Les syndicats commencent à se montrer impatients. Pendant trois ans, ils ont accepté de limiter leurs revendications, avec l'espoir que les entrepreneurs en profiteraient pour investir et qu'ainsi le nombre des sans-emploi diminuerait. Leur déception est à la mesure de leur attente. Le très modéré président de la centrale syndicale DGB, H. O. Vetter, déclare : « Si ce système économique est incapable de garantir le plein-emploi, il faudra se demander s'il ne convient pas d'en changer. »

Micros

La cohésion de la coalition gouvernementale est encore mise à rude épreuve par l'affaire Traube. Le 28 février, le magazine Der Spiegel révèle que les services secrets ont pénétré, au début de 1976, dans la maison du savant atomiste R. Traube, soupçonné d'entretenir des contacts avec les milieux terroristes, pour y déposer des micros clandestins. Ils sont entrés chez lui par effraction et en ont profité pour faire une perquisition et photographier des documents, sans aucun mandat judiciaire. R. Traube, 49 ans, est un des premiers spécialistes ouest-allemands de l'énergie atomique ; jusqu'en février 1976, il était l'un des trois directeurs de la société Interatom ; il a été licencié sur l'intervention des autorités. Il était en contact avec une avocate qui défend des membres du groupe Baader et chez qui travaillait H.-J. Klein, impliqué dans l'attentat de Vienne contre les ministres de l'OPEP, en décembre 1975 (Journal de l'année 1975-76). La surveillance de R. Traube n'a pas confirmé les soupçons qui pesaient sur lui, et le ministre de l'Intérieur, W. Maihofer (libéral), a dû le réhabiliter officiellement le 16 mars 1977.

C'est W. Maihofer lui-même qui a autorisé (ou couvert) la pose des micros clandestins. Il ne convainc pas les milieux libéraux en invoquant le caractère particulièrement critique de la situation pour justifier cette violation des droits fondamentaux. Il assure que le cas Traube est « unique et sans précédent », mais il est démenti, quelques jours plus tard, par la découverte des écoutes clandestines à la prison de Stuttgart. Tous les partis politiques étant impliqués, à des titres divers, dans des affaires d'écoutes clandestines, W. Maihofer échappe à une démission et le gouvernement à une crise.

Nucléaire

Les manifestations antinucléaires mettent en cause la politique énergétique gouvernementale et divisent le SPD et le FDP. Tout commence le 6 novembre à Brokdorf, dans le Schleswig-Holstein, où le gouvernement régional a décidé de construire une centrale nucléaire de 1 300 mégawatts. Les paysans protestent, des groupes gauchistes venus des villes voisines (Hambourg, Brème) s'en mêlent. Une manifestation pacifique dégénère en bataille rangée avec la police. Le terrain de la centrale est transformé en camp retranché. Les adversaires de l'énergie nucléaire remportent plusieurs succès juridiques. Dans le Schleswig-Holstein, un tribunal administratif interdit la poursuite des travaux de Brokdorf, aussi longtemps que le problème du retraitement et du stockage des combustibles irradiés n'aura pas été résolu. Dans le Bade-Wurtemberg, un autre tribunal interdit la construction de la centrale de Wyhl, parce que toutes les précautions de sécurité n'ont pas été prises.

Ces décisions provoquent des retards dans la mise en œuvre du programme énergétique gouvernemental. Au lieu des 45 000 MW de courant d'origine nucléaire prévus pour 1985, la capacité installée ne dépassera pas 18 000 à 20 000 MW. Certains ministres sont partisans du dialogue avec les défenseurs de l'environnement, d'autres donnent la priorité au développement de l'énergie nucléaire qui doit donner à la RFA l'indépendance énergétique.

Cependant, le 30e sommet franco-allemand qui se tient à Bonn (17 juin 1977) enregistre une importante décision dans ce domaine : la RFA aligne sa position sur celle de la France ; les deux pays n'autoriseront plus l'exportation d'installations de retraitement de combustibles nucléaires. Il est à noter que ce 30e sommet, considéré comme un pas important dans le renforcement de la coopération entre Paris et Bonn, s'est également soldé par un accord pour la réalisation d'un avion moyen-courrier européen par les industries aéronautiques des deux pays.

Partis en crise

Toute la vie politique se déroule sur un fond de crise dans les partis.