Après plusieurs remaniements ministériels et des compromis laborieusement échafaudés avec des partenaires d'occasion, le gouvernement minoritaire homogène social-démocrate de Anker Joergensen (au pouvoir depuis le 13 février 1975) se trouve, à l'automne, dans l'impasse. En novembre 1976, une série de grèves sauvages de chauffeurs de camions-citernes paralysent petit à petit le ravitaillement du pays en carburant. L'inflation se poursuit. Les syndicats, pourtant soutiens traditionnels du parti social-démocrate, paraissent peu disposés à renouveler, au printemps, les conventions collectives annuelles. Le 4 décembre, après des débats tumultueux, le Folketing (Parlement) adopte à une majorité de quatre voix le projet gouvernemental de blocage des prix, des salaires et des loyers. Mais de nouveaux conflits surgissent, notamment au puissant groupe de presse du Berlingske Tidende, qui cessera de paraître le 31 janvier 1 977.

A. Joergensen se sent lâché par les formations centristes, qui prétendent soutenir sa politique économique. Il décide, le 22 janvier 1977, de convoquer les électeurs pour le 15 février. L'annonce du scrutin est accueillie sans enthousiasme par les Danois, qui se rendent aux urnes pour la troisième fois en trois ans et demi, la sixième en douze ans.

Démagogie

Les élections, comme on pouvait s'y attendre, ne simplifient nullement la carte politique. Les sociaux-démocrates opèrent une belle remontée, mais restent minoritaires avec 65 élus et 37,1 % des voix. Les deux grands perdants sont les libéraux et les radicaux. Le parti du progrès de Mogens Glistrup, qui préconise notamment la suppression des impôts directs et diverses autres mesures passablement démagogiques, maintient ses positions. A. Joergensen reste Premier ministre, mais il va devoir, comme par le passé, gouverner avec l'appui de partenaires plus ou moins réticents. L'annonce, le 1er avril 1977, de la décision des sept pays du serpent européen de dévaluer les couronnes danoise (3 %), norvégienne (3 %) et suédoise (5,7 %) est très mal accueillie à Copenhague. De son côté, le conseil consultatif du Groenland qui, dans deux ans, aura un statut d'autonomie interne, décide à l'unanimité de refuser l'utilisation de ses eaux aux pêcheurs de la Communauté européenne.

Le 1er novembre 1976, la majorité civile des jeunes Danois est abaissée de 20 à 18 ans.

Un scandale politico-diplomatique distrait quelque peu l'opinion des difficultés économiques : le 15 octobre, l'ambassadeur de Corée du Nord à Copenhague, Kim Hong Chul, et trois de ses collaborateurs sont expulsés. Les quatre diplomates sont soupçonnés de s'être livrés à des trafics de drogue et de diverses autres denrées. Une semaine plus tard, dans les quatre pays scandinaves, une trentaine de personnes, dont la moitié de diplomates nord-coréens, auront été arrêtées ou expulsées pour les mêmes motifs.

Espagne

Madrid. 35 470 000. 70. 1 %.
Économie. PIB (73) : 1 750. Production : G(73) 123 + A(74) 149 + I(74) 153. Énerg. (*74) : 2 063. C.E. (73) : 9 %.
Transports. (*74) : 16 079 M pass./km, 11 887 M t/km. (*74) : 4 309 500 + 987 900.  : 5 433 000 tjb. (74) : 7 260 M pass./km.
Information. (73) : 115 quotidiens ; tirage global : 3 396 000. (73) : *8 000 000. (73) : *5 719 000. (73) : 4 380 000 fauteuils. (74) : 7 043 000.
Santé. (73) : 51 743. Mté inf. (74) : 13,8.
Éducation. Prim. (74) : 3 692 600. Sec. et techn. (74) : 2 500 000. Sup. : 406 938.
Institutions. Des lois fondamentales tiennent lieu de Constitution. Monarchie dotée d'un conseil de régence, instituée par la loi de succession de 1947. Souverain : Juan Carlos Ier, proclamé roi le 22 novembre 1975, après la mort de Francisco Franco. Premier ministre : Adolfo Suarez Gonzalez. Président du Conseil du royaume : Torcuato Fernandez Miranda.

Juan Carlos gagne le pari de la démocratisation

Avant même de connaître les résultats définitifs des élections législatives du 15 juin, le roi Juan Carlos confirmait Adolfo Suarez à son poste de chef du gouvernement espagnol, lui demandant de former le nouveau cabinet. Il ne s'agissait pas d'une récompense, mais de la ratification du choix du peuple espagnol qui, votant librement pour la première fois depuis 40 ans, s'était prononcé pour l'Union du centre démocratique, conduite par le jeune président du Conseil.