Au Portugal même, les attentats se multiplient et l'agitation dans les universités provoque la fermeture de plusieurs d'entre elles à Lisbonne après la mort, le 12 octobre 1972, d'un étudiant à la suite de heurts avec la police.

La tendance libérale qui s'était manifestée à plusieurs reprises semble stoppée au sein du gouvernement. Par 616 voix contre 29 et 24 abstentions, l'amiral Americo Thomaz est réélu, le 25 juillet 1972, à la présidence de la République. Il désigne comme Premier ministre Marcello Caetano, qui lui avait présenté la démission de son gouvernement. Deux libéraux – le ministre de l'Industrie et le secrétaire d'État au Commerce –, partisans d'une économie ouverte adaptée aux normes de l'Europe communautaire sont exclus de l'équipe dirigeante.

Le Portugal signe le 22 juillet 1972 un accord avec la Communauté économique européenne. Mais, en fait, de plus en plus de Portugais en sont conscients, c'est en Afrique australe que se joue l'avenir du pays. À la fin mars, des élections aux Assemblées législatives ont lieu dans l'ensemble des provinces d'outre-mer. Elles marquent une première étape vers l'évolution politique de ces pays et permettent à Lisbonne de prouver qu'en dépit de la guérilla une vie politique normale existe dans l'ensemble ces territoires.

Roumanie

Bucarest. 20 470 000. 85. 1,1 %.
Économie. Production : G (69) 166 + I (70) 229. Énerg. (*70) : 2 808.
Transports. (*70) : 17 793 M pass./km, 48 045 M t/km. (*70) : 45 100.  : 364 000 tjb. (*70) : 353 641 000 pass./km.
Information. (70) : 55 quotidiens ; tirage global : 3 422 000. (70) : 3 075 000. (70) : 1 484 000. (70) : 218 000 fauteuils ; fréquentation : 198,8 M. (70) : 639 000.
Santé. (68) : 27 806. Mté inf. (70) : 49.
Éducation. (69). Prim. : 2 886 855. Sec. et techn. : 650 482. Sup. : 151 705.
Institutions. République socialiste, proclamée le 30 décembre 1947. Constitution de 1965. Chef de l'État (président du Conseil d'État) et secrétaire général du Parti Nicolae Ceausescu. Président du Conseil : Ion Gheorghe Maurer.

Culte

Nicolae Ceausescu apparaît plus que jamais comme le leader incontesté – et solitaire – du parti et de l'État après les remaniements du gouvernement (avril 1972) puis du parti (juin 1973).

Mieux, à l'occasion du plénum du Comité central du parti communiste roumain (18-19 juin 1973), la femme du secrétaire général fait son entrée au Comité exécutif du parti.

En fait, cette décision renforce l'impression qui prévaut à Bucarest : Nicolae Ceausescu cède de plus en plus au culte de la personnalité. La presse roumaine en fournit un exemple frappant lors de son anniversaire (fin janvier) : « Chef bien-aimé, leader infaillible et grand homme d'État ». À cette occasion, d'ailleurs, la mise en pages des quotidiens est révélatrice. Les télégrammes de félicitations sont présentés dans l'ordre des préférences (véritables ou simulées) de Bucarest : pays occidentaux et tiers monde, avant, par exemple, l'URSS.

Sur le plan intérieur, le parti roumain poursuit sa reprise en main. L'éducation, la culture et l'information semblent les plus concernées par ce qui avait paru, en 1971, comme une sorte de révolution culturelle.

L'économie roumaine, malgré des efforts, connaît toujours, apparemment en 1972 les mêmes difficultés. En dépit d'une augmentation officielle de 7 % de la production nationale, la croissance reste limitée et la Roumanie reste à l'avant-dernière place du camp socialiste, devant la Bulgarie.

Les tentatives d'ouverture économique vers l'Occident (États-Unis, Allemagne fédérale, France) n'ont pas donné les résultats escomptés. Sans renoncer, bien au contraire, à sa politique étrangère indépendante, Bucarest est amené à faire quelques concessions à Moscou, qu'il s'agisse de l'alliance militaire (participation à des manœuvres d'état-major) ou de l'intégration économique au sein du Comecon. Mais, aussitôt, la Roumanie s'empresse de manifester sa volonté d'indépendance.

Les négociations préparatoires sur la Conférence européenne de sécurité et de coopération (Helsinki) ou sur la réduction équilibrée et mutuelle des forces armées (Vienne) fournissent aux représentants de Bucarest une précieuse tribune. Ils l'utilisent largement, comme d'ailleurs l'Organisation des Nations unies et ses nombreuses agences.