De la construction d’accélérateurs de plus en plus puissants à la découverte des quarks, de la révolution des supraconducteurs à la production d’atomes d’antimatière, les recherches en physique avancent sans cesse.
Journal de l'année Édition 1967
Physique À Serpoukhov, au sud de Moscou, les Soviétiques achèvent la construction d'un synchrotron qui viendra en tête de tous les accélérateurs circulaires, avec 70 milliards d'électron-volts, ou 70 giga-électron-volts, en abrégé 70 GeV. Son équipement comprend une chambre à bulles française, dont on termine le montage à Saclay, et qui sera elle aussi la plus grande en son genre.
Journal de l'année Édition 1968
Physique La physique fondamentale réclame des accélérateurs toujours plus puissants. Chaque étape déjà franchie, dans le domaine des hautes énergies, a permis de découvrir des phénomènes nouveaux. Depuis quelques années, la moisson s'est ralentie, comme si les possibilités des appareils existants avaient été épuisées — ce qui n'est tout de même pas entièrement vrai. Mais la demande des physiciens a poussé l'URSS à construire à Serpoukhov un accélérateur de 70 GeV (milliards d'électrons-volts). Les Américains préparent un accélérateur de 200 GeV, qui sera prêt d'ici six ans.
Journal de l'année Édition 1969
Physique La 14e Conférence internationale sur la physique des hautes énergies, qui s'est tenue à Vienne du 28 août au 5 septembre 1968, n'a pas enregistré de communications à caractère sensationnel (comme ce fut le cas des deux précédentes conférences). Mais elle a confronté les résultats — parfois contradictoires — des expériences les plus récentes et examiné les modèles mathématiques proposés tant pour décrire les phénomènes observés que pour prévoir ceux qui pourront l'être à l'avenir.
Journal de l'année Édition 1970
Physique De toutes les conférences internationales sur les rayons cosmiques, la 11e, tenue à Budapest en septembre 1969, fera peut-être date. Un groupe australien, dirigé par le professeur Charles Mc Custer, annonça avoir détecté un membre d'une famille de six particules que les physiciens recherchent activement depuis plusieurs années : les quarks. Ce seraient les constituants les plus ultimes de la matière, sortes de minibriques avec lesquelles se bâtirait l'Univers.
Journal de l'année Édition 1971
Physique Le CERN, l'organisation européenne de recherche nucléaire, a remporté à quelques semaines de distance deux succès considérables : les anneaux de collision de protons, dont la construction avait été entreprise il y a cinq ans, sont entrés en fonctionnement ; la décision de construire un accélérateur de particules de 200-400 GeV (milliards d'électrons-volts), plusieurs fois ajournée et victime de tant de vicissitudes qu'on pouvait redouter l'abandon du projet, a enfin été adoptée. L'Europe est ainsi en passe de retrouver la première place dans les recherches sur la structure fondamentale de la matière.
Journal de l'année Édition 1972
Journal de l'année Édition 1973
Physique Inaugurés en juillet 1971 (Journal de l'année 1971-1972), les anneaux de stockage à intersections (ISR) de l'Organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) n'ont pas tardé à apporter des surprises aux physiciens, en les conduisant à réviser leurs idées sur les dimensions du proton et sur certaines particularités de l'antimatière.
Journal de l'année Édition 1974
Physique La chambre à bulles Gargamelle a permis aux chercheurs du Centre européen de recherche nucléaire (CERN) de Genève de réaliser, au cours de l'été 1973, une série d'expériences qui pourraient apporter en physique une transformation aussi radicale que le fut, au siècle dernier, la découverte des lois de l'électromagnétisme.
Journal de l'année Édition 1976
Physique La révolution amorcée en physique fondamentale depuis la découverte de nouvelles particules lourdes baptisées psi (Journal de l'année 1974-75) a tenu ses promesses. Une moisson de résultats expérimentaux s'accumule dans les grands laboratoires. Un grand effort de renouvellement théorique est en cours. C'est dans la fièvre que les spécialistes attendent la mise en service d'accélérateurs de plus en plus puissants, qui mettront à l'épreuve leurs dernières hypothèses.
Journal de l'année Édition 1977
Physique L'existence d'une nouvelle caractéristique quantique, baptisée charme, a été confirmée, depuis la fin de l'année 1974, par la découverte d'une série d'interactions dont l'explication la plus simple est que certaines des particules impliquées dans ces interactions sont constituées de quarks charmés. (Journal de l'année 1975-76). Mais, jusqu'au début de 1976, ces particules, d'une durée de vie très brève, n'étaient repérables que par les produits de leurs désintégrations.
Journal de l'année Édition 1979
Journal de l'année Édition 1981
Physique fondamentale Après être parvenus à rassembler l'interaction électromagnétique et l'interaction faible — désormais groupées en une seule, dite électrofaible (Journal de l'année 1978-79 et 1979-80.) —, les physiciens poursuivent dans un climat de vive effervescence leur entreprise de simplification des interactions (ou forces) fondamentales de la nature.
Journal de l'année 1er juillet - 31 décembre 1982
Physique La conférence internationale de physique des hautes énergies — ou conférence de Rochester —, qui se réunit traditionnellement tous les deux ans, s'est tenue en 1982 à Paris (26-31 juillet), rassemblant 1 200 participants. Le bilan des expériences menées dans plusieurs laboratoires confirme la validité de la théorie électrofaible, qui unifie deux des forces fondamentales de la nature.
Journal de l'année Édition 1984
Physique En contraste avec d'autres institutions européennes, le CERN (Conseil européen pour la recherche nucléaire), avec son laboratoire européen pour la physique des particules, continue à faire preuve de vitalité. Il la doit à des statuts qui le préservent de l'âpre concurrence d'intérêts industriels dont les effets négatifs apparaissent dans d'autres organismes internationaux, ainsi qu'à la fermeté avec laquelle il sait obtenir des gouvernements, en dépit de la conjoncture économique, les crédits exigés par une recherche fondamentale dont on n'attend pourtant guère d'applications pratiques.
Journal de l'année Édition 1985
Physique Depuis plus de trente ans, des chercheurs tentent de contrôler la fusion thermonucléaire, source potentielle d'une énergie pratiquement infinie. Ces efforts n'ont toujours pas permis de prouver qu'une production d'énergie soit techniquement possible, et aucun espoir sérieux n'existe de lui voir jouer un rôle économique avant 2020. Pourtant, les recherches continuent, avec des moyens importants qui ont exigé, pour les pays d'Europe, une mise en commun de leurs ressources.
Journal de l'année Édition 1987
Physique Manipuler la matière, cela n'a plus guère de secrets pour le physicien. Les ions, les protons, les électrons, voire l'antimatière, sont couramment utilisés dans les laboratoires et se prêtent volontiers à toutes les expériences. Il ne s'agit pourtant là que de matière chargée. Pourquoi est-il si difficile de manipuler la matière « ordinaire », c'est-à-dire électriquement neutre : les atomes ? D'abord, parce que les atomes libres sont toujours en mouvement désordonné ; ensuite, parce qu'ils sont presque insensibles aux champs électriques et magnétiques qui agissent sur la matière chargée. Parvenir à immobiliser des atomes libres semblait donc une gageure, jusqu'à ce que trois expériences, menées aux États-Unis et en France, en démontrent la possibilité.
Journal de l'année Édition 1988
Physique Une découverte comme il y en a deux ou trois par siècle... Le matériau mis au point en mars 1987 près de Zurich, aux laboratoires IBM, est tout simplement révolutionnaire. Cette céramique noirâtre, un oxyde de cuivre dopé au baryum et à l'yttrium (YBaCuO pour les chimistes), devrait, selon les experts, bouleverser notre vie quotidienne. Ils entrevoient la possibilité de stocker l'énergie électrique, d'alimenter une ville entière avec quelques câbles souterrains, de faire aboutir les recherches sur l'énergie de demain, la fusion thermonucléaire, de propulser à 400 km/h des trains à lévitation magnétique... et la liste est loin d'être close.
Journal de l'année Édition 1989
Physique L'Arsène Lupin des particules élémentaires, le passe-muraille de la physique moderne, la particule fantôme..., le neutrino est tout cela, et plus encore. Il n'a pas de charge, une masse nulle ou très faible et traverse une planète comme la Terre sans rencontrer le moindre obstacle. Pour avoir une chance sur deux d'arrêter cet étonnant constituant de la matière, il faudrait une épaisseur d'acier de 100 millions de kilomètres.
Journal de l'année Édition 1990
Physique En septembre 1989, au moment précis où les astronomes annonçaient la découverte du plus lointain quasar connu, les physiciens de l'infiniment petit faisaient un pas supplémentaire... dans la même direction : la compréhension des phénomènes physiques qui ont, à partir du big bang originel dont la réalité est aujourd'hui bien établie, mené à la création des diverses particules élémentaires, quarks (constituants des neutrons et des protons), électrons et autres neutrinos qui constituent, en dernière analyse, les galaxies, les planètes et les êtres vivants.
Journal de l'année Édition 1991
Physique Peut-on classer les théories physiques d'un point de vue esthétique ? Dans The Emperor's New Mind (Oxford University Press, 1989), le célèbre physicien et mathématicien britannique Roger Penrose propose trois catégories : superbe, utile, et hasardeux... Selon lui, nombre de théories récentes (supersymétrie, grande unification, etc.) se rangent dans la troisième catégorie. Celle du big-bang est jugée utile, sans plus. Une seule théorie – qui ne date pas d'hier – est assez élégante et précise pour être qualifiée de superbe : la relativité générale.
Journal de l'année Édition 1997
Physique : le retour de l'antimatière Le 4 janvier 1996, le grand physicien anglais Paul Adrien Maurice Dirac (1902-1984) a dû se retourner dans sa tombe. Ce jour-là, une équipe du Laboratoire européen de physique des particules, à Genève, annonçait avoir produit, lors d'une expérience qui avait duré une quinzaine d'heures, neuf atomes d'antimatière – précisément, des antiatomes d'hydrogène qui ont, avant de s'annihiler, donné dans les détecteurs une signature caractéristique. Cette fugitive antimatière, dont l'existence est assurée depuis une soixantaine d'années, le théoricien Dirac l'a le premier trouvée sur le papier. Sans aucun autre appareillage qu'une équation décrivant la plus élémentaire des particules élémentaires : l'électron. Or cette équation admettait deux types de solutions. L'une d'elles ressemblait trait pour trait à l'électron ; l'autre décrivait une particule de même masse, mais de charge électrique opposée : l'antiélectron, ou « positon », venait de faire son entrée sur la scène de la physique, et les auteurs de science-fiction s'en emparèrent aussitôt pour façonner de mystérieux antimondes peuplés d'antiandroïdes.