers le rapatriement est franchie assez aisément, la seconde en revanche s'annonce plus difficile pour le Premier ministre Trudeau. À compter de janvier 1981, le lobby des provinces auprès des parlementaires britanniques, pour stopper l'action du gouvernement canadien, porte ses fruits.

Moratoire

Ottawa apprend avec consternation, le 29 janvier, qu'un comité formé de députés ce Westminster recommande au Parlement britannique de rejeter le projet constitutionnel du gouvernement canadien, à moins que le Premier ministre Trudeau ne démontre qu'il a un appui solide à travers le Canada.

Le lendemain, Pierre Trudeau met Londres en garde contre toute ingérence dans les affaires intérieures du pays et traite les membres du comité londonien de grenouilleurs. Fidèle à son habitude d'affronter les courants contraires, il claironne qu'il na quittera la politique qu'une fois la besogne constitutionnelle accomplie, n'en déplaise au gouvernement de Mme Thatcher et aux chefs provinciaux.

Il ne peut toutefois cacher que les Britanniques lui ont fait savoir, il y a longtemps, qu'un rapatriement de la Constitution avec une charte des droits — linguistiques entre autres — poserait des problèmes.

D'autres obstacles viennent contrecarrer les plans du Premier ministre canadien. L'élargissement da la contestation politique et les jugements contradictoires des tribunaux sur la légalité de son geste forcent Pierre Trudeau à revoir sa stratégie et à freiner le processus de rapatriement.

Il annonce, le 2 avril, que son projet demeurera bloqué jusqu'à ce que la Cour suprême, la plus haute instance juridique du pays, se soit prononcée. Cette volte-face survient au moment où les conservateurs maintiennent un état de crise à la Chambre des communes, en empêchant systématiquement le gouvernement libéral de mettre fin au débat sur la Constitution.

Tandis que c'est le soulagement à Londres, le chef de l'opposition, dans la capitale canadienne, réclame un moratoire de deux ans, afin de permettre aux provinces de se rallier aux changements proposés.

Législatives

Avec le débat constitutionnel comme toile de fond, les électeurs ontariens et québécois reportent, cette année, leur gouvernement respectif au pouvoir. Somme toute, deux scrutins qui ne modifient en rien l'alignement des provinces contre le projet constitutionnel du gouvernement fédéral.

En Ontario, le Premier ministre conservateur Bill Davis, un allié de Pierre Trudeau qui lui a promis de ne pas imposer le bilinguisme à sa province, est réélu facilement le 19 mars 1981. Le parti qu'il dirige depuis 10 ans obtient 70 sièges, soit 12 de plus qu'en 1977. Minoritaire à la dissolution de l'Assemblée législative, le 2 février, il est désormais assuré de la majorité.

Cette victoire marque l'effondrement du NPD, qui perd 13 sièges en ne faisant élire que 20 candidats. Les libéraux, quant à eux, réussissent à conserver les 34 circonscriptions qu'ils détenaient déjà.

À peine élu, le Premier ministre Davis déclare qu'il n'a nullement l'intention, malgré sa majorité, de modifier sa politique constitutionnelle. Il sera, dit-il, du côté d'Ottawa tant que les intérêts de sa province seront satisfaits.

La réélection des conservateurs ontariens survient un mois avant celle du Parti québécois de René Lévesque, au Québec. Conviés aux urnes le 13 avril, pour la quatrième fois en deux ans, les Québécois élisent 80 députés péquistes, leur accordant près de 50 % de leurs suffrages.