La réforme économique, ou plutôt son application, fait l'objet d'une session spéciale du Comité central du parti socialiste ouvrier hongrois, en novembre 1972.

Depuis un certain temps, cette réforme constitue une source de friction entre Budapest et Moscou, qui redoute que d'autres pays ne suivent l'exemple hongrois (ainsi, peu après son arrivée au pouvoir à Varsovie, Edward Gierek a envoyé plusieurs de ses collaborateurs en Hongrie pour s'inspirer de la réforme qui semblait avoir si bien réussi à Janos Kadar). Il semble toutefois que Kadar ait réussi à convaincre Leonide Brejnev (en visite officielle à Budapest à la fin de 1972) que sa réforme n'est pas destinée à l'exportation. Ce qui se traduit par une détente apparente sur le plan des relations économiques entre les deux pays. Pour l'instant, Moscou refuse de prendre des engagements précis à long terme.

Paradoxalement, c'est en Hongrie même que la réforme soulève le plus de controverses. Si, dans l'ensemble, la population a pu en apprécier les conséquences bénéfiques (le niveau de vie des Hongrois reste très au-dessus de la moyenne est-européenne), certains responsables s'inquiètent de ses effets néfastes : accroissement des inégalités et essoufflement du dynamisme des entreprises. Les correctifs apportés à la réforme économique, et notamment le renforcement de la planification centralisée, se traduisent par une certaine limitation de l'autonomie des entreprises.

Avertissement

Quant aux libertés, deux événements, de portée limitée il est vrai, montrent que les dirigeants de Budapest doivent tenir compte de certaines règles propres à l'ensemble du camp socialiste. En mai 1973, trois chercheurs, l'ancien directeur de l'Institut de sociologie et deux jeunes philosophes, élèves de Georges Lukacs, sont exclus du parti.

On leur reproche leurs conceptions (« un mélange d'opinions révisionnistes droitières et gauchistes »), inconciliables avec la ligne du parti. En mai également, le jeune écrivain Miklos Haraszti est arrêté pour avoir tenté de faire sortir de Hongrie un manuscrit jugé subversif par la censure. Il est relâché peu de temps après, mais les milieux intellectuels de Budapest voient dans cette affaire un avertissement à peine voilé.

Irlande

Dublin. 2 970 000. 43. 0,5 %.
Économie. PNB (70) 1 292. Production : G (69) 128 + A (*70) 113 + I (70) 152. Énerg. (*70) : 2 993. C.E. (70) : 28 %.
Transports. (*70) : 582 M pass./km, 474 M t/km. (*70) : 393 500 + 52 800.  : 174 000 tjb. (*70) : 1 776 535 000 pass./km.
Information. (70) : 7 quotidiens ; tirage global : 686 000. (70) : 630 000. (70) : 506 000. (61) : 146 000 fauteuils ; fréquentation : 38 M. (70) : 307 000.
Santé. (66) : 3 011. Mté inf. (70) : 19.
Éducation. (68). Prim. : 521 546. Sec. et techn. : 185 216. Sup. : 25 660.
Institutions. État indépendant depuis 1921. Constitution de 1937 amendée le 7 décembre 1972. République proclamée le 18 avril 1949. Président de la République : Erskine Childers, élu le 30 mai 1973, succède à E. De Volera. Premier ministre : Liam Cosgrave.

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L'élection d'un nouveau président, un changement de majorité et l'avènement du troisième gouvernement de coalition marquent l'année 1973. Les représentants du Fine Gael, le vieux parti libéral qui fut, jadis, partisan du traité de partage de l'Irlande avec la Grande-Bretagne, remportent, avec leurs alliés travaillistes, les élections générales anticipées, imprudemment convoquées seize mois avant leur date normale par le Premier ministre, Jack Lynch, dans le but d'élargir l'étroite majorité de son parti, le Fianna Fail.

C'est la troisième fois seulement en quarante ans que le Fianna Fail – le parti du vieux chef historique De Valera – perd les élections. Les deux épisodes précédents n'ont duré chacun que trois ans, en 1948 et en 1954. Mais cette fois il semble que le choix des électeurs ait été dicté plus par un désir de changer d'hommes – sinon de politique – que par les vieilles querelles datant de la guerre civile de 1922.