La démocratie chrétienne, elle, montre l'exemple dès le lendemain des élections. Le 19 novembre, les amis de F.-J. Strauss décident de créer un groupe parlementaire autonome, alors que, depuis 1949, la CDU et la CSU formaient un groupe unique. Cette mesure est considérée comme le premier pas vers la création d'un nouveau parti conservateur qui ferait concurrence à la CDU dans toute la RFA. Le chef de l'opposition, H. Kohl, voit son autorité entamée, mais la décision de F. J. Strauss est mal accueillie au sein de la CDU, même par les dirigeants qui soutiennent les thèses du leader bavarois. Après quatre séances de négociations, un accord est conclu, le 12 décembre, pour la formation d'un groupe unique.

F.-J. Strauss a opéré un recul tactique, mais les divergences fondamentales demeurent : il cherche la confrontation totale avec la coalition libérale-socialiste, tandis que H. Kohl veut gagner les libéraux à un renversement des alliances, dont il voit les prémices dans la formation de gouvernements CDU-FDP en Basse-Saxe et en Sarre. La menace de la scission continue à peser sur la démocratie chrétienne.

Le parti social-démocrate n'est pas dans une situation plus enviable. Plusieurs scandales financiers minent son autorité morale, entraînant la démission du Premier ministre de Hesse, le 6 octobre 1976, et celle du bourgmestre de Berlin-Ouest, le 29 avril 1977. Les Jeunes Socialistes élisent, le 20 mars, un président, K.-U. Benneter, partisan de l'unité d'action avec les communistes. Pour le SPD, c'est un sujet tabou. La direction du parti, conduite par le nouveau secrétaire général, Egon Bahr, entame une procédure d'exclusion contre K.-U. Benneter. Elle préfère perdre quelques centaines d'adhérents qui pourraient se solidariser avec l'exclu, plutôt que de conserver le ver dans le fruit.

Ces dissensions internes s'accompagnent d'une défaite cuisante aux élections municipales de Hesse, où le SPD perd 7,4 % des voix et la mairie de Francfort qu'il détenait depuis la guerre, au profit de la CDU. W. Brandt, président du SPD, tente une reprise en main, mais certains sociaux-démocrates rêvent des bienfaits d'une cure d'opposition, pendant que d'autres songent à la création d'un nouveau parti socialiste.

Terrorisme

Le terrorisme reste une préoccupation majeure du gouvernement fédéral. Le 7 avril, un commando baptisé groupe d'action Ulrike Meinhof tire sur la voiture du procureur fédéral S. Buback, en pleine rue de Karlsruhe. Le procureur, son chauffeur et son garde du corps sont tués. Une vaste chasse à l'homme s'organise contre trois suspects, dont l'un est arrêté quelques semaines plus tard dans le sud de l'Allemagne, en compagnie de Verena Becker ; celle-ci, en 1975, avait été libérée de prison en échange de P. Lorenz, président de la CDU berlinoise, enlevé par le Mouvement du 2-juin, qui a pris la suite du groupe Baader. Les trois accusés du procès de Stuttgart, Andreas Baader, Gudrun Ensslin, Jan-Carl Raspe, sont condamnés le 28 avril à la réclusion à perpétuité. Accusés de former le noyau dur de la bande à Baader, ils se voient reprocher 5 meurtres, 50 tentatives de meurtres et plusieurs attaques à main armée. À l'origine, il y avait cinq inculpés dans cette affaire. Holger Meins est mort en prison avant l'ouverture du procès et Ulrike Meinhof a été trouvée pendue dans sa cellule en mai 1976. Le procès le plus coûteux et le plus long de l'histoire judiciaire de la RFA (mis à part les procès nazis) n'est pas fini pour autant. Les accusés s'étant pourvus en cassation, la procédure peut durer encore plusieurs années. Le procès de Stuttgart a été entaché d'irrégularités, sans parler des exclusions d'avocats et de l'absence des accusés aux audiences qui, elles, ont des bases légales. Le juge A. Mayer, vice-président de la 3e chambre de la Cour fédérale de justice, chargée des affaires politiques, a dû être muté, le 10 janvier, pour s'être procuré des pièces confidentielles du procès de Stuttgart et les avoir proposées au rédacteur en chef d'un grand journal conservateur. A. Mayer avait reçu les documents du juge Prinzing, président du tribunal de Stuttgart, qui, le 20 janvier, a été contraint d'abandonner sa charge à la suite d'une requête en suspicion légitime. Les ministres de l'Intérieur et de la Justice du Bade-Wurtemberg (tous deux chrétiens-démocrates) ont reconnu, d'autre part, que des micros clandestins avaient été placés dans le parloir de la prison de Stuttgart et que les conversations entre les accusés du groupe Baader et leurs avocats avaient été écoutées à deux reprises, en avril 1975 et en novembre 1976. De telles écoutes sont interdites par la loi. L'assassinat du procureur Buback, la longueur et le coût du procès Baader amènent le gouvernement et les députés à envisager un nouveau durcissement du Code pénal et du Code de procédure pénale, qui ont été réformés déjà plusieurs fois au cours des dernières années. Le gouvernement fédéral décide, le 18 mai 1977, de consacrer 60 millions de DM supplémentaires à la lutte contre le terrorisme.

Affaire des généraux

Le 1er novembre 1976, le ministre de la Défense, G. Leber, met à la retraite anticipée les deux officiers les plus gradés de l'armée de l'Air ouest-allemande, le général Walter Krupinski, commandant en chef des forces aériennes de combat, et le général Karl-Heinz Franke, son adjoint. Ce limogeage est la conséquence d'une double affaire. Le général Krupinski a tout d'abord autorisé, quelques semaines auparavant, la participation de l'ancien colonel Hans-Ulrich Rudel à une rencontre d'anciens de l'escadre Immelmann, qui s'est tenue près de Fribourg, dans une caserne de la Bundeswehr. H.-U. Rudel, ancien as de l'armée de l'Air du 3e Reich, est l'officier allemand le plus décoré de la Seconde Guerre mondiale. À son tableau de chasse, il a 500 chars et un cuirassé soviétiques. Mais il est connu pour ses sympathies d'extrême droite. D'abord réfugié en Argentine où il fonde un Cercle des amis d'Adolf Hitler, il participe en RFA à des mouvements d'anciens nazis. Comme le dira le ministre de la Défense : « H.-U. Rudel n'est pas forcément un bon exemple pour les jeunes recrues de la Bundeswehr. ». Le général Krupinski a été couvert par le secrétaire d'État à la Défense, Hermann Schmidt, qui ne retrouvera pas son poste dans le nouveau gouvernement. Mais les généraux Krupinski et Franke ne se contentent pas d'inviter Rudel. Ils prennent encore sa défense, en traçant devant quelques journalistes un parallèle entre sa carrière et celle d'H. Wehner, président du groupe parlementaire social-démocrate. « La présence de l'ancien colonel ne peut être condamnée aussi longtemps que des extrémistes de gauche et des communistes qui, comme Wehner, vécurent jadis en URSS, siègent au Parlement », disent-ils. Ces déclarations provoquent une tempête de protestations parmi les sociaux-démocrates et les libéraux. G. Leber prend rapidement la décision de sanctionner les deux officiers pour éviter que ne renaisse en RFA et à l'étranger le débat empoisonné sur l'engagement politique de la Bundeswehr et sa place dans la nation.

Andorre

Andorre. 20 000. 44.
Information. (73) : *6 100. (69) : *1 700. (69) : 2 900 fauteuils ; fréquentation : 0,3 M.
Institutions. Coprincipauté indépendante. Statut réglé par les paréages de 1278. Coprinces : Valéry Giscard d'Estaing, président de la République française, et Mgr Marti Alanis, évêque de Seo de Urgel. Syndic du Conseil général des Vallées : Julia Reig (tendance nationaliste), réélu le 29 décembre 1975.

Autriche

Vienne. 7 520 000. 89. nul.
Économie. PIB (74) : 4 382. Production (74) : G 124 + A 121 + I 126. Énerg. (*74) : 3 832. C.E. (74) : 22 %.
Transports. (*74) : 6 790 M pass./km, 11 237 M t/km. (*74) : 1 635 900 + 435 500. (74) : 592 M pass./km.
Information. (73) : 32 quotidiens ; tirage global : 2 296 000. (73) : 2 157 000. (73) : 1 779 000. (72) : 228 000 fauteuils ; fréquentation : 26,7 M. (74) : 1 987 000.
Santé. (73) : 14 747. Mté inf. (74) : 23,5.
Éducation. (73). Prim. : 520 761. Sec. et techn. : 858 751. Sup. : 78 787.
Institutions. République fédérale indépendante le 27 juillet 1955. Constitution de 1920 remise en vigueur le 14 mai 1945. Président de la République : Rudolf Kirchschlaeger, élu le 23 juin 1974 ; succède à Franz Jonas, décédé. Chancelier : Bruno Kreisky.

Belgique

Bruxelles. 9 800 000. 320. 0,1 %.
Économie. PIB (74) : 5 451. Production (74) : G 121 + A 128 + I 121. Énerg. (*74) : 6 637. C.E. (74) : 51 % avec le Luxembourg.
Transports. (*74) : 8 280 M pass./km, 9 102 M t/km. (*74) : 2 502 200 + 287 000.  : 1 358 000 tjb. (74) : 3 975 M pass./km.
Information. (73) : 46 quotidiens ; tirage global : 2 614 000. (73) : 3 662 000. (73) : 2 376 000. (72) : 359 000 fauteuils ; fréquentation : 32,8 M. (74) : 2 667 000.
Santé. (73) : 16 476. Mté inf. (74) : 16,2.
Éducation. (73). Prim. : 575 829. Sec. et techn. : 464 531. Sup. : 148 628.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1830. Monarchie constitutionnelle. État communautaire et régional instauré le 18 décembre 1970 par l'amendement de la Constitution de 1831. Souverain : Baudouin Ier ; succède à Léopold III, après son abdication en 1951. Premier ministre : Léo Tindemans.

Tindemans succède à Tindemans

Compromis historique au palais d'Egmont, d'une importance politique considérable : entre les deux grands partis traditionnels (sociaux-chrétiens et socialistes) et les partis communautaires (FDF-Rassemblement wallon et les Flamands de la Volksunie) un pacte communautaire est signé le 24 mai, qui amorce peut-être la fin de la querelle linguistique qui secoue la Belgique depuis des décennies ; ce pacte permet à Léo Tindemans de former le 1er juin 1977 son gouvernement, non sans difficulté.

Concessions

Premier pas vers le fédéralisme, cet accord va entraîner un profond bouleversement des structures du pays, puisqu'il consacre une autonomie très grande des trois régions (Wallonie, Flandres et Bruxelles) et des deux communautés (francophone et néerlandorphone) ; il prévoit quatre exécutifs (le gouvernement central et un pour chaque région), responsables devant sept assemblées : la Chambre et le Sénat nationaux, les parlements wallon, bruxellois et flamand, les deux Assemblées francophone et flamande. Mais, en attendant ces réformes, qui nécessitent une révision de la Constitution, des concessions ont été acceptées de part et d'autre. Pour satisfaire les Flamands, Bruxelles reste dans la limite des 19 communes fixées en 1963, mais les francophones acquièrent des droits nouveaux dans les communes à majorité flamande.