L'assassinat de l'ambassadeur britannique à Dublin, Christopher Ewart-Biggs, le 21 juillet, soulève une émotion considérable. Il provoque une nouvelle flambée de violences, qui débouchera, étrangement, sur l'une des plus intéressantes initiatives de paix qu'ait connues la province.

Femmes

Le 11 août, en effet, une jeune militante catholique, Mairead Corrigan, décide de passer à l'action : trois de ses neveux viennent d'être fauchés sur un trottoir de Belfast par une voiture folle ; la voiture était conduite par un membre de l'IRA provisoire pourchassé par une patrouille britannique. Les trois enfants sont tués, leur mère est grièvement blessée.

Avec une amie, Betty Williams, Mairead Corrigan décide de lancer un grand mouvement de protestation des femmes des deux communautés contre la violence. En quelques jours, elle recueille des centaines d'adhésions. Le 24 août, 20 000 catholiques et protestants (en grande majorité, des femmes) défilent dans les rues de Belfast, sous les yeux incrédules des forces de l'ordre.

Pendant tout l'automne et une partie de l'hiver, le mouvement ne cessera de se développer, jetant des milliers de manifestants dans les rues des deux Irlandes et de l'Angleterre. Les dirigeantes du Mouvement reçoivent à Oslo, le 30 novembre, un prix populaire de la paix, sorte de contre-Nobel, d'un montant de 1 700 000 couronnes (1,5 million de F), fruit de la subvention ouverte par vingt-deux quotidiens norvégiens.

Sordide

Malgré son succès et les appuis qu'il reçoit de l'étranger, le Mouvement ne parvient pas à grand-chose pour améliorer la situation en Ulster. Le 10 septembre, Roy Mason (ancien ministre de la Défense) remplace Merlyn Rees (nommé ministre de l'Intérieur) comme secrétaire d'État à l'Irlande du Nord. On reparle d'une forme d'autonomie pour l'Ulster, plus ou moins dans le cadre de la dévolution de pouvoirs qui sera sans doute un jour accordée aux provinces : l'Écosse et, à un moindre degré, au pays de Galles.

Un nouveau meurtre, dans la nuit du 28 au 29 octobre 1976, vient rappeler les sordides réalités de l'Ulster : Maire Drumm, qui vient tout juste de démissionner de son poste de vice-présidente du Sinn Fein provisoire, la branche politique de l'IRA, est assassinée sur le lit d'hôpital où elle se remet d'une opération de la cataracte. Les responsables de la mort de l'une des plus connues des pasionarias catholiques ne seront pas plus identifiés que ceux de Ewart-Biggs.

Visiblement gênés par le succès du Mouvement de la paix, les provos lancent une campagne d'assassinats d'hommes d'affaires. But avoué : décourager les investissements britanniques et étrangers dans la province...

Brian Faulkner, l'ancien Premier ministre protestant, se tue, le 3 mars 1977, à cheval, pendant une chasse à courre ; l'un des rares professionnels de la politique de la province disparaît sans laisser de successeur.

Match nul

Fin avril, une certaine agitation se fait jour parmi les protestants durs. Le pasteur Paisley, qui a été absent plusieurs mois d'Ulster, entend reprendre les choses en main. C'est peut-être pour cela qu'il annonce à grand fracas le lancement d'une grève générale loyaliste, d'une durée indéterminée, pour « forcer » les autorités britanniques à prendre des mesures « sérieuses » contre l'IRA provisoire. Le mouvement, qui débute le 4 mai 1977, s'inspire très visiblement de la grève générale de mai 1974, qui dura trois semaines, mettant à mal gravement l'économie de la province et provoquant la chute du premier exécutif interconfessionnel mis sur pied en Irlande du Nord. Mais, cette fois-ci, le mouvement est mollement suivi. Londres a envoyé des renforts militaires et fait savoir que les troupes prendront, s'il le faut, le contrôle des services publics, y compris les centrales électriques qui avaient été le cœur stratégique de la grève de 1974.

Le 13 mai, le Comité d'action des unionistes unis annonce officiellement la fin de son mouvement de « désobéissance civile ».

Le secrétaire d'État à l'Irlande du Nord, Roy Mason, paraît avoir marqué un point important. Mais, aux élections qui ont lieu le 18 mai pour le renouvellement des 26 conseils de districts et des 526 sièges de conseillers, le parti du pasteur Paisley (parti démocratique unioniste) passe de 21 à 74 sièges, au détriment des unionistes modérés. Il est vrai que deux importants partis modérés, le SDLP (catholique, travailliste social-démocrate) et l'Alliance (interconfessionnel) enregistrent eux aussi des gains importants. Match nul, une fois de plus, en Irlande du Nord.

Bilan du terrorisme en 1976

296 morts, 842 attentats à la bombe, 1 830 incidents entre groupes armés.

Grèce

Athènes. 9 050 000. 69. 0,8 %.
Économie. PIB (74) : 2 149. Production : G(73) 125 + A(74) 145 + I(74) 144. Énerg. (*74) : 2 048. C.E. (74) : 11 %.
Transports. (*74) : 1 594 M pass./km, 902 M t/km. (*74) : 380 200 + 183 800.  : 22 527 000 tjb. (74) : 2 589 M pass./km.
Information. (73) : 103 quotidiens ; tirage global : 920 000. (72) : *1 000 000. (73) : *950 000. (74) : 1 862 000.
Santé. (73) : 16 984. Mté inf. (74) : 23,9.
Éducation. (72) Prim. : 913 972. Sec. et techn. (72) : 638 718. Sup. (73) : 84 603.
Institutions. République, instaurée après le référendum du 8 décembre 1974, qui confirme la déchéance du roi Constantin XIII et instaure la république. Constitution votée par l'Assemblée nationale le 7 juin 1975, entre en vigueur le 11 juin 1975. Président de la République : Constantin Tsatsos, élu le 19 juin 1975. Premier ministre : Constantin Caramanlis.

Prospérité

« Une exception dans une Europe frappée de léthargie économique » : un expert français définissait ainsi la situation en Grèce au printemps de 1977, deux ans après la chute des colonels et le retour de Constantin Caramanlis au pouvoir. Le bilan apparaît, certes, exceptionnel : un taux de croissance quatre fois supérieur à celui des autres pays européens de l'OCDE (11,8 % de 1975 à 1977), une inflation jugulée (elle passe de 15,7 à 10 %), une progression des emplois industriels de 7 %. Bref, une forme de prospérité d'autant moins vulnérable qu'elle se développe dans un climat politique stable.