Les jeunes se rebiffent contre la défense nationale, contestent son utilité, font leur service militaire avec tant de mauvaise grâce que des incidents, petits mais nombreux, troublent partout la vie des casernes. Le Conseil fédéral croit juste de lâcher du lest, et se déclare favorable à une initiative en faveur de l'introduction du service civil. À l'opposé, des officiers lancent une pétition « pour une armée forte ». Un parti, l'Union démocratique du centre, dénonçant la subversion, demande un contrôle sévère du gouvernement sur la télévision.

Étrangers

La défense des valeurs traditionnelles est aussi l'apanage des deux partis nationalistes, les Républicains et l'Action nationale, qui exploitent ou expriment le malaise de beaucoup de Suisses devant la marée de la main-d'œuvre étrangère.

Entrées au Parlement fédéral en 1971, ces deux formations politiques s'installent dans plusieurs parlements cantonaux, et c'est souvent au parti socialiste qu'ils prennent des sièges.

Sous leur patronage, deux initiatives sont lancées : l'une demande – une fois de plus – qu'on limite sévèrement les effectifs des étrangers, et l'autre qu'on freine les naturalisations.

Entre-temps, de nouvelles négociations italo-suisses aboutissent à un accord dont l'effet principal est d'améliorer le statut des saisonniers.

L'affaire de Mattmark (99 ouvriers étrangers avaient trouvé la mort, en 1965, sur un chantier de haute montagne où s'était abattu un pan de glacier) parvient au stade judiciaire. Pouvait-on prévoir la catastrophe ? Non, décident les juges, et les responsables des travaux sont tous acquittés. Des journaux italiens hurlent leur indignation.

De son côté, le Parlement cantonal de Neuchâtel admet que les étrangers, au bénéfice d'un permis d'établissement, reçoivent le droit de vote.

Mais, à travers ces péripéties, la Suisse importatrice de main-d'œuvre, la Suisse industrielle, commerçante et prospère, cherche à tâtons comment préserver la douceur et la tranquillité de sa vie, comment détendre et conserver son propre visage. La protection de l'environnement devient un mot d'ordre presque obsessionnel. Dans le canton d'Argovie, les adversaires d'un barrage hydraulique menacent de faire dissoudre le Parlement. Le journaliste Franz Weber, défenseur des Baux-de-Provence, organise des comités contre la spéculation. Près de Berne, un projet d'aéroport international suscite de si violentes oppositions qu'il est abandonné. Une nouvelle loi fait de chaque citoyen le responsable de la qualité de l'eau.

Expansion ou restrictions ? L'atome devient le grand problème écologique de l'année. Les compagnies productrices d'électricité jettent l'alarme : le pays manquera d'énergie dès 1976... Néanmoins, les projets de centrales nucléaires se heurtent à la forte opposition des populations environnantes. Craignant pour l'avenir, la ville de Zurich décide de prendre une participation financière à la centrale française du Bugey. Renvoyer la balle dans un pays voisin ? Non, certes. Mais, dans l'angoisse du progrès, qui s'exprime si souvent de manière passéiste et chauvine, la Suisse, précisément, n'est plus un cas particulier.

Tchécoslovaquie

Prague. 14 500 000. 113. 0,5 %.
Économie. Production (70) : G 128 + I 154. Énerg. (*70) : 6 310.
Transports. (*70) : 17 298 M pass./km, 60 995 M t/km. (*70) : 825 800 + 198 600.  : 83 000 tjb. (*70) : 887 155 000 pass./km.
Information. (70) : 28 quotidiens ; tirage global : 3 641 000. (70) : 3 858 000. (70) : 3 091 000. (70) : 1 013 200 fauteuils ; fréquentation : 114,8 M. (70) : 2 003 000.
Santé. (69) : 28 842. Mté inf. (70) : 22.
Éducation. (69). Prim. : 2 002 053. Sec. et techn. : 390 057. Sup. : 133 524.
Institutions. État indépendant le 28 octobre 1918. République populaire en 1948. État fédéral depuis le 1er janvier 1969. Constitution de 1960, amendée le 20 décembre 1970. Président de la République : général Svobodal, réélu le 22 mars 1973. Premier secrétaire du Parti : Gustav Husak. Premier ministre : Lubomir Strougal.

Procès

La normalisation se poursuit. Les intellectuels sont particulièrement visés. Durant l'été 1972, en trois mois environ, les tribunaux infligent plus d'une centaine d'années de prison. La réprobation internationale et les violentes critiques de certains partis frères occidentaux créent un malaise parmi les dirigeants qui n'ont toujours pas réussi, quatre ans après l'intervention soviétique, à briser la combativité du bloc solidaire des intellectuels. En novembre, ils signent une pétition demandant au président Svoboda (réélu le 22 mars 1973) une amnistie générale. Le 25 avril 1973, le Parlement vote un renforcement du Code pénal. En revanche, le secteur économique s'améliore depuis deux ans, ainsi que le niveau de vie.

URSS

Moscou. 245 070 000. 11. 1,1 %.
Économie. Production : G (67) 138 + I (70) 175. Énerg. (*70) : 4 445.
Transports. (*70) : 265 406 M pass./km, 2 494 721 M t/km.  : 16 194 000 tjb. (*70) : 78 500 000 000 pass./km.
Information. (70) : 639 quotidiens ; tirage global : 81 633 000. (70) : 94 600 000. (70) : 34 800 000. (70). Fréquentation : 4 651,8 M. (70) : 11 000 000.
Santé. (69) : 555 400. Mté inf. (70) : 24.
Éducation. (69). Prim. : 40 483 000. Sec. et techn. : 8 857 700. Sup. : 4 549 600.
Institutions. Fédération de républiques socialistes. Constitution de 1936. Président du présidium : Nicolaï Podgorny ; succède à Anastase Mikoyan. Président du Conseil : Alexeï Kossyguine. Premier secrétaire du Parti : Leonide Brejnev.

L'ère des rencontres au sommet

En un peu plus d'un an, Leonide Brejnev rencontre à deux reprises Richard Nixon, Willy Brandt et Georges Pompidou. Washington, Bonn et Paris – trois axes prioritaires de la politique étrangère du Kremlin. Washington : les perspectives d'un décollage économique de l'Union soviétique ; Bonn : la consécration du statu quo et des conséquences de la Seconde Guerre mondiale ; Paris : le centre nerveux d'une Europe encore en gestation, le laboratoire d'essais de la détente, de l'entente et de la coopération.