Pendant le retour du bateau qui ramenait de terre Adélie le personnel de la campagne d'été 1971-72, de l'hivernage 1971 et celui du raid glaciologique, un hélicoptère français est allé poser une balise émettrice sur un gros iceberg dérivant par 65°17′ sud et 139°01′ est environ. Interrogée par le satellite Éole, cette balise donne des renseignements sur la dérive de cet iceberg et, donc, sur les courants marins de la région. Les Américains ont, pour 1974, un programme analogue qui intéresse les icebergs de la mer de Weddell.

La matière

Physique

La chasse aux éléments superlourds

Des chercheurs américains ont découvert du plutonium dans un minerai naturel.

On pensait jusqu'ici que le plutonium était absent de la nature terrestre. Dans la classification périodique des éléments — le célèbre tableau de Mendeleïev —, la dernière case est occupée par l'uranium, dont le noyau contient 92 protons. C'est en bombardant de la matière avec des particules à haute énergie produites dans les réacteurs nucléaires ou les accélérateurs qu'on a fabriqué les premiers éléments transuraniens : le neptunium, dont le nombre atomique est 93, et le plutonium, 94.

Par la suite, on a produit de très petites quantités de transuraniens de plus en plus lourds, jusqu'aux éléments 103, 104 et 105, ces deux derniers ayant été identifiés à Doubna. En 1971, des physiciens britanniques ont annoncé qu'ils avaient obtenu avec l'accélérateur du CERN des traces de l'élément 112, mais ils semblent s'être trompés.

Îlots de stabilité

Cependant, la chasse aux éléments superlourds est de plus en plus active dans de nombreux laboratoires, notamment à Doubna (URSS), à Berkeley (États-Unis) et à Orsay (France).

Les premiers transuraniens ne vivent qu'une fraction de seconde et se désintègrent en noyaux plus légers. Aussi a-t-on d'abord supposé que l'instabilité des noyaux irait en augmentant avec leur poids, ce qui expliquerait que les éléments superlourds ayant pu exister à l'origine de la Galaxie aient disparu depuis longtemps. Mais la théorie a évolué : les calculs récents donnent à penser que des noyaux beaucoup moins éphémères pourraient exister vers les nombres atomiques 112 à 120, et même bien plus loin.

La recherche de ces îlots de stabilité se poursuit dans deux voies. D'une part, on cherche à produire artificiellement d'autres transuraniens ; d'autre part, on tente de déceler ceux dont il subsisterait des traces, soit dans la nature terrestre, soit dans le cosmos.

La découverte relativement récente de plutonium dans les roches du Nouveau-Mexique, par l'équipe de Seaborg, est hautement encourageante.

L'origine de l'Univers

Des physiciens soviétiques croient avoir décelé l'élément 114 dans des verres contenant du plomb. Cet élément serait, selon la terminologie de Mendeleïev un éka-plomb, c'est-à-dire que sa place dans le tableau périodique lui assigne des propriétés chimiques parentes de ce les du plomb. Enfin, le Britannique Fowles pense avoir identifié des éclats de désintégration des éléments 108 à 110 dans le rayonnement cosmique. Selon certains, les pulsars, dont on ignore encore la nature physique, contiendraient dans leurs profondeurs des noyaux allant de 114 à 126 et de 150 à 190. Ainsi les recherches sur les éléments superlourds pourraient alimenter les hypothèses en cours sur l'origine de notre Univers.

Hautes énergies : records battus à Genève et à Batavia

Les anneaux de stockage à intersections (ISR) du CERN, entrés en cours d'essais en janvier 1971 (Journal de l'année 1970-71), ont été officiellement inaugurés en juillet de la même année. La cérémonie, dans une salle souterraine située en territoire français, à quelques centaines de mètres de la frontière suisse, a marqué un véritable triomphe de la physique européenne des hautes énergies. Les ISR ont été achevés avant la date prévue, et les crédits n'ont pas été dépassés.

Dans cette installation unique au monde, les faisceaux de protons lancés frontalement en collision engendrent les mêmes réactions qu'on obtiendrait, sur cible fixe, avec un accélérateur cinquante fois plus puissant que le synchrotron à protons de 28 GeV du CERN.