L'Appel chrétien-démocrate, formé en décembre par l'alliance des trois partis confessionnels, catholiques populaires, calvinistes anti-révolutionnaires et chrétiens historiques (protestants), gagne 1 siège. Mais l'union des trois formations, dont les deux premières faisaient parti de la coalition gouvernementale sortante tandis que la troisième était dans l'opposition, paraît assez précaire.

Les libéraux — la plus à droite des grandes formations — enregistrent aussi un succès important : ils passent de 22 à 28 sièges.

Les grands perdants sont les petites formations, et surtout le parti communiste qui n'a plus que 2 élus au lieu de 7.

La formation du nouveau gouvernement est retardée par les prises d'otages de Bovensmilde et d'Assen. Les consultations ne commencent vraiment qu'après la reddition des commandos sud-moluquois, le 11 juin. Elles sont difficiles (en 1972, il avait fallu six mois pour arriver à un compromis), d'autant que les socialistes entendent imposer quatre préalables à leurs partenaires : réforme foncière, contrôle des investissements, extension des pouvoirs des conseils ouvriers, répartition des super-bénéfices des entreprises à un fonds ouvrier. La légalisation de l'avortement reste aussi un sujet de litige (le leader de l'Appel chrétien-démocrate, Andréas Van Agt, y est personnellement opposé), et les moyens de lutter contre une inflation et un chômage plus modestes que dans le reste de l'Europe occidentale, mais tout de même inquiétants, ne font pas l'unanimité.

Affaire Menten

Une grave affaire politico-judiciaire éclate à l'automne. Un journaliste néerlandais, Hans Knoop, directeur du magazine de gauche Accent, accuse en novembre un riche collectionneur, Pieter Menten, d'avoir participé en 1941 à l'exécution de centaines de juifs polonais dans la région de Lemberg (aujourd'hui Lvov, en Ukraine soviétique). Arrêté une première fois en 1949 pour collaboration avec les Allemands en Hollande occupée, Pieter Menten n'est, alors, condamné qu'à huit mois de prison. Un journaliste israélien d'origine polonaise, Haviv Kenaan, retrouve sa trace lorsque, au printemps 1976, une partie de sa collection est mise en vente aux Pays-Bas. Haviv Kenaan prévient Hans Knoop qui est un ami. Les autorités néerlandaises s'apprêtent à interpeller Menten ; mais il disparaît le 15 novembre. Hans Knoop retrouve la trace de Menten en Suisse. Berne, le 22 décembre 1976, remet Menten aux autorités néerlandaises. Le procès s'ouvre le 9 mai 1977 à Amsterdam. Il durera encore plusieurs mois. Trente-cinq ans après, les témoignages sont fragiles. Menten a aujourd'hui 78 ans.

Sur la scène internationale, les Pays-Bas continuent à s'affirmer : une querelle assez aigre les oppose en mars à la France, à propos de la représentation de la Communauté européenne au sommet économique occidental qui se tient à Londres les 7 et 8 mai.

Paris refuse cette représentation. La Haye fait savoir qu'il lui sera difficile de continuer à faire des prêts aux « grands pays européens pauvres » dans le cadre du Fonds monétaire international sans être présente aux réunions où les grandes lignes de la politique économique de la Communauté sont évoquées. Finalement, Roy Jenkins, le président de la commission européenne, aura un strapontin à Londres.

Dissidents

La Haye montre toujours la même fermeté à défendre les droits de l'homme. Plusieurs dissidents soviétiques trouvent refuge aux Pays-Bas : Andréi Amalrik, les fils du Dr Stern, le docteur lui-même à sa sortie d'URSS, etc. Le ministre des Affaires étrangères, Max van der Stoel, se rend en mars en Tchécoslovaquie. Il rencontre à Prague le professeur Patocka, l'un des premiers signataires de la Charte 77. Furieux, Gustav Husak, premier secrétaire du parti communiste tchécoslovaque, refuse de rencontré le ministre néerlandais.

Pologne

Varsovie. 34 020 000. 108. 1 %.
Économie. Production (74) : G 150 + I 145. Énerg. (74) : 4 687.
Transports. (*74) : 41 670 M pass./km, 125 156 M t/km. (*74) : 920 300 + 386 000.  : 2 817 000 tjb. (74) : 891 M pass./km.
Information. (73) : 44 quotidiens ; tirage global : 7 815 000. (73) : 7 811 000. (73) : 5 687 000. (73) : 565 500 fauteuils ; fréquentation : 140,7 M. (74) : 2 399 000.
Santé. (73) : 54 930. Mté inf. (74) : 23,5.
Éducation. (73) : 4 634 316. Sup. : 481 295.
Institutions. État indépendant le 10 novembre 1918. République démocratique populaire en 1947. Nouvelle Constitution adoptée le 10 février 1976. Chef de l'État : Henrik Jablonski ; succède à Jozef Cyrankiewicz, démissionnaire, le 28 mars 1972. Président du Conseil : Piotr Jaroszewicz. Premier secrétaire du Parti : Edward Gierek.

Gierek surmonte la contestation ouvrière

Les manifestations ouvrières de juin 1976 à Radom et Ursus colorent ces douze derniers mois. Elles ont démontré, malgré une économie sinon prospère du moins plus saine, que la population n'entendait pas être frustrée du mieux-être matériel promis depuis des années. Du même coup, elles ont entraîné une crise politique et sociale qu'Edward Gierek a réussi à maîtriser de justesse à son avantage.

Aide soviétique

En décidant, devant l'ampleur du mécontentement, d'annuler les hausses des prix décidées, le no 1 polonais a en effet approfondi la division entre durs et modérés existant, depuis longtemps, au sein de la direction du Parti. Face à cet ancien mineur de Silésie prônant la compréhension, l'apaisement, certains membres de la hiérarchie parlent de « recul du pouvoir » et affirment que la seule façon de rétablir l'autorité de l'État est d'employer la manière forte.