Aussi, même si les zones d'ombre ne manquent pas (difficultés pour la production agricole, lourdeur des charges militaires, endettement extérieur), les préoccupations du gouvernement sont-elles davantage d'ordre international qu'intérieur.

Turquie

Dossier toujours explosif : les relations avec la Turquie avec le double volet chypriote et égéen. Pour Chypre, le refus d'Ankara de revenir sur les conquêtes de 1975 laisse une plaie ouverte dans l'orgueil national grec. Plus brûlant encore est le différend de la mer Égée, où les Turcs revendiquent des droits d'exploitation des fonds sous-marins. Au mois d'août 1976, l'expédition d'un bateau de prospection pétrolière turc dans des zones proches des eaux territoriales grecques met une fois encore les deux pays alliés de l'OTAN au bord du conflit armé. Sous les pressions américaines et européennes, la négociation l'emporte néanmoins sur l'épreuve de force. Des conversations s'ouvrent à New York, puis à Paris, mais elles sont rapidement suspendues. On espère secrètement à Athènes que le changement de gouvernement à Ankara à la suite des élections de juin 1977 permettra une relance du dialogue.

CEE

Seconde préoccupation majeure : l'entrée de la Grèce dans la Communauté économique européenne. Avec le double objectif d'assurer un ancrage politique à l'Ouest qui contrebalancera l'influence américaine et de trouver des débouchés aux exportations agricoles.

Hongrie

Budapest. 10 540 000. 112. 0,6 %.
Économie. Production (74) : G 129 + I 130. Énerg. (*74) : 3 557.
Transports. (*74) : 13 882 M pass./km, 22 473 M t/km. (*74) : 490 800 + 187 100. (74) : 558 M pass./km.
Information. (73) : 27 quotidiens ; tirage global : 2 355 000. (73) : 2 533 000. (73) : 2 199 000. (73) : 571 300 fauteuils ; fréquentation : 73,5 M. (74) : 1 014 000.
Santé. (73) : 22 144. Mté inf. (74) : 34,3.
Éducation. (73). Prim. : 1 032 786. Sec. et techn. : 400 758. Sup. : 98 122.
Institutions. République populaire, proclamée le 18 août 1949. Constitution de 1949. Chef de l'État, président du Conseil présidentiel : Pal Losonczi. Président du Conseil : György Lazar. Premier secrétaire du Parti : Janos Kadar.

Image de marque

Ignorant le 23 octobre (20e anniversaire du début du soulèvement de 1956), les autorités hongroises commémorent, par contre, le 4 novembre et, comme chaque année, le dénouement politique des événements : c'est-à-dire l'établissement du gouvernement révolutionnaire ouvrier-paysan de Janos Kadar. L'écrasement du mouvement par les chars soviétiques est passé sous silence. Cette commémoration reste discrète, et Janos Kadar n'y participe pas.

Budapest préfère désormais parler du présent plutôt que du passé et conforter à l'extérieur cette image de marque de la démocratie populaire la plus libérale qu'elle a en Occident. Son libéralisme n'empêche pourtant pas une certaine contestation. Fin janvier 1977, 34 intellectuels expriment dans une déclaration leur solidarité avec les signataires tchécoslovaques de la Charte 77. Réaction officielle : György Aczel, vice-président du Conseil et responsable de la politique culturelle, s'en fait le porte-parole : « Je tiens pour humaine et normale la diversité des opinions et n'imagine pas que tous les Hongrois approuvent ce que fait le gouvernement, mais je ne prends pas les dissidents pour des gens sérieux. »

Flambée des prix

Sur le plan économique, marqué par un effort toujours plus grand en faveur des exportations (40 % du revenu national provient du commerce extérieur), par un ralentissement voulu du pouvoir d'achat et par une meilleure redistribution des revenus, on assiste par deux fois à une flambée des prix alimentaires. En juillet 1976, les coûts de la viande, de la charcuterie et du poisson sont relevés en moyenne de 30 %. Six mois plus tard, augmentation du jambon (35 %), du café (30 %), des produits congelés (26 %) et des conserves (20 %).

Irlande

Dublin. 3 130 000. 44. 1 %.
Économie. PIB (74) : 2 176. Production : G(73) 114 + A(74) 134 + I(74) 125. Énerg. (*74) : 3 537. C.E. (74) : 39 %.
Transports. (*74) : 880 M pass./km, 574 M t/km. (*74) : 492 400 + 58 100.  : 210 000 tjb. (74) : 1 619 M pass./km.
Information. (73) : 7 quotidiens ; tirage global : 709 000. (73) : 805 000. (73) : 532 000. (74) : 394 000.
Santé. (71) : 3 565. Mté inf. (74) : 17,1.
Éducation. (73). Prim. : 535 845. Sec. et techn. : 252 677. Sup. : 31 737.
Institutions. État indépendant depuis 1921. Constitution de 1937 amendée le 7 décembre 1972. République proclamée le 18 avril 1949. Président de la République : Patrick Hillery ; succède le 9 novembre 1976, à Cearbhall O Dalaigh, démissionnaire. Premier ministre : Jack Lynch.

Le Fianna Fail revient au pouvoir

Le grand événement de l'année est le retour au pouvoir du Fianna Fail, le parti républicain fondé par Eamon de Valera en 1926, qui a gouverné l'Irlande jusqu'en 1973 avec deux courtes interruptions de trois ans chacune.

Élections

Comptant sur ce qu'il croyait être la popularité de son gouvernement de coalition avec les travaillistes, le Premier ministre Liam Cosgrave, leader du parti centriste Fine Gael, convoque des élections anticipées, pour le 16 juin 1977. Mais le Fianna Fail, qui avait joué pendant quatre ans un rôle plutôt effacé dans l'opposition, mène une campagne à l'américaine. Son leader, Jack Lynch, parcourt le pays en rassemblant des foules considérables. Dès la première semaine de la campagne, il lance un Manifeste qui promet de rétablir en deux ans la situation économique. Il annonce, notamment, la création de 20 000 emplois dans les douze prochains mois. Malgré ses côtés démagogiques, le Manifeste fait mouche. Particulièrement, semble-t-il, auprès des 440 000 jeunes électeurs de plus de 18 ans qui votent pour la première fois. On craignait qu'ils ne s'abstiennent massivement, mais la participation au scrutin (75 %) est à peu près la même que celle de 1973.