Seul domaine relativement sain : l'agriculture. Après la suppression des livraisons obligatoires à l'État, le gouvernement poursuit sa politique d'apaisement et d'aide à l'agriculture. Dernier geste de bonne volonté : l'octroi de sursis militaires pour les jeunes paysans.

Simultanément, une certaine agitation ouvrière persiste. Le Congrès des syndicats (13-15 novembre 1972) en laisse apparaître quelques échos. Ce qui se traduit par un changement de ton de la part des dirigeants du parti. Les syndicats sont appelés à défendre les intérêts des travailleurs. Ils restent cependant avant tout une courroie de transmission.

Sur le plan purement politique, après avoir définitivement écarté les derniers amis de Gomulka, puis l'encombrant Moczar et ses partisans, Gierek ne rencontre plus d'opposition constituée au sein du parti. Certains courants divergents continuent toutefois de se manifester, en marge du POPU.

Après l'organisation clandestine Ruch, il semble que ce soit le parti communiste polonais (KPP) maoïste, d'inspiration albanaise, qui soit le plus remuant.

Les relations entre le pouvoir et les intellectuels, sans être au beau fixe, sont dépourvues de toute tension particulière. Les écrivains contestataires (Slonimski, Andrzejewski, Brandys) sont tolérés, mais une partie de la presse continue de les attaquer, sous prétexte de vigilance idéologique.

En revanche, les rapports avec l'Église, qui avaient connu une amélioration spectaculaire, recommencent à se détériorer. L'épiscopat exige la construction de 1 000 églises et s'oppose fortement à toute réforme de l'enseignement.

Rendez-nous la censure

Au début de l'année, les dirigeants du POPU décident de tenter une expérience de libéralisation de la presse. Dès le mois de mars 1973, deux organes de presse du parti : Trybuna Ludu (quotidien) et Polityka (hebdomadaire), sont libérés de la censure préalable. Les rédacteurs en chef deviennent responsables du contenu de leurs publications. Début avril, les autorités laissent entendre que cette mesure sera étendue à d'autres journaux. Fin mai l'expérience est compromise. Les journalistes demandent le rétablissement de la censure préalable. L'autocensure s'est révélée si forte que les articles, auparavant critiques, notamment dans Polityka, sont devenus insipides.

Renouveau

Sur le plan extérieur, la Pologne connaît une année faste.

Visite de Gierek en France (2-6 octobre 1972), nombreux voyages de ministres polonais à l'étranger, visites de chefs d'État en Pologne (Tito, le chah d'Iran), échanges de délégations gouvernementales avec les pays socialistes, désignation, enfin, d'un Polonais à la présidence de la 27e Assemblée générale des Nations unies, autant de signes d'un renouveau après l'éclipsé relative des années 1968-1972.

Les deux points essentiels restent toutefois la normalisation définitive des relations avec Bonn (échange d'ambassadeurs en octobre 1972) et la relance de la coopération avec la France. La visite de Gierek à Paris, première sortie officielle du premier secrétaire du parti dans un pays occidental, se traduit par la signature d'une « déclaration sur l'amitié et la coopération » et d'un important accord économique (d'un montant de 1,5 milliard de francs) ; Berliet est chargé de construire une usine d'autobus en Pologne. Les premiers autobus, montés sur place, font leur apparition dans les rues de Varsovie.

D'une manière générale, la Pologne s'efforce de diversifier son commerce extérieur. Ceci est particulièrement apparent pour l'approvisionnement en pétrole. Varsovie signe des accords avec la BP puis avec l'Iran.

Portugal

Lisbonne. 9 630 000. 105. 0,9 %.
Économie. PNB (70) 653. Production (70) : G 153 + A *101 + I 172. Énerg. (*70) : 687. C.E. (70) : 15 %.
Transports. (*70) : 3 546 M pass./km, 776 M t/km. (*70) : 581 000 + 87 100.  : 926 000 tjb. (*70) : 2 455 089 000 pass./km.
Information. (67) : 29 quotidiens ; tirage global : 674 000. (69) : 1 406 000. (70) : 368 000. (69) : 275 200 fauteuils ; fréquentation : 26,4 M. (70) : 750 000.
Santé. (70) : 8 156. Mté inf. (70) : 58.
Éducation. (68). Prim. : 961 546. Sec. et techn. : 378 277. Sup. : 42 560.
Institutions. République ; État corporatif, adopté par référendum le 19 mars 1933. Président de la République : Américo Thomaz, réélu le 25 juillet 1972. Premier ministre : Marcello Caetano.

Guérilla

Depuis douze ans, le Portugal traîne ce boulet de forçat que sont les guerres coloniales. Elles absorbent 42 % de son budget et aucune solution n'est en vue. Ce n'est pas l'assassinat d'Amilcar Cabral, fondateur du Parti républicain pour l'indépendance de la Guinée-Bissau et les îles du Cap-Vert (PAIGC) qui est de nature à calmer les passions. Pas plus que la recrudescence de la guérilla en Angola – à la suite de l'unification des mouvements nationalistes – ou le renforcement des pouvoirs de la police au Mozambique.