Elle enregistre un premier succès avec la signature du traité soviéto-indien (août 71). Cet « accord de paix contre la guerre » permet à l'Inde de briser le sentiment d'isolement ressenti à la suite de l'aide américaine au Pakistan, du rapprochement Washington-Pékin et de la sympathie que la Chine manifeste à Yahya khan. Signé pour une durée de vingt ans et renouvelable ensuite tous les cinq ans, ce traité constitue un pacte de non-agression. Il prévoit notamment qu'aucun des deux pays ne pourra ni adhérer ni participer à une alliance militaire dirigée contre l'un des États ; il stipule l'engagement de s'abstenir de toute agression et le refus d'accorder son territoire pour l'exécution d'une action d'ordre militaire ; en cas de menace, des consultations seront organisées afin de prendre les mesures adéquates pour garantir la paix et la sécurité des deux pays. Indira Gandhi affirme qu'un tel traité ne porte pas atteinte à la politique de non-alignement de son pays. L'annonce d'un rapprochement avec Pékin et la nomination d'un ambassadeur à Hanoi vont dans ce sens.

Réfugiés

Mais la tension entre l'Inde et le Pakistan ne cesse de croître, alors que la présence des réfugiés, au Bengale-Occidental, pèse de plus en plus lourdement sur une économie déjà fragile. Pour assurer la subsistance de neuf millions de réfugiés, l'Inde doit hypothéquer son programme de développement économique, prélever des impôts nouveaux, augmenter son déficit budgétaire. La situation, à Calcutta, déjà considérée comme « la capitale mondiale de la misère », est intenable. À tout prendre, une guerre avec le Pakistan coûterait moins cher que l'entretien des personnes déplacées, estiment certains économistes indiens, d'autant que la communauté internationale ne paraît guère disposée à s'intéresser à ce problème.

Voyages diplomatiques

Une commission chargée de la coopération économique et technique est créée à la suite du voyage d'Indira Gandhi en URSS au mois de septembre. Ses déplacements suivants, toutefois, ne permettent guère d'enregistrer de résultats positifs. À Bruxelles, Vienne, Londres, Washington, Paris et Bonn, le Premier ministre tente de susciter un mouvement d'opinion en faveur d'un règlement politique au Pakistan oriental. Aux États-Unis, où les divergences de vue sont manifestes entre Indira Gandhi et le président Nixon, la rencontre se solde par un échec. Ailleurs, on s'en tient aux paroles de sympathie et aux encouragements moraux.

À cette cohorte de misère que traînent avec eux les réfugiés s'ajoutent les catastrophes provoquées par les inondations de la mousson dans le Nord-Est du pays (10 millions de sinistrés) et par le passage d'un cyclone tropical sur la côte de l'Orissa (de 10 000 à 15 000 morts, 8 millions d'habitations endommagées ou détruites).

La victoire sur le Pakistan et les liens qui unissent le Bengla Desh à l'Inde permettent de masquer les faiblesses du régime lors des élections législatives du 5 mars. La réforme agraire, qui reste souvent lettre morte, la révolution verte, qui accroît les disparités sociales, les castes, qui conservent leur importance, l'analphabétisme et la sous-alimentation passent au second plan. Indira Gandhi transforme les élections aux assemblées locales de 16 États et de 2 territoires de l'Union indienne en une véritable affaire nationale. Elle veut poursuivre l'élimination de la vieille garde du Congrès avec l'arrivée au pouvoir d'une classe politique plus proche de sa génération.

Majorité absolue

« C'est plus qu'un raz de marée, c'est un ouragan », déclare-t-on devant le succès que remporte le parti du Congrès qui enlève les deux tiers des sièges et obtient la majorité absolue dans 12 États, alors que les oppositions, de droite et de gauche, sont balayées. Avec ce retour à la stabilité politique, l'Inde sort renforcée et confiante de la « plus grande crise de son histoire ».

Mais la guerre a coûté 1,35 milliard de roupies. Le budget de la défense s'élève à 14,1 milliards de roupies, soit 20 % du budget total. Cela réduit considérablement la marge de manœuvre d'Indira Gandhi, qui veut pourtant lutter contre la misère.