Ni les bagarres qui éclatent le 1er mai, à Madrid, entre travailleurs et forces de l'ordre, ni l'enlèvement par l'ETA, le 20 mai, de Javier Ybarra, ancien maire de Bilbao (le corps de l'industriel basque sera retrouvé le 23 juin) ne parviendront à enrayer le processus.

Dès les premières réunions électorales, dès les premiers sondages, il apparaît que 2 des 149 formations qui présentent des candidats fascinent les citoyens :
– l'Union du centre démocratique, présidée par Adolfo Suarez et constituée au dernier moment par une coalition des partis centristes ; son ambition : apparaître comme un parti de gouvernement ; sa promesse : mettre sur pied rapidement une constitution « brève mais claire ».
– le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) : vieux parti rénové, il a la chance d'être conduit par un jeune avocat de 35 ans, Felipe Gonzalez, qui, tout en se disant révolutionnaire et marxiste, accepte la monarchie (« Si le peuple le veut ») et entretient des contacts avec le souverain.

À côté de ces partis, les autres apparaissent bien usés, malgré des étiquettes nouvelles ou des slogans rajeunis. Ainsi le PC de Carrillo, qui multiplie les propos antisoviétiques ne jure que par l'eurocommunisme et adopte le drapeau de la monarchie. Ainsi l'Alliance populaire de Fraga Iribarne et d'un quarteron d'ex-ministres du caudillo, qui fonde sa campagne contre le laisser-aller du gouvernement en place et s'oppose aux partis totalitaires comme aux séparatismes. Ainsi l'Alliance nationale des nostalgiques du franquisme. Ainsi la Démocratie chrétienne du très vieux Gil Robles. Quant aux extrêmes gauches, elles sont trop nombreuses, et leur radicalisme effraie les Espagnols, qui continuent à redouter le retour des vieux démons de la guerre civile.

Succès

À l'issue d'une campagne d'une dignité parfaite, troublée par quelques incidents (notamment en Pays basque), les Espagnols se sont prononcés en masse pour les deux formations menées par des hommes jeunes, sinon nouveaux : l'Union du centre démocratique et le PSOE, d'Adolfo Suarez et de Felipe Gonzalez, ceux qui n'ont pas connu la guerre civile, ceux que l'on appelle la « génération du roi ». La plupart des observateurs sont d'accord : il s'agit d'une victoire personnelle du souverain, qui, arrivé dans le fourgon de la dictature, a su, en 18 mois, conduire son pays au niveau de démocratie de la plupart des nations occidentales. Une page longue et douloureuse a été tournée.

On peut argumenter à perte de vue sur le fait que le parti du Premier ministre ne l'emporte que de très peu sur les socialistes. Les deux formations étant constituées par des éventails de tendances très larges, on peut penser que l'usage et la conscience politique décanteront peu à peu les choses.

L'avance spectaculaire, au Pays basque et en Catalogne, des partis autonomistes (modérés) place le gouvernement devant une situation délicate. Le problème le plus grave reste, cependant, celui de l'économie, sur lequel le gouvernement a choisi de faire l'impasse pour se consacrer uniquement à la restauration politique : un chômage de 850 000 personnes (8,6 % de la population active), une inflation prévue pour 1977 de 45 %, 11 milliards de dollars de déficit pour la balance commerciale. Toutefois, la production commerciale a encore augmenté par rapport à 1976 (13 % au cours du premier trimestre 77), et la demande de biens de consommation continue de croître.

Le prochain gouvernement de Adolfo Suarez a du pain sur la planche. Mais l'homme qui a su donner un visage démocratique à son pays ne manque pas de ressources ni d'habileté. Et, comme le dit un vieux proverbe castillan, Mañana es otro dia, demain est un autre jour.

Juan Carlos légitimé par son père

Don Juan de Bourbon cède à son fils Juan Carlos tous ses droits dynastiques, au cours d'une cérémonie au palais de la Zarzuela, à Madrid, le 14 mai 1977. Le comte de Barcelone, en renonçant en faveur de son fils, à son titre de chef de la maison royale espagnole, le situe dans la légitimité de son grand-père. Alphonse XIII, dernier roi d'Espagne, détrôné en 1931. Ce geste désamorce d'éventuelles campagnes politiques sur la légitimité de Juan Carlos, qui n'était installé sur le trône d'Espagne que par la seule volonté de Franco.

Finlande

Helsinki. 4 710 000. 14. 0,4 %.
Économie. PIB (73) : 4 706. Production (74) : G 122 + A 112 + I 129. Énerg. (*74) : 4 505. C.E. (73) : 22 %.
Transports. (*74) : 3 047 M pass./km, 7 484 M t/km. (*74) : 936 700 + 133 500.  : 2 002 000 tjb. (74) : 742 M pass./km.
Information. (73) : 61 quotidiens. (73) : 1 944 000. (73) : 1 224 000. (73) : 94 000 fauteuils ; fréquentation : 11 M. (74) : 1 679 000.
Santé. (73) : 5 826. Mté inf. (74) : 10,2.
Éducation. (73). Prim. : 393 242. Sec. et techn. : 516 979. Sup. : 67 881.
Institutions. République indépendante proclamée le 6 décembre 1917. Constitution de 1919. Une réforme constitutionnelle est en préparation. Président de la République : Dr Urho Kekkonen ; une loi spéciale, du 18 janvier 1973, proroge de quatre ans le 3e mandat présidentiel. Premier ministre : Kalevi Sorsa.

Retour du PC

La Finlande traverse assez mal la récession économique, avec une inflation de 15 % et une dette de 22 milliards de mark, soit 22 % de son PNB. Le 1er juillet 1976, quatorze banques américaines et canadiennes lui ouvrent un crédit de 33 millions de dollars.