Ces contrats, déclarait Henry Kissinger, « témoignent des liens politiques profonds existant entre les deux pays ». Washington considère l'Iran comme un facteur de stabilité au Proche- et au Moyen-Orient, où le chah multiplie les initiatives qui conviennent à la politique américaine dans la région.

Le souverain iranien s'applique, en effet, à tisser des liens avec les régimes conservateurs, alliés des États-Unis, avec ceux notamment des émirats arabes du golfe, de l'Arabie Saoudite, de Jordanie. En visite officielle à Aman du 6 au 8 janvier 1975, il s'engage à accroître son aide économique au royaume Hachémite et lui cède, après autorisation de Washington, 20 chasseurs-intercepteurs FA Northorp. Certains de ces appareils seront envoyés par le roi Hussein à Oman pour combattre les rebelles du Dhofar.

Au cours de son séjour au Caire, du 8 au 12 janvier, le chah assure le président Sadate qu'il participera au développement de l'Égypte à concurrence de 2 milliards de dollars, à en croire la presse de Téhéran.

L'Iran tente de dissuader le monde arabe d'engager une épreuve de force avec les États-Unis au sujet du conflit palestinien. Le chah fait savoir que son pays ne se joindrait pas aux États producteurs de pétrole qui décréteraient, le cas échéant, un embargo, et il proclame sa conviction que dans une telle éventualité le gouvernement américain n'irait pas jusqu'à intervenir militairement.

Pétrole

Cependant, la solidarité que manifeste le chah à l'égard des États-Unis ne le conduit pas à aligner sa politique pétrolière avec celle de Washington. Arguant que l'inflation dans le monde industrialisé porte atteinte au pouvoir d'achat des pays en voie de développement, il ne cesse de revendiquer une hausse correspondante des prix du pétrole et des matières premières.

Pour échapper aux effets de la dévaluation du dollar, l'Iran détache le rial de la monnaie américaine, le 12 février, pour baser sa parité sur les DST (droits des tirages spéciaux). Il accélère le recyclage des pétro-dollars en acquérant des participations dans diverses entreprises européennes et américaines, notamment 25,04 % du capital des aciéries Krupp (juillet 1974), 13 % de la compagnie Pan American Company (février), et 25,02 % de la société britannique de construction mécanique Babcock and Wilcox. Les investissements à l'étranger sont appelés à s'intensifier, compte tenu des revenus pétroliers très élevés : plus de 100 milliards de dollars pour la durée du plan quinquennal (1973-77).

Opposition

Malgré ses succès sur la scène internationale et dans le domaine économique, le chah ne parvient pas à assainir la situation politique à l'intérieur, où une opposition feutrée se manifeste, il est vrai timidement. Une loi sur la presse, édictée en août 1974, conduit à la disparition de la plupart des journaux. Le chah annonce, le 2 mars 1975, l'instauration du système du parti unique, destiné à supplanter deux formations pourtant réellement loyales au trône, l'Iran Novine et le Merdom.

Des dirigeants de l'opposition, dont le leader religieux l'Ayetollah Khomeidi, qui vit en exil, s'élèvent à la fois contre ce qu'ils appellent la dictature du chah et l'asservissement de l'Iran aux intérêts américains. À la mi-avril, neuf prisonniers politiques sont tués ; les services de sécurité affirment qu'ils ont été abattus au cours d'une tentative d'évasion. Lors d'un engagement armé à Téhéran, le 8 mai 1975, trois militants recherchés par la police subissent le même sort. Le 21 mai, deux officiers supérieurs américains, conseillers dans l'armée iranienne, sont abattus par des guérilleros de l'opposition.

Iraq

Bagdad. 10 410 000. 24. 3,3 %.
Économie. PNB (69) 343. Production : G (68) 146 + A (72) 204. Énerg. (*72) : 642. C.E. (69) : 33 %.
Transports. (*72) : 538 M pass./km, 1 465 M t/km. (*72) : 75 500 + 45 500.  : 228 000 tjb. (72) : 218 M pass./km.
Information. (70) : 4 quotidiens. (71) : *1 072 000. (72) : *520 000. (65) : 62 600 fauteuils ; fréquentation : 8,3 M. (72) : 121 000.
Santé. (71) : 3 158.
Éducation. (70). Prim. : 1 098 880. Sec. et techn. : 313 856. Sup. : 42 431.
Institutions. État indépendant le 4 octobre 1932. République proclamée le 14 juillet 1958. Constitution provisoire du 16 juillet 1970 (la quatrième depuis douze ans), amendée le 13 juillet 1973 ; un Conseil national (Parlement) ainsi qu'un Conseil des ministres sont créés aux côtés du Conseil de commandement de la révolution (CCR). Régime présidentiel. Président de la République et Premier ministre : Ahmed Hassan el-Bakr, qui succède au général Aref après le coup d'État du 17 juillet 1968.

La liquidation des Kurdes renforce le Baas

L'effondrement de la rébellion kurde en mars 1975, à la suite de l'entente réalisée entre Bagdad et Téhéran, marque un succès de taille pour le régime baasiste du général Bakr. La fin de la guerre, déclenchée tout juste un an plus tôt, permet de mettre un terme au malaise qui sévissait dans l'armée, tenue en échec par les maquisards du général Barzani, de réduire les dépenses militaires qui amputaient d'autant le budget de développement et, surtout, de consolider le parti Baas. Celui-ci accroît son autonomie vis-à-vis du parti communiste, son principal partenaire au sein de la coalition gouvernementale, ainsi que son indépendance face à l'URSS, dont les livraisons d'armement étaient indispensables à la poursuite de la lutte contre les autonomistes kurdes.

Rébellion

Les dirigeants de Bagdad se sont rendu compte que la rébellion du Nord ne pouvait être réduite par des moyens militaires. Certes, l'armée iraqienne a remporté quelques victoires. En août 1974, elle reconquiert des positions occupées par les guérilleros, en particulier les localités stratégiques de Qala Diza et Rawanduz. En octobre, elle brise une offensive lancée sur le mont Zozek. Mais le bilan des opérations demeure, dans l'ensemble, négatif. Équipés et armés par l'Iran, munis de pièces d'artillerie, de canons antichars, de batteries antiaériennes, ravitaillés en munitions, en essence et en vivres, les peshmerga (maquisards) du général Barzani – de redoutables guerriers, par ailleurs – tiennent en échec les forces du gouvernement central sur trois fronts. Ils parviennent à abattre deux avions en juillet, à saboter un oléoduc dans la région de Kirkouk en août, à incendier un puits dans le même secteur le mois d'après. En janvier 1975, ils prennent la ville d'Amadiya et refoulent les forces loyalistes dans plusieurs secteurs de la province de Dohuk, dans la vallée de Mossoul.