Toujours en mai, plusieurs décisions sont prises en vue d'assainir la situation intérieure. L'émir Fahd annonce qu'une assemblée législative sera désignée et que le pays sera divisé en plusieurs régions administratives bénéficiant d'une large autonomie. Un plan quinquennal, qui devait être mis en vigueur en juillet 1975, est conçu pour réduire la dépendance du royaume de ses revenus pétroliers. Son coût total est évalué par le ministre de la Planification à 185 milliards de dollars. Pour pallier la pénurie de main-d'œuvre, le roi Khaled libéralise l'octroi de visas et de permis de résidence aux travailleurs étrangers et exempte tous les non-Saoudiens de l'impôt sur le revenu. Déjà, le roi Fayçal avait promulgué, le 17 juillet 1974, le budget le plus important de l'histoire du royaume. En augmentation, par rapport à l'exercice précédent, de 430 % des recettes (30,7 milliards de dollars contre 7,1 milliards) et de 100 % des dépenses (14,3 milliards contre 7,1 milliards de dollars), plus de la moitié des crédits sont affectés aux projets de développement. Les recettes sont essentiellement d'origine pétrolière (95,5 %).

Pétrole

La production du brut en 1975 est en baisse par rapport à l'année précédente, mais l'augmentation du prix du brut permet de maintenir le niveau des revenus. Le gouvernement de Riad veut s'approprier les 40 % des parts restantes aux mains des compagnies qui constituent la société exploitante Aramco, et offre jusqu'à deux milliards de dollars pour leur rachat. Cependant, les négociations, engagées à l'automne de 1974, n'avaient pas encore abouti en juin 1975.

La volonté de nationalisation inquiète moins les dirigeants américains que les intentions saoudiennes à l'égard du contingentement de la production et de l'augmentation des prix du brut. Les déclarations, à ce sujet, des responsables saoudiens sont souvent contradictoires ou ambiguës, et laissent ainsi planer des équivoques qui sont interprétées comme du chantage implicite. Le roi Fayçal, pour sa part, avait lié le dossier pétrolier au contentieux israélo-arabe. Il avait laissé entendre à plus d'une reprise qu'il assurerait l'approvisionnement de l'Occident à des prix convenables si les États-Unis devaient exercer des pressions sur l'État juif. L'émir Fahd (comme le souverain défunt) laisse entendre qu'un nouvel embargo sur le pétrole pourrait être imposé si Jérusalem n'acceptait pas de restituer tous les territoires conquis en 1967. C'est probablement ces tentatives de pression qui conduisent Henry Kissinger, début janvier 1975, à déclarer que les États-Unis n'excluaient pas une intervention militaire pour empêcher que l'économie occidentale ne soit étranglée par les producteurs de pétrole.

Allié

Si les politiques américaine et saoudienne s'opposent sur ce point précis, elles demeurent convergentes dans la plupart des domaines. L'anticommunisme de Riad en fait un allié de grande valeur pour Washington. Les dirigeants saoudiens, en effet, s'opposent activement à toute pénétration soviétique, à tout mouvement révolutionnaire dans la péninsule arabe, au Yémen, à Oman, en Iraq, en Syrie. Par d'importants moyens financiers qu'ils mettent en œuvre, ils soutiennent (et peut-être contrôlent) une partie non négligeable des forces de la résistance palestinienne. L'alliance saoudo-américaine est fondée sur des intérêts complémentaires : Riad a besoin de la protection et de la technologie américaines ; Washington a besoin des appuis stratégiques et politiques de l'Arabie Saoudite. Relations paradoxales qui ont conduit le roi Fayçal, en février, à faire appel au concours d'un organisme américain, la Vinnell Corporation, pour l'entraînement des forces de sécurité chargées de défendre les champs pétrolifères...

La mort du roi Fayçal ne parait pas affecter le rayonnement saoudien dans le monde arabe. Au contraire, la diplomatie de Riad devient plus active, plus percutante. La visite officielle qu'effectue à Bagdad l'émir Fahd, du 9 au 12 juin 1975 (la première accomplie par un dirigeant wahabite en Iraq depuis le renversement de la monarchie en 1958), aboutit à une série d'accords, en particulier sur la convocation d'une conférence des chefs d'État du golfe. Les dirigeants saoudiens offrent leur médiation dans divers conflits, notamment dans ceux qui opposent l'Iraq à la Syrie, l'Iraq au Koweït, le sultan d'Oman aux rebelles du Dhofar. Riad consolide son influence en octroyant des prêts à divers pays.

Bahreïn

Manàma. 230 000. 347. 3,4 %.
Économie. Énerg. (*72) : 5 117.
Transports. (*72) : 13 200 + 4 900.
Information. (72) : *75 000. (70) : *13 000. (70) : 9 800 fauteuils ; fréquentation : 1,4 M. (72) : 15 000.
Santé. (71) : 102.
Éducation. (69). Prim. : 36 612. Sec. et techn. (70) : 13 620. Sup. : 310.
Institutions. État indépendant le 15 août 1971. Constitution du 6 décembre 1973. Chef de l'État et président du conseil d'État : cheikh Issa ben Salman el-Khalifa.

Bangladesh

Dacca. 71 610 000. 503.
Économie. Production : A (72) 96. Énerg. (*72) : 32.
Transports. (70) : 2 095 M pass./km, 1 022 M t/km. (*72) : 66 700 + 23 300.  : 61 000 tjb.
Information. (72) : 48 000.
Santé. (69) : 7 893.
Éducation. (69). Prim. : 4 994 309. Sec. et techn. : 1 299 004. Sup. (70) : 117 603.
Institutions. État indépendant le 16 décembre 1971. Constitution du 16 décembre 1972, amendée le 25 janvier 1975 instaurant un régime présidentiel à parti unique. Président de la République : cheikh Mujibur Rahman. Vice-président : Nazrul Islam. Premier ministre : Mansour Ali.

Anarchie

Le pays est au bord de la faillite trois ans après l'indépendance et vit dans l'anarchie : les assassinats politiques, le banditisme, la corruption sont monnaie courante. Déjà préoccupante, la situation économique est devenue catastrophique à la suite des pluies anormalement abondantes de la mousson de l'été 1974. Les deux tiers du pays sont inondés, plus d'un million de tonnes de récoltes sont détruites. Aux 800 morts officiellement dénombrés s'ajoutent 3 000 personnes victimes d'une épidémie de choléra. La famine empire (27 000 morts de septembre à novembre 1974, selon les chiffres des autorités). Le taux d'inflation a dépassé 100 % en un an. Le pays se trouve dans une dépendance totale vis-à-vis de l'aide internationale. Le gouvernement prévoit dans son budget annuel 800 millions de dollars d'aide extérieure, et demande plus de 2 millions de tonnes de céréales.