Ronald Reagan obtient, le 16 juillet, à Détroit, 1 939 voix de délégués républicains sur un total de 1 994. Il désigne comme colistier George Bush, 56 ans, ancien ambassadeur des États-Unis à l'ONU et qui fut directeur de la CIA en 1976-77.

Jimmy Carter reçoit, le 14 août, à New York, l'investiture démocrate avec 2 129 voix contre 1 146 à Edward Kennedy, dont les partisans ont maintenu leur opposition au chef de la Maison-Blanche jusqu'à la dernière minute. Et c'est un soutien sans enthousiasme que le sénateur du Massachusetts décidera finalement d'apporter au président.

Ouverte officiellement le 2 septembre, la campagne électorale se déroule dans un climat de morosité et de désenchantement. Les incertitudes de l'économie, l'affaire des otages de Téhéran, l'état de préparation des forces militaires américaines sont les sujets qui alimentent le plus régulièrement un débat politique dénué de toute passion. Le seul vrai temps fort est le duel télévisé qui oppose les deux candidats le 28 octobre.

Le 4 novembre, Ronald Reagan, porté par une impressionnante vague de fond qu'aucun institut de sondage n'avait su prévoir, remporte un succès éclatant. Il recueille 51 % des suffrages exprimés — contre 41 % à Carter, 7 % à l'indépendant John Anderson, 1 % aux autres candidats — et 489 des 538 mandats de grands électeurs.

Manifestant sa défiance à l'égard du président sortant, une fraction importante de certaines catégories d'Américains traditionnellement attachées au parti démocrate (ouvriers, sudistes, juifs) a voté pour l'ancien acteur. Seuls, les Noirs ont apporté massivement leurs voix à Carter.

Le taux d'abstention (47,1 %) est très élevé : 30,1 millions d'Américains ne se sont pas rendus aux urnes, sur un total de 115 millions d'inscrits, le nombre d'électeurs potentiels étant, lui, de 160 millions.

Congrès

La défaite personnelle de Jimmy Carter s'accompagne d'un sérieux recul du parti de l'âne au Congrès. Au Sénat, les républicains obtiennent la majorité absolue, pour la première fois depuis un quart de siècle. À la Chambre des représentants, leur progression est également très sensible.

Au Sénat, 34 sièges sur 100 étaient renouvelables. Vingt-quatre de ces sièges appartenaient à des démocrates. Huit de ces derniers sont battus, notamment des libéraux comme George McGovern (Dakota du Sud), candidat du parti à l'élection présidentielle de novembre 1972 (Journal de l'année 1972-73), et Frank Church (Idaho), président de la commission des Affaires étrangères, personnalités contre lesquelles la nouvelle droite évangélique — Majorité morale, Voix chrétienne — avait fait activement campagne.

Lorsque le nouveau Congrès s'installe, le 5 janvier 1981, le parti républicain, dirigé par Howard Baker, compte 12 élus supplémentaires et dispose d'une majorité de 53 sièges sur 100.

Chez les représentants, les démocrates, conduits par Robert Byrd, demeurent majoritaires, mais avec 33 sièges de moins que dans le Congrès sortant.

Dans les deux chambres, à l'intérieur de chaque formation, des libéraux ont été fréquemment remplacés par des conservateurs.

Aux élections de gouverneurs (13 postes à pourvoir), le Grand Old Party a conquis 4 sièges. Il dirige maintenant l'exécutif de 23 États sur un total de 50.

Enfin, le raz de marée conservateur qui a balayé le pays s'est également fait sentir dans de nombreuses questions — portant entre autres sur la construction des centrales nucléaires ou l'interdiction de fumer dans les lieux publics — qui ont été posées aux électeurs de 42 États.

Canada

Ottawa. 23 500 000. 2. 0,8 %.
Économie. Le taux de croissance est tombé à 3 % sous l'influence du ralentissement de l'activité aux USA. L'inflation n'a pas reculé et le chômage s'est accru, atteignant 7,5 % de la population active. À la différence de nombreux pays occidentaux, le Canada possède toujours une balance commerciale excédentaire. Il doit cette situation privilégiée à sa richesse en matières premières, énergétiques en particulier. La dépendance pétrolière n'est que de 10 % (99 % en France), le tiers de la production de gaz naturel peut être exporté (vers les États-Unis principalement) ; le pays est aussi le deuxième producteur mondial de concentrés d'uranium. Grâce à sa richesse hydrographique, la production hydroélectrique canadienne est supérieure à la production totale d'électricité en France.
PIB (77) : 8 583. Productions (77) : A 4 + I 31 + S 65. Énerg. (76) : 9 950. CE (77) : 21 %.
Population active (78) : 9 972 000, dont A : 5,7 % ; I 28,7 % ; D : 65,6 %. Prix à la consommation (évolution 78) : + 9 %. Balance commerciale (78) exp. : 46,2 MM$ ; imp. : 43,6 MM$. Balance des paiements : – 4,5 MM$. Productions (78) : blé 21,1 Mt, pétrole 69 Mt, gaz naturel 73 Gm3, électricité 336 TWh, cuivre 0,65 Mt, fer 25,6 Mt, acier 14,9 Mt, aluminium 1 Mt, papier 11,4 Mt.
Transports. (*77) : 2 966 M pass./km, 212 416 Mt/km. (76) : 9 016 300 + 2 316 800.  : 2 954 000 tjb. (77) : 12 991 M pass./km.
Information. (75) : 121 quotidiens ; tirage global : *4 872 000. (76) : *23 400 000. (76) : *9 895 000. (75) : 668 800 fauteuils ; fréquentation : 97,5 M. (77) : 14 488 000.
Santé. (76) : 40 130. Mté inf. (75) : 14,3.
Éducation. (76). Prim. : 2 372 784. Sec. et techn. : *2 580 000. Sup. (75) : 818 153.
Armée.  : 80 000.
Institutions. État fédéral indépendant en 1931 (statut de Westminster). Constitution de 1867. Gouverneur général représentant la Couronne britannique : Edward Schreyer. Premier ministre : Pierre Elliott Trudeau.

Au premier plan, le débat constitutionnel et les problèmes économiques

En ce début de décennie, la question constitutionnelle occupe tout le champ de l'activité politique canadienne, à l'exception de deux courts intermèdes : les élections législatives ontariennes et québécoises.